Sajan Sankaran, entre pratique et partage !

Après plusieurs reports de sa résidence à l’abbaye de Sylvanès (depuis 2020), l’artiste indien Sajan Sankaran a enfin pu se poser en terre aveyronnaise, du 25 juillet au 6 août 2022 dans le cadre du dispositif « Odyssée » initié par l’ACCR.

Il s’agissait pour Sajan de sa première résidence en Europe avec pour objectif d’aller à la rencontre des personnes et d’explorer plusieurs milieux artistiques. Des souhaits qui ont été très largement concrétisés lors de sa résidence artistique à l’abbaye placée sous le signe du partage et des échanges.

 

DES ÉCHANGES PASSIONNANTS ET FRUCTUEUX

Lors de son séjour, l’activité artistique des stages et du 45e Festival était à son apogée à Sylvanès. Pas moins de quatre stages et masterclasses se déroulaient dans les murs du Centre culturel de rencontre ainsi que des concerts du festival de musiques sacrées-musiques du Monde.

La première semaine de sa résidence, la classe de maître encadrée par Élène Golgevit & Charlotte Bonneu cohabitait avec un atelier de chant sacrés d’orient et d’occident animé par Frédéric Tavernier-Vellas.
« L’énergie des chanteurs professionnels participant à la classe de maître de chant lyrique était très inspirante et m’a rappelé l’énergie de mon propre Gurukul [1]  où tous les enseignants sont eux-mêmes des musiciens professionnels et délivrent une formation individuelle intense pour chaque élève.
J’ai aussi apprécié d’expérimenter des chants sacrés européens : j’ai retrouvé de nombreuses similitudes dans l’approche de la voix avec la musique indienne.
Dans tous les cas, j’ai apprécié l’intérêt des enseignants et des participants pour la musique indienne et les nombreuses discussions sur la musique en général, la création musicale, l’approche et la philosophie de la voix ».

Lors de sa deuxième semaine, Sajan a eu l’occasion de rencontrer Johanni Curtet qui animait dans les murs une initiation au chant diphonique mongol. « Les chants de gorge sont une approche très particulière de l’utilisation de la voix. J’ai eu la chance de pouvoir longuement échanger avec Johanni – qui est aussi ethnomusicologue – sur de nombreux aspects de la musique, de la technique vocale dans les différentes formes d’art. J’ai appris beaucoup de choses sur la culture et l’art mongol et j’ai hâte de les découvrir davantage ».

L’Atelier de chant médiéval avec Els Janssens-Vanmunster et Caroline Marçot se déroulait sur la même période et a été le terrain de dialogues et de partages enrichissants : « La merveilleuse connexion avec les formatrices et participants de cet atelier nous a permis de réaliser une présentation collaborative à l’issue de celui-ci, intégrant mes improvisations à l’une des pièces d’Hildegarde chantée par les stagiaires. Permettre la confluence de ces deux traditions de chant et expérimenter leur coexistence était une puissante expérience. J’ai découvert de nombreuses possibilités de collaboration entre la musique dhrupad et la musique médiévale d’Europe».

Concernant les concerts du 45e Festival auquel Sajan a assisté (Musique baroque, Flamenco, Nuit à l’Opéra, Trompette et Orgue … ) ce fut aussi pour lui une riche découverte : « Même si j’avais déjà écouté certaines de ces formes musicales auparavant, ce n’était que par le biais d’enregistrements. Aussi, pouvoir assister à ces concerts, observer les attitudes des artistes et leur approche de la musique avant de pouvoir échanger de vive voix avec eux était une expérience formidablement enrichissante».

 

ENTRE MUSIQUE DHRUPAD ET PHILOSOPHIE DU YOGA

En dehors de la collaboration avec l’atelier de chant médiéval, Sajan a pu effectuer dans l’église abbatiale deux présentations de Dhrupad qui ont été très bien accueillis par le public, généralement peu familier avec la musique indienne.

Pour la petite histoire, c’est pendant ses études à Bombay que Sajan se découvre un intérêt pour la musique classique indienne. Il fut introduit dans ce milieu par Shri Harshal Pulekar et le professeur Milind Malshe. Suite à sa découverte du dhrupad, cette autre forme de musique classique indienne, il décide de s’y consacrer et eut la chance d’être accepté comme élève par les frères Padma Shri Gundecha – les musiciens les plus en vue du dhrupad aujourd’hui.

Sajan enseigne aussi le Yoga et le Pranayama. Il a profité de son séjour à Sylvanès pour proposer quelques séances d’enseignement et s’adonner également à un travail de recherche autour de la convergence qui existe entre la musique Dhrupad et philosophie du yoga.

« Ce fut une très bonne expérience d’être à Sylvanès. Je me réjouis de poursuivre les amitiés et les interactions avec toutes les personnes merveilleuses que j’y ai rencontrées !
Ce fut formidable et inspirant d’interagir avec le directeur Michel Wolkowitsky qui a régulièrement pris le temps de découvrir ma pratique, de me parler de la sienne et d’échanger quelques points de vue sur la musique en général. Tout cela a constitué de belles conversations humaines et musicales.
Une résidence très productive qui donnera lieu, je l’espère à de nombreuses autres interactions et échanges enrichissants».

Nous n’en doutons pas et souhaitons à Sajan de belles nouvelles aventures et une bonne continuation dans tous ses projets  !

Sajan Sankaran et Michel Wolkowitsky

 

[1] Un gurukul est une école traditionnelle en Inde où les élèves (shishya) vivent près de leur gourou (enseignant), souvent dans le même logement, comme une sorte de famille.

 

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