Emmanuel Bardon, un enfant de Sylvanès

Installé à Saint-Étienne, le directeur musical de Canticum Novum est attaché à l’Aveyron et en particulier à Sylvanès. Venu en septembre 2020 avec son ensemble enregistrer leur dernier album, il sera de retour en 2021 avec plusieurs projets artistiques.

Comment as-tu découvert Sylvanès ?
J’ai découvert l’abbaye par l’intermédiaire de mes parents à l’âge de 4 ans car papa (le violoncelliste Marcel Bardon) faisait partie des musiciens qui ont participé aux premières rencontres musicales en 1976. Après, tous les ans, nous sommes venus régulièrement à Pâques, à Noël et passer nos vacances d’été en famille dans ce lieu merveilleux.

Un de tes premiers souvenirs à l’abbaye ?
Ils sont nombreux ! Ce ne sont que des souvenirs heureux de mon enfance, des belles images, des moments joyeux de complicité et d’amitié avec André qui nous racontait des histoires entouré de la chienne Mayouchka, le corbeau Adémar et la chèvre de Blanche… On avait l’impression d’être libres, on pouvait vadrouiller, explorer; on s’était fait un coin cabane sur la galerie au dessus de la porte du cloître, on piquait quelques restes de cierges, on y grimpait et, depuis notre repaire, on observait les adultes dans l’abbatiale !

Peut-on dire que tu es un enfant de Sylvanès ?
Oui, je me considère vraiment comme un enfant de Sylvanès même si je n’y suis pas né et n’y ai jamais habité. Je suis un enfant d’adoption ! J’ai aussi vécu l’évolution du lieu à travers les années (sa renaissance, les projets musicaux, les différents chantiers, la construction de la chapelle orthodoxe aussi…). Et encore aujourd’hui je reste toujours étonné de ce que je vis dans ce lieu. Comme dernièrement en septembre, après cette difficile période estivale dont je suis sorti moralement et physiquement très éprouvé : dès que je suis entré dans l’abbatiale, tout s’est lâché et nous avons passé avec l’Ensemble cinq jours d’enregistrement merveilleux.

Ensemble Canticum Novum en résidence à Sylvanès, © Pierre Grasset

Sylvanès a-t-il influencé ton parcours professionnel ?
Il y a en effet quelque chose de commun entre les deux et je dirais même que dans Canticum Novum, il y a de l’ADN de Sylvanès !
Je me suis rendu compte, évidemment aujourd’hui que le projet humain, musical de l’ensemble était lié à mon environnement familial, à mon parcours, à cette dimension inter culturelle dont j’étais entouré et particulièrement à Sylvanès avec tous ces chantiers culturels, les personnes de plusieurs religions qui fréquentaient le lieu. Dès qu’on venait à l’abbaye, il y avait cette émulation, l’intelligence, la beauté… on était entouré par ça.
J’ai créé l’association en 1996 et l’aventure a vraiment décollé en 2006 quand j’ai fait le choix de recentrer le projet autour de mes aspirations humaines, en lien avec mon territoire de vie dans la région de Saint-Étienne.

Le dialogue des cultures…une thématique forte pour l’Ensemble ?
Cela fait 15 ans maintenant que l’équipe est constituée et qu’elle s’est étoffée au fil des années avec aujourd’hui un collectif d’une vingtaine de musiciens de plein de cultures différentes liés de cette même envie de vouloir partager aux autres une culture dont ils sont dépositaires. Ainsi, en partageant nos mémoires individuelles, on réussit ensemble à construire quelque chose et à créer une mémoire collective.

Un projet très en lien avec celui du CCR de l’abbaye ?
Tout à fait. D’ailleurs l’ensemble est de plus en plus présent à l’abbaye et j’en suis ravi. Les choses se sont construites petit à petit. On a pris le temps de se trouver musicalement en plus de la relation d’amitié et de confiance qui a toujours existé avec Michel Wolkowitsky.
J’arrive à Sylvanès avec un projet pertinent, avec une histoire, des propositions artistiques et d’éducation artistique qui « collent » parfaitement au lieu et c’est génial !