L’école de l’oralité continue d’explorer notre territoire !

Pour la quatrième année consécutive, le partenariat renouvelé entre l’École de l’Oralité et le Centre Culturel de Rencontre de l’Abbaye de Sylvanès vise un projet de création avec des publics identifiés sur notre territoire. En 2024, le projet concerne deux classes de 6e, soit une cinquantaine d’élèves du collège Saint-Michel de Belmont-sur-Rance et s’appuie sur les spécificités du territoire pour poursuivre l’exploration initiée les années précédentes, à savoir la résonnance entre notre région Occitanie et d’autres contrées plus lointaines.
Au-delà de la formidable aventure humaine et artistique que représente ce projet, l’intention est d’illustrer que nos différences ne doivent pas nous désunir mais au contraire nous enrichir car au final, et depuis toujours, nous sommes tous les « habitants d’un même monde ».

Des ateliers de pratique artistique dans les classes

Cette année, le travail se construit étroitement en lien avec le PEAC mené au sein de l’établissement par les enseignant(e)s. En s’appuyant sur les spécificités géographiques naturelles du territoire, il vient questionner le lien et l’impact de la vie des hommes sur le patrimoine naturel, de l’exploitation à la préservation.
C’est Sylvère Décot et Benoit Feugère qui animeront les ateliers dans les classes. De par leur formation et leur polyvalence, ils accompagneront le projet par le biais de pratiques artistiques très variées telles le chant (répertoires traditionnels en langue occitane), les percussions (digitales, corporelles…) ou encore la manipulation instrumentale en vue de créer des paysages sonores.
Pour mémoire, la pédagogie originale mise en œuvre pour ce projet est fondée sur l’apprentissage et la transmission par l’oralité et s’appuie avant tout sur le dialogue où chacun a la possibilité d’affirmer son identité. Ainsi, les connaissances et compétences sont transmises par l’observation, l’écoute, le mimétisme et l’immersion. La confiance et la bienveillance font partie de ce processus dont l’objectif est de placer tous les apprenants sur un pied d’égalité face à la pratique artistique, indépendamment de leurs bagages personnels.

Rencontre avec des témoins et porteurs de mémoire scientifique, sociale et culturelle
Afin de nourrir la réflexion des élèves et enrichir le travail de création, plusieurs rencontres seront organisées avec des témoins venus donner voix à un récit multiple du territoire. Comprendre la richesse et la spécificité de son territoire permet tout à la fois de mieux se l’approprier et de s’ouvrir sans crainte à l’autre…

CALENDRIER

Les premières interventions dans les classes se dérouleront les 25 et 26 janvier, puis les 25 et 26 mars 2024, 22 et 23 avril, 13 et 14 mai et enfin les 17 et 18 juin avec restitution publique à l’Abbaye de Sylvanès le mardi 18 juin 2024.

Des hommages à Gabriel Fauré en 2024 !

Gabriel Fauré (1845-1924) s’est éteint il y a un tout juste siècle et notre attachement à sa musique est intact. L’occasion est donc belle pour le Centre culturel de rencontre de commémorer le compositeur français lors de deux ateliers choral-production pour choristes amateurs confirmés. Ces deux stages donneront lieu à la production de concerts dans le cadre du 47e Festival de Musiques Sacrées- Musiques du monde les 21 juillet et 15 août 2024.

Bernard Tétu ouvrira les festivités avec son Atelier choral-production qui se déroulera du 15 au 21 juillet à l’abbaye de Sylvanès.
Au programme, une suite de musiques françaises en hommage à Gabriel Fauré : un programme original, ambitieux et varié ! Parmi les œuvres de Gabriel Fauré au répertoire de ce stage, on y trouvera : sa Pavane  au thème inoubliable ou encore Les Djinns œuvre spectaculaire qui reprend la construction « en losange » du poème de Victor Hugo sans oublier l’intense Cantique de Jean Racine.


Des œuvres plus rares et inclassables d’autres compositeurs français seront aussi au programme de l’Atelier choral comme le grand Chœur d’ombres d’Hector Berlioz, une œuvre extrêmement impressionnante et émouvante, un extrait des 7 paroles du Christ en croix de César Franck en particulier un choeur de foule au refrain puissant et provocateur !

Francis Poulenc sera mis aussi à l’honneur avec des extraits du Gloria et un chœur de sa cantate très peu connue intitulée Sécheresses : le village abandonné.

C’est avec deux œuvres majeures du répertoire de musique sacrée que Michel Piquemal, à la tête de sa 35e Académie de choeurs, rendra aussi hommage au génie de Gabriel Fauré. Le stage se déroulera du 7 au 15 août 2024 à Saint-Affrique où près de 80 choristes sont attendus pour travailler l’émouvant Requiem de Fauré et la Messe des pêcheurs de Villerville, écrite avec André Messager.

Gabriel Fauré, également organiste et maître de chapelle à l’église de la Madeleine, explore tout en douceur la richesse chorale héritée des formes liturgiques anciennes, tout en insufflant dans son Requiem un style singulier, qui évite les effusions dramatiques alors en vigueur. Dans un esprit similaire, la Messe des pêcheurs de Villerville, écrite avec André Messager alors que les deux hommes se reposaient sur la côte normande, se distingue par sa modestie et sa délica­tesse. Peu jouée, cette messe pour chœur de femmes per­mettra de ressaisir toute la subtilité du style français, que Fauré a fait entrer avec succès dans le répertoire religieux.

Plus de détails sur ces deux ateliers et demande d’inscription
sur notre site courant février.

 

TRIBU[T] : une création danse et musique live en 2024

C’est dans le cadre d’un projet inédit de coopération internationale entre le Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès, le Centre culturel de rencontre international John Smith (Bénin) et la Cie Empreintes (Occitanie), que le projet Tribu[T] verra le jour au printemps 2024.

Tribu[T] : une épopée mi disco, mi vaudou pour explorer la force et la puissance des rituels
TRIBU[T] qu’es acquo ? C’est un projet de création chorégraphique imaginé et porté par Clémence Baubant, danseuse, chorégraphe et pédagogue puisant une large part de son inspiration dans ses origines caribéennes. Avec Tribu[T], elle explorera les rituels collectifs et questionnera nos représentations face au groupe ou à ce que l’on en perçoit.

Tribu[T] : un dialogue entre tradition et modernité
Partant du postulat que le groupe se réinvente quelles que soient les situations traversées par les communautés humaines, Tribu[T] traitera de la manifestation du corps collectif et de ses métamorphoses. De la manifestation au rituel, du rituel à la horde : le projet questionnera les divers attributs de la « tribu ».

Pour mener à bien cette nouvelle création, Clémence Baubant axera ses recherches sur la pratique des rituels Vaudou au Bénin, sur la philosophie du Bigidi en Guadeloupe et sur l’étude d’iconographies des manifestations occidentales telles que celles de mai 1968 en France.

La Cie Empreintes , Fondation Royaumont ©Laurent Paillier

Des élèves danseurs et spectateurs : un itinéraire d’éducation artistique pour les scolaires
A l’Abbaye de Sylvanès, il n’est pas rare qu’un projet naisse dans le projet ! C’est le cas pour Tribu[T] qui se voit enrichi d’un volet de médiation artistique pour les scolaires développé par le Département de l’Aveyron.

>> Quatre classes d’école élémentaire bénéficieront chacune d’un atelier de 2h de pratique artistique durant lequel elles exploreront la danse, les percussions corporelles et la découverte de rituels traditionnels caribéens.

>> Deux classes de collège bénéficieront de trois ateliers de 2h de pratique et de création chorégraphique pour expérimenter les fondamentaux de la danse à travers les thèmes du rituel, de la coopération, du groupe et de la liesse collective.

Au total, Clémence Baubant animera 10 ateliers de pratique artistique (soit 20 heures) auprès de six classes qui seront toutes invitées à participer à la création du spectacle fin avril 2024 à l’Abbaye de Sylvanès aux côtés des danseurs professionnels de la Cie Empreintes et des musiciens professionnels du Bénin.

Retours d’expérience de stagiaires en chant traditionnel et corse

Du 16 au 19 juillet, se sont déroulés à l’abbaye les stages de chant « Polyphonies traditionnelles » et « Polyphonies corses », encadrés respectivement par Pascal Caumont, chanteur, collecteur et professeur au Conservatoire Régional de Toulouse, et Nadine Rossello, chanteuse et musicienne. L’occasion pour les participants de découvrir ou approfondir les chants occitans et corses.

Le jour de la restitution du stage de polyphonies traditionnelles, Swan et Floriane nous font par de leurs ressentis lors d’une interview :

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
F : « Je m’appelle Floriane, je suis dans la fin de la trentaine comme disent les Anglais. J’habite à Sète et c’est la première fois que je viens faire un stage de chant à Sylvanès. »
S : « Je m’appelle Swan, j’ai la mi-trentaine, je suis psychothérapeute et je travaille dans un institut qui s’appelle « Institut des arts dévotionnels », basé en Espagne, dans lequel on organise diverses retraites et résidences, dont une qui pourrait peut-être partiellement se dérouler ici. Donc je suis venu à la fois pour le stage, rencontrer Pascal et découvrir le chant occitan, mais aussi à la fois pour découvrir le lieu et rencontrer Michel Wolkowitsky ».

Où avez-vous-tu entendu parler de ce stage ?
F : « D’abord j’ai cherché sur internet un stage de chant pour cet été et de fil en aiguille je suis tombée sur le site de l’abbaye. J’ai une amie qui est déjà venue ici et qui m’avait recommandé cet endroit. »

Quel est votre ressenti par rapport à l’abbaye ?
S : « Je pensais que c’était plus grand, qu’il y aurait plus de bâtiments, mais sinon je trouve qu’il y a eu de belles rénovations. Je loge dans le dortoir, je le trouve chouette ! »
F : « Moi j’ai eu des belles sensations quand on a chanté dans la salle capitulaire et dans l’abbatiale, j’ai eu des frissons, il y a une très belle résonance. C’est quand même un endroit dans lequel on se sent bien. »

Et en ce qui concerne les rencontres que vous avez pu faire ici pendant le stage, avec les autres stagiaires, les formateurs, le personnel ?
S : « Très accueillants, chaleureux. »
F : «  Beaucoup de positif ! »
S : « J’ai apprécié qu’on prenne en compte l’histoire du lieu, et la vie spirituelle qu’il y a pu y avoir, et comment on a continué d’une manière ou d’une autre à la faire vivre. C’était aussi intéressant d’en apprendre plus sur André Gouzes, et le fait qu’il y a encore des offices ici, même s’il y en a moins qu’avant d’après ce que j’ai pu comprendre. On voit qu’il y a une encore vie spirituelle ici et que ce n’est pas seulement un bel édifice qu’on utilise comme lieu purement culturel. »

Le fait que les visiteurs circulent dans l’abbaye durant le stage…
S : « Ça ne m’a pas dérangé. On voit qu’il y a des personnes qui visitent l’abbaye comme un lieu purement culturel, d’autres que je vois s’agenouiller devant l’eau bénite à l’entrée, c’était intéressant de voir tout ça. »

Votre ressenti par rapport au formateur Pascal Caumont ?
S : « Excellent, expert en son domaine mais aussi très abordable, une connaissance autant technique que théorique, de belles histoires à raconter, on le sent ancré dans sa région. »
F : « Génial, on l’écoute des heures durant et on ne s’ennuie pas ».

Vous connaissiez déjà les chants occitans ?
F : « Oui, moi je chante des chants occitans autour de chez moi, et là c’était le côté chant pyrénéen qui m’intéressait, et effectivement c’est une plongée dans l’histoire des vallées pyrénéennes, Pascal a plein d’anecdotes à raconter, une grande culture à ce sujet. »
S : « Moi je suis nomade mais je suis principalement en Espagne. Mon beau-père était de Cahors, il parlait un peu occitan donc j’ai un lien particulier avec cette région. C’est la première fois que je participe à un stage, j’en connaissais quelques-uns et je pratique d’autres polyphonies, surtout géorgiennes. »

Est-ce que ça vous a donné envie de faire d’autres stages, d’approfondir ?
F : « Moi oui, notamment le chant corse. Ma grand-mère est corse et quand je les entends chanter, j’ai l’impression qu’il y a tous mes ancêtres qui chantent aussi. Donc je pense que je reviendrai pour ce stage. »
S : « Énormément de stages m’interpellent, notamment les chants sacrés profanes, et j’espère pouvoir en donner également avec mon projet. »
F : « Quel stage tu donnerais alors ? »
S : « En gros ce serait un stage de chants interreligieux, participatif, avec une partie d’improvisation en langue cinétique, en hébreux, en amharique et en araméen. »

Le lendemain, Véronique et Laila nous font part de leurs ressentis avant la restitution du stage de chants Corses :

Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots, nous dire ce que vous faites dans la vie ?
V : « Je viens de Marseille et je travaille avec des artistes que j’accompagne du point de vue administratif et sur la conception de projets. »
L : « J’habite à Tel Aviv, je suis franco-israélienne et je travaille avec la voix. J’apprends, j’enseigne et je crée avec la voix. »

Vous avez entendu parler de ce stage par quel biais ?
V : « Par une amie qui l’a fait l’année dernière et qui m’avait parlé de la formatrice en me disant qu’elle était vraiment exceptionnelle. Et puis ce cadre de l’abbaye est vraiment agréable. »

Vous connaissiez déjà Sylvanès ?
V : « Pas du tout, j’avais déjà chanté à l’abbaye Notre-Dame de Sénanque, à la Chaise-Dieu aussi et je trouve qu’il y a une atmosphère vraiment propice à ça, ce sont des lieux qui ont été construits pour ça, donc travailler la voix dans ce cadre là est vraiment intéressant. »

Vous avez pu chanter dans le scriptorium, salle capitulaire et l’abbatiale, quelle était votre expérience dans chacune de ces pièces ?
L : « On a travaillé essentiellement dans le scriptorium, un peu aussi dans la salle capitulaire. »
V : « Ce sont des expériences complètement différentes, donc on travaille de trois façons différentes. »

Comment vous sentez-vous avant la restitution de toute à l’heure, prêtes ?
L : « D’un côté, on est toujours prêt avec ce qu’on a, on a reçu pas mal durant ces derniers jours. Puis en même temps on sent à quel point c’est un tout petit bout de travail, c’est passé vite et on a envie d’approfondir. Mais c’est déjà beaucoup. »
V : « Il y a aussi un vrai travail qui allie l’apprentissage du répertoire et la technique, au rapport au corps, ça c’était nouveau pour moi, car je trouvais que c’était assez peu abordé jusqu’à présent dans les autres stages que j’ai pu faire. »

Vous aviez déjà eu l’occasion de faire des stages de chant ?
V : « Oui j’ai déjà fait des stages de chants corses ».
L : « Moi je pratique beaucoup de types différents de polyphonies et de chants traditionnels, de façons d’approcher la voix, de pédagogies différentes. En fait je cherchais un lieu pour faire des résidences et c’est comme ça que j’ai trouvé sur internet l’abbaye. Ce qui m’a plu c’est que le programme est vraiment dans la direction qui m’intéresse. En fait j’ai jamais fait de stage de chants corses, je connaissais juste quelques chansons mais je n’avais jamais plongé dans ce répertoire et dans cette façon de faire, placer la voix, chercher le son commun du groupe, mettre en place les harmoniques.

Qu’est ce qu’il y a de particulier dans l’approche de Nadine pour ce stage ?
V : « Le fait qu’elle appuie beaucoup sur cette question de la résonance du corps et sur le placement de la voix, c’est vraiment un plus qu’elle amène, pare qu’il y a certains enseignements qui sont plus axés sur l’apprentissage des chants et d’un répertoire, ou le travail d’une messe en particulier. Là on est revenus sur les fondamentaux de la technique et je trouve ça vraiment intéressant. »
L : « Il y a aussi le fait de chanter juste ou de trouver l’harmonie entre les voix. Pour Nadine, tout est dans le placement, dans la façon d’ancrer la voix dans le corps et c’est là que l’ajustement des notes se met en place. Donc s’il faut réajuster un accord, c’est dans le corps que ça se passe, pas dans le fait de penser « plus haut, plus bas ». »

Vous êtes donc globalement satisfaites du déroulement de ce stage ?
L : « Oui, vraiment, c’est très très intéressant ! »
V : « On regrette qu’il n’y en ait qu’en été en fait ! »

Le fait que l’abbaye soit assez isolée géographiquement, ça n’a pas posé de problème ?
V : « Non, du moment qu’il y a toute l’infrastructure d’accueil, l’hébergement, la nourriture, travailler sur le long terme 4-5 jours comme ça c’est bien, c’est important car ça permet de rentrer dans la démarche. »
L : « C’est un challenge pour venir, pour celles qui n’ont pas de voiture. Mais le fait en soit que ce soit éloigné, au contraire, c’est chouette d’être déconnecté, proche de la forêt comme ça. »

Vous avez pu faire de belles rencontres cette semaine ?
V : « Il y a une même passion déjà à la base, il n’y a pas forcément les mêmes attentes ni les mêmes pratiques en amont mais on se retrouve sur cet amour du chant et de la voix, de ce travail de connexion par la voix. Donc ça crée tout de suite des accointances. Moi j’ai même retrouvé des gens que j’avais déjà rencontrés en Sardaigne dans un stage de chants corses aussi. En France je pense vraiment que ces formations autour des chants du monde ce sont beaucoup développées et du coup maintenant il y a une population qui tourne sur ces stages. »

D’autres stages que propose l’abbaye vous intéressent aussi potentiellement, en dehors des formations vocales, la géobiologie par exemple ?
V : « Alors ça voilà, j’ai découvert ça, je ne savais même pas que ça existait, du coup j’ai trouvé ça intéressant parce que c’est toujours une question de perception, c’est développer un rapport à l’espace, à l’architecture, c’est aussi intéressant que ce qu’on fait en chant, qui est de développer notre perception à l’autre. Donc pourquoi pas travailler là-dessus par curiosité. »

Un petit mot pour clôturer notre échange ?
V : « Je suis vraiment ravie d’être passée ici et de ce cadre, je suis vraiment touchée par l’atmosphère du lieu, le fait aussi d’entendre une chanteuse lyrique en ce moment-même, on sent que c’est un lieu dédié à la musique. »
L : « C’est chouette cette ambiance. Quand on passe quelques jours à chanter ensemble, forcément il se passe des choses, du point de vue émotionnel, spirituel, que ce soit présent de façon évidente ou pas c’est là quoi. »
V : « On a eu des jolis moments en dehors aussi, on s’est retrouvés sous le tilleul le soir à chanter, c’était chouette. »

Interviews réalisés par Loane, stagiaire au sein du service communication

Mohammad Reza Rahesh en résidence à l’abbaye

Dans le cadre d’une résidence artistique au travers du programme NORA coordonné par l’ACCR,  l’abbaye accueille depuis le 24 juillet Mohammad Reza Rahesh, musicien et chanteur afghan hazara qui a émigré en France. Jusqu’au 7 août, il travaille sur son projet de recherches ethnomusicologiques sur la musique hazara. Il a échangé avec nous sur son séjour à Sylvanès.

Tu peux te présenter et nous dire ce qui t’a amené à Sylvanès ?
R: « Je m’appelle Reza, j’ai 27 ans et je viens d’Afghanistan, de Kaboul plus précisément, mais je suis né à Bâmiyân, au centre de l’Afghanistan. Je suis en France depuis août 2021, quand les Talibans se sont installés dans le pays. Donc j’ai quitté l’Afghanistan dans des conditions très difficiles, j’ai pu être accueilli ici grâce à l’ambassade de France, comme tous les artistes dans mon cas. J’habite à Dijon depuis, j’étudie la langue française et je travaille avec un atelier à Paris, l’atelier des artistes en exil. L’année dernière, j’ai parlé avec le directeur de cet atelier, et j’ai proposé un projet dans lequel je voulais travailler sur le style de musique Hazara, une musique traditionnelle d’Afghanistan. Hazara *, c’est une nationalité en Afghanistan, alors que la nationalité afghane est imposée. Je suis moi-même Hazara. Mon projet a été accepté et je suis venu ici. »

Comment se passent tes journées à l’abbaye ?
R : « Je fais des répétitions, je joue du Damboura, un instrument de musique traditionnelle afghan. Je prends des cours de chant avec Michel Wolkowitsky, le directeur et nous préparons un concert qui sera donné ce jeudi 3 août à 14h30 à l’abbaye. Je choisis de faire découvrir cinq styles de musique traditionnelle de chaque région d’Afghanistan, puis je les adapte à ma façon. »

Tu as pu assister à des concerts du festival et des récitals, qu’en as-tu pensé ?
R : « Oui c’était génial, j’ai déjà pu assister à quelques concerts à l’opéra de Dijon, ça m’a beaucoup plu. J’ai pu rencontrer des musiciens et chanteurs ici, ils sont très professionnels et très doués. »

Une rencontre en particulier qui t’a marqué ?
R : « Oui, la professeur de piano Charlotte Bonneu et la professeur de chant Élène Golgevit, j’ai pu échanger avec elles pendant le stage de chant lyrique. »

Quels sont tes futurs projets ?
R : « Je vais me réinscrire à l’université de Dijon pour continuer d’apprendre le français, puis continuer des études de musicologie et m’inscrire au conservatoire. »

 

Propos recueillis par Loane, stagiaire au service communication

 

Mohammad Reza Rahesh ouvrira une fenêtre sur son univers artistique à l’occasion d’un petit concert public ce jeudi 3 août à 14h30 à l’abbaye. 

* Les Hazaras sont une des ethnies afghanes persanophones issues de diverses cultures d’Asie centrale. Le peuple Hazara subit des persécutions depuis des siècles et leur culture est interdite depuis le retour des Talibans.

De la clarté sur nos ombres et notre histoire

A l’issue d’une semaine de travail chaleureuse et fraternelle, sous la direction de velours de Bernard Tétu accompagné par Florence Vettes, les participants à l’atelier choral 2023 ont fait briller l’abside de l’abbatiale en interprétant le très rare Requiem de Donizetti dans une version pour solistes, chœur, piano 4 mains et timbales. Cette œuvre, pourtant écrite pour la mort de Bellini, fait la part belle aux bel canto masculins et aux chœurs rayonnants empreints d’ouverture harmonique et spirituelle. Lors du final, le public debout comme pour toucher les arcades de la voûte, acclamait les envolées lyriques des quatre solistes emportées par les roulements de timbales et l’explosion chorale tonitruante, suspendue dans la douceur d’un decrescendo peu commun pour terminer ce type d’œuvre.

À la tombée du jour, les musiciens, danseur et conteur de l’Emidy Project (création du compositeur anglo-nigérien Tunde Jegede) ont illuminé aux couleurs du monde la prairie de l’ancien cloître de l’abbaye. Embarquement immédiat tragico poétique, relatant l’odyssée forcée du violoniste métisse virtuose Joseph Antonio Emidy, contemporain de Haydn oublié par l’Histoire de la musique, qui fut esclave avant de devenir chef d’orchestre et premier compositeur issu de la Diaspora africaine. Au travers de la traversée de trois continents où se mêlent musiques baroques, brésiliennes, canciones sud américaines et transes africaines, ce voyage musical nous fit emprunter les routes de l’esclavagisme et les chemins d’une perpétuelle quête de liberté, dans un monde où les différences étaient synonymes de sombres destinées.
Un spectacle essentiel où l’individuel rejoint le collectif, et témoigne du passé pour comprendre notre présent, dans l’espoir de nous inciter peut être à ne pas reproduire l’histoire…

Vixenzo G.

 

 

 

Stage Interprétation & Technique vocale : Retour d’expérience

La semaine dernière, du 3 au 9 juillet, s’est déroulé à l’abbaye le stage de chant « Technique vocale & Interprétation », encadré par Frédéric Gindraux et Jean-Philippe Clerc au piano. L’occasion pour les huit jeunes participants de perfectionner leur art.

Chloé, 26 ans, nous fait part de son ressenti à propos du stage :
C : J’adore le lieu et les professeurs ! Je suis déjà venue faire ce stage il y a 2 ans, avec Frédéric et Jean-Philippe, avec qui j’avais pu également travailler lors d’un autre stage encore 2 ans auparavant. Donc je les suis et en plus j’adore le lieu, ça détend et on travaille les choses qu’on aime ! Des camarades de classe m’avaient parlé de ce stage, donc ça fonctionne beaucoup au bouche à oreille.

Tu fais des études de chant ?
C : Oui je suis au conservatoire de Toulouse depuis au moins 6 ans.

Quelles sont selon toi les qualités des professeurs ?
C : Ils sont très pédagogues, à l’écoute, toujours bienveillants, c’est impressionnant. À Toulouse il y a aussi de la bienveillance mais beaucoup de pression, donc quand on a des difficultés c’est pas toujours évident.

Et le répertoire proposé dans ce stage te plaît ?
C : Oui j’adore. De toute manière, chanter c’est pour moi une sorte de méditation, je suis accro !

Tu as pu rencontrer d’autres jeunes, comment ça se passe ?
C : Ce groupe est particulièrement très agréable, il y a une très bonne ambiance, on s’entend très bien, on se retrouve souvent tous ensemble en fin de journée pour aller boire un verre.

As-tu déjà conscience des progrès que tu as réalisés, ou que les professeurs ont mis en avant ?
C : Oui, grâce à la comparaison par rapport à mon stage d’il y a 2 ans, ils ont pu me dire que j’ai réussi à me centrer sur moi, dans le sens où j’arrive à gérer mes points faibles, ils ont remarqué la différence. Par exemple, j’écris au lieu d’enregistrer, car j’ai tendance à ne pas écouter jusqu’au bout ce qu’on me dit à cause de mon manque de concentration. Ils m’ont fait remarquer plein de petites choses avec bienveillance, alors que d’autres professeurs pourraient avoir tendance à me dire ce qui ne va pas au lieu de mettre en valeur les choses positives.

Et ton ressenti par rapport à l’audition publique de demain ?
C : J’ai hâte, j’aime trop la scène. Et puis c’est devant une petite audience, il n’y a pas de spécialistes devant lesquels on va se présenter, pas d’évaluation donc c’est pas trop stressant.

Les stagiaires ont pu montrer leurs progrès dimanche dernier à 17h au scriptorium devant un public très encourageant ! Bravo à eux, on espère les revoir bientôt à l’abbaye !

Restitution du projet « Chorale à l’école »

Ce mardi 27 juin 2023 à 14h30 à l’Abbaye de Sylvanès a eu lieu la restitution publique du projet « Chorale à l’école », au cours duquel ils ont appris le chant dans différentes langues et développé leur culture musicale. 175 élèves, dirigés par Marine De Sola, ont pu proposer un voyage sur les rives de la mer Méditerranée et une merveilleuse ouverture au dialogue des cultures dans l’acoustique exceptionnelle de l’église abbatiale !

Devant un public nombreux composé de familles, amis et curieux, les élèves ont présenté le fruit de leur travail impliquant 10 écoles primaires du territoire intercommunal : Cénomes, Brusque, Fayet, Murasson, Saint-Sever-du-Moustier, Montlaur, Camarès, Camarès Saint-Michel, Belmont et Saint-Sernin.

Ils ont retrouvé pour la dernière fois la Compagnie Rassegna, dirigée par Bruno Allary, chanteur, guitariste, mais aussi les voix et instruments de Sylvie Paz, Carine Lotta et Fouad Didi, qu’ils ont rencontré le mois dernier à l’abbaye de Sylvanès lors du concert pédagogique « l’Arc de Cercle ».

Réécoutez un extrait du spectacle avec la chanson Milo Mou Kokkino, interprétée en choeur par la Compagnie Rassegna et les élèves :

 

Merci aux enseignantes, à Marine De Sola, à la Compagnie Rassegna et un grand bravo aux élèves qui ont su livrer une belle prestation dans l’acoustique exceptionnelle de l’église abbatiale !

Ce Projet « Chorale à l’Ecole » est initié par le Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès et co-construit en partenariat avec le Conservatoire à Rayonnement Départemental de l’Aveyron, le Département de l’Aveyron, avec le soutien de la Communauté des Communes Monts, Rance et Rougier, de l’Education Nationale et la DRAC Occitanie.

Jean-Marc Andrieu et Christopher Gibert présentent leur atelier d’été

Dans le cadre du 46e festival de Sylvanès, les amateurs avertis auront l’opportunité de participer à un atelier choral-production d’une semaine du 7 au 13 août. Dirigés par Jean-Marc Andrieu et Christopher Gibert, les participants auront l’occasion de travailler sur deux œuvres emblématiques : la Messe Assumpta est Maria de Charpentier et le Motet Cantate Domino de Campra. Les deux chefs d’orchestre nous ont révélé les détails de cet atelier lors d’une interview.

Jean-Marc, quelle est l’histoire derrière ce choix d’interpréter ce Motet de Campra, un morceau inédit ?
Au cours de mes recherches pour la production du programme de grands motets de Blanchard créé au Festival de Radio-France à Montpellier, j’ai consulté les manuscrits originaux de ces motets à la Bibliothèque Nationale. Quelle ne fut pas ma surprise d’y trouver un motet de Campra ! D’après mes recherches je pense qu’il doit être inédit, et j’ai attendu la meilleure occasion pour le créer : elle se présente à Sylvanès !

La Messe Assumpta est Maria, chef d’œuvre religieux du baroque français est qualifiée d’une des plus belles œuvres de Marc-Antoine Charpentier. Christopher, le confirmez-vous ? Avez-vous une référence discographique à conseiller ?
Oui c’est un monument de la musique française du Grand siècle. Je suis toujours fasciné par la puissance émotive et passionnée de l’écriture de Marc-Antoine Charpentier, c’est à la fois subtil, accessible et transcendant. Il y a de très belles versions de cette œuvre, mais la plus belle sera évidemment celle vécue lors du concert du 13 août ! 

Racontez-nous votre rencontre tous les 2, comment avez-vous été amenés à travailler ensemble ?
JMA : J’ai eu le grand plaisir de recruter Christopher comme professeur de chant choral et de direction de chœur au conservatoire de Montauban deux ans avant de prendre ma retraite : nous avons immédiatement sympathisé et j’ai vite compris que j’avais fait un recrutement exceptionnel.
CG : Et ce fut pour moi une grande joie d’être recruté à Montauban avec un projet musical exigeant et de qualité. Nous avons en effet tissé les liens étroits et nous nous sommes souvent retrouvés dans des échanges musicaux qui ont parachevé ce lien désormais artistique et amical.

Comment comptez vous aborder ce partage de la direction dans le cadre de cet atelier – production à Sylvanès ? 
JMA : Nous allons bien préparer ensemble ce stage en nous répartissant le travail ; un planning sera proposé aux stagiaires, qui alternera les séquences de pupitre, de tutti, de justesse, de prononciation, de phrasé, etc.
CG : J’ajouterai que c’est aussi un moment de musique partagé, où la pluralité des expériences des choristes est toujours enrichissant. C’est un travail « de troupe » durant une semaine qui va nous mener à un concert entourés de fabuleux professionnels instrumentistes et chanteurs.

Les stagiaires auront le privilège de travailler avec l’orchestre et les solistes des Passions, les choristes professionnels du chœur Dulci Jubilo et de chanter à leurs côtés pour le concert du 13 août (17 h en l’abbatiale de Sylvanès) dans le cadre du 46e festival.

BILLETTERIE CONCERT DU 13 AOÛT 

PROGRAMME & DÉROULEMENT DU STAGE

Sur les ondes de « Radio Pata Roja » avec l’École de l’Oralité !

L’émission radiophonique « Radio Pata Roja » a été présentée publiquement ce mardi 13 juin 2023 à 18h à l’Abbaye de Sylvanès par les élèves de 6e et de 3e du collège Saint Michel de Belmont-sur-Rance. Accompagnés par Emmanuel Bardon, chanteur et directeur artistique de l’École de l’oralité, Ismaïl Mesbahi, percussionniste, et Ives Durand, conteur et comédien, ce projet a été porté par l’École de l’Oralité et réalisé en partenariat avec Radio Saint-Affrique.

Devant un public composé de familles, amis et curieux,  les élèves ont présenté le résultat de cette aventure créative entremêlant culture et éducatif. Avec la complicité de Bayan Rida, oud, Spyros Halaris, kanun, Gwénaël Bihan, flûtes, les élèves ont su faire voyager leurs parents dans l’univers radiophonique, mettant en résonance la culture occitane avec les cultures du Bassin méditerranéen. Ils ont présenté plusieurs chants traditionnels médiévaux comme Lo Boier (culture occitane), chants traditionnels algériens comme Ayazin ou encore des chansons traditionnelles catalanes comme La Cançon del Lladre ainsi que la danse du Branlou qui leur avait été transmise en classe par la danseuse et musicienne Aelis Loddo.

Cette émission enregistrée dans les conditions du direct sera diffusée sur les ondes de Radio Saint-Affrique les vendredi 16 à 19h, dimanche 18 juin à 13h et enfin le lundi 19 juin à 7h. Et bien sûr disponible très prochainement en podcast  ! 

Un grand bravo aux élèves qui, tantôt chanteurs, tantôt comédiens, tantôt instrumentistes ou danseurs, ont livré une belle prestation dans l’acoustique exceptionnelle de l’église abbatiale !