Raphaël Lucas, compositeur en résidence

Sur l’invitation de Michel WOLKOWITSKY, directeur général du Centre Culturel de Rencontre de l’abbaye de Sylvanès, le jeune compositeur Raphaël LUCAS effectuera une résidence de création artistique pendant deux ans à l’abbaye et participera à 3 festivals consécutifs.

Élève en percussions et en harmonie / contrepoint au CRR de Montpellier de 2001 à 2006, il s’est formé à la composition aux États-Unis, à la State University of New York collège de Purchase où il obtient un Bachelor of Music en 2009 et un Master of Music en 2012. Il étudie également à la Manhattan School of Music à New York (Master 1) sous la direction de Nils Vigeland, un élève du compositeur américain Morton Feldman. Cette année, deux de ses compositions, dont une création mondiale, commande de l’abbaye de Sylvanès, seront proposées dans le cadre du 42ème festival des musiques sacrées / musiques du monde pour le concert du Jeune Chœur de l’abbaye de Sylvanès, « l’Europe Mystique » Polyphonies sacrées des 17ème et 18ème siècles.

Le concert aura lieu samedi 17 août à 21h en l’Abbatiale de Sylvanès.

Partons à la rencontre du jeune compositeur.

Comment avez-vous connu l’Abbaye de Sylvanès ?

La première fois que je me suis rendu à l’Abbaye de Sylvanès, c’est en tant que percussionniste, au début des années 2000 avec l’Orchestre Contrepoint. Mais j’ai fait la connaissance de Michel WOLKOWITSKY en 2013 lors de la Saison Musicale de Saint-Guilhem-le-Désert, qu’il dirige et où une de mes œuvres a été jouée par l’Ensemble Orchestral de Montpellier sous la direction de Dorota ANDERSZEWSKA. Après quelques années passées à New York puis à Paris, je me suis installé en sud-Aveyron en octobre dernier. A la faveur de cette installation, j’ai repris contact avec Michel WOLKOWITSKY et c’est à ce moment que j’ai vraiment pu découvrir l’abbaye de Sylvanès.

 

Pourquoi avoir choisi l’Abbaye de Sylvanès comme résidence artistique ?

Dès mon installation dans la région je me suis rendu régulièrement à l’abbaye de Sylvanès. Nous avons eu de nombreux échanges avec Michel WOLKOWITSKY sur des sujets aussi variés que la littérature, le cinéma, la spiritualité, une passion commune pour la culture russe, etc. Le projet d’une résidence de création en composition a émergé de ces conversations et d’un désir commun de créer de la musique pour l’abbaye de Sylvanès. La dimension spirituelle, l’histoire et la richesse culturelle de l’Abbaye de Sylvanès en font un lieu parfaitement adapté à une résidence de création en composition. De plus, le Centre Culturel de Rencontre de l’abbaye de Sylvanès est une institution à taille humaine, chaleureuse, où l’atmosphère est propice aux échanges et à la créativité, avec une équipe administrative et technique disponible et passionnée. C’est aussi un cadre de travail idéal par les possibilités extraordinaires d’expérimentation qu’il offre, que ce soit avec le grand orgue, l’acoustique de l’abbatiale, la bibliothèque, l’immersion dans la nature, etc.

 

Comment ce lieu va influer sur votre création artistique ?

A l’origine, l’Abbaye de Sylvanès est un lieu de silence et de prière, niché dans une nature elle-même silencieuse et profonde. Être ici invite au recueillement, à la contemplation et à l’écoute de ce silence, à l’observation de toute une palette de nuances sensorielles, des sons de l’abbaye, des variations de lumière du paysage, etc. C’est un lieu qui inspire aussi une sorte de sobriété imposante. Je pense que c’est cet aspect qui va le plus influer sur ma façon d’aborder la composition.

Par ailleurs, le fait que le Centre Culturel de Rencontre soutienne ma création et porte les projets que je vais y réaliser dans le cadre de cette résidence d’artiste aura une influence fondamentale dans ma démarche, m’apportant la sérénité, l’ancrage et la confiance indispensable à toute pratique créative dans le monde actuel.

 

Comment vos œuvres qui seront interprétées ce samedi, vont-elles s’inscrire dans un programme de polyphonies des 17ème et 18ème siècles ?

Environ 8 ans séparent la composition des deux pièces qui vont être jouées. Nativity, composée en 2011 sur commande de la paroisse de Saint-Jean l’Évangéliste à Boston, est une mise en musique d’un texte extrait de la Corona, du poète mystique anglais John Donne, à la charnière des 16ème et 17ème siècles. Par son texte, cette pièce s’inscrit donc parfaitement dans ce programme, bien que son écriture musicale se situe plus de côté des compositeurs français de la première moitié du 20ème siècle.

L’autre pièce, Hymne est une commande de l’abbaye de Sylvanès, composée à la fin du printemps cette année. C’est la première œuvre que je compose dans le cadre de la résidence de création artistique. J’ai par ailleurs œuvré à sa composition sur les lieux même de l’abbaye de Sylvanès. Pour cette pièce, écrite pour 8 voix a capella, j’ai travaillé sur un superbe texte de l’auteur français Mathias Énard, extrait de son roman Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants. Il y évoque un épisode de la vie de Michel-Ange. Pour cette pièce, j’ai mis en œuvre une pensée inspirée entre autre par l’acoustique de l’abbatiale de Sylvanès. J’ai travailler sur une écriture contemporaine qui serait une dérivation de la façon de penser la polyphonie à la renaissance.