Milena Jeliazkova, l’amour de la Bulgarie

Profondément attachée à l’abbaye, la chanteuse bulgare Milena Jeliazkova inaugurera la saison 2023 des stages de chant du Centre culturel de rencontre du 12 au 16 avril avec  un stage de chants traditionnels bulgares. Un autre suivra à l’automne du 18 au 22 octobre. Cette artiste aux talents multiples nous en dit plus sur les deux répertoires spécifiques qu’elle abordera cette année, sur sa passion de transmettre l’art bulgare et sur son tout premier roman…

 

• Ce sont deux stages inédits de chants traditionnels bulgares que tu proposes en avril et en octobre, peux-tu nous en dire plus sur ces répertoires ?
J’ai eu envie cette année de proposer deux thématiques bien spécifiques.
En avril (12 au 16), les chants bulgares de rituel seront à l’honneur. Ils sont liés de manière fonctionnelle à certaines coutumes et dépendent en grande partie directement du lien très fort du peuple bulgare avec la Nature. Ce sont des chants du calendrier, reliés depuis des siècles à un jour férié comme par exemple Noël, le Jour de Lazare, (fête orthodoxe : le samedi avant le dimanche des Rameaux), le jour de Enyo (jour du solstice d’été le 24 juin), etc. Il s’agit aussi en partie de chants de coutumes familiales, autrement dit de chants non liés à un jour précis du calendrier mais liés à certaines occasions comme un baptême, un mariage, ou un inhumation. J’accompagnerai l’apprentissage de chaque chant de l’explication du rituel ou de la coutume correspondant(e).

En octobre (18 au 22), je propose une promenade musicale dans la péninsule balkanique. Les chants où la part du Merveilleux est importante m’intéressent tout particulièrement. Carrefour des Civilisations et des Empires divers, terres pétries de mythes et légendes, les Balkans fascinent sans cesse l’imaginaire collectif occidental parce que les pays qui les composent véhiculent encore aujourd’hui des croyances païennes très anciennes. Ici se croisent et cohabitent des vampires et des dragons, des nymphes maléfiques et des ogres bienveillants ; Orphée, Drakula et Krali Marko (héros de guerre légendaire) y sont nés. J’aimerais que le temps s’arrête pendant ces quelques jours de stage… Qu’avec les stagiaires nous puissions nous extraire du temps humain, régi par la montre et la fuite toujours en avant, pour nous plonger dans un univers onirique d’antan, saisi dans une sorte d’éternité, à travers des chants traditionnels de Bulgarie, Macédoine, Grèce, Serbie, Croatie, Roumanie….

Une répétition du stage de polyphonies bulgares à la Chapelle russe de Sylvanès

• Quelle méthode privilégies-tu lors de tes stages ?
L’enseignement oral. Les danses traditionnelles aussi, pour mieux intégrer les rythmes. Transmettre oralement veut dire chanter inlassablement une mélodie jusqu’à ce qu’elle soit apprise, jusqu’à ce que l’élève entende jusqu’au plus petit intervalle, jusqu’à ce qu’il saisisse la plus infime subtilité de pulsation, de dialecte et de son. Cela l’oblige à rester vigilant à son état corporel et émotionnel, dans une posture d’ouverture sensorielle totale à son environnement, tandis qu’avec un apprentissage par partition le mental est seul le grand meneur du jeu.

• Ces stages sont ils ouverts à tous ? Quels sont les pré-requis souhaités pour y participer ?
Mes stages sont ouverts à toute personne qui aime chanter, qui a déjà une bonne expérience individuelle ou collective de chant, quel qu’il soit, une oreille bien développée, et une curiosité d’esprit et de cœur.

• Depuis quand encadres-tu des stages à Sylvanès ? Quelle est pour toi la particularité de ce lieu de transmission ?
J’ai la joie et l’honneur d’animer des stages à l’Abbaye de Sylvanès depuis 2016, une ou deux fois par an. J’aime transmettre particulièrement ici, car le lieu est pétri d’histoire, son âme vibre magnifiquement, puisque l’énergie est haute. Grâce à Michel Wolkowitsky et à son équipe, ce lieu vit de musiques, de danses, de livres, d’expositions de peintures et de sculptures, d’enseignements classique et du monde, d’art au sens large – les gens qui le fréquentent, que ce soit nous les artistes ou le public, y viennent pour se ressourcer, pour nourrir leurs âmes, pour s’élever. Ici, dans cet écrin, je ne transmets pas seulement les codes de la musique de mon pays, j’y transmets aussi son âme, et c’est toujours bien accueilli.

 

Milena Jeliazkova et ses stagiaires dans l’abbatiale de Sylvanès

• Tu es chanteuse, enseignante, coach artistique, peintre… et nouvelle corde à ton arc, tu as récemment écrit ton premier roman. On dit en général que le premier roman d’un auteur est très autobiographique. Dans « la Bulgare » paru le 30 déc. 2022 chez Hello Editions, est-ce qu’il y a une part personnelle cachée ?
Merci d’en parler ! Je suis auteure depuis peu et il m’a fallu beaucoup d’années pour me décider à me jeter dans l’aventure littéraire. « La Bulgare » est mon premier roman, dans lequel j’exprime tout mon amour pour la Bulgarie, petit pays aujourd’hui, mais grand Royaume jadis. A travers les divers personnages j’aborde différentes facettes – l’histoire, l’ethnographie, la musique, la littérature, les mythes et légendes bulgares… Le tout, dans une intrigue policière en plein été, au bord de la mer Noire. Pour qu’un récit soit vivant, il faut le nourrir d’anecdotes personnelles, de petites touches de choses réellement vécues, mais cela reste un roman – une fiction. « La Bulgare » n’est pas une autobiographie, mais une invitation au voyage à la fois en Bulgarie, mais aussi au plus intime en soi.

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