Eurydice & Pyrène : deux mythes, deux résidences

Au printemps et à l’automne, l’Abbaye de Sylvanès offre un cadre particulièrement favorable pour les artistes en résidence qui, détachés de leur quotidien, travaillent quelques jours durant à la maturation et la création de futurs projets musicaux.
La chanteuse, pianiste, autrice et compositrice Cécile Veyrat l’a tout récemment expérimenté : lors de sa résidence du 7 au 11 mai, elle a travaillé sur son prochain spectacle solo Eurydice. Du 24 au 28 mai, c’est le Duo Dyane formé par la chanteuse Delphine Mégret et le musicien-compositeur Yannaël Quenel qui posera ses valises à l’abbaye. Leur nouveau projet de spectacle musical Pyrène nous plongera également dans la mythologie en revisitant la légende grecque de Pyrène et Hercule.

Eurydice, une relecture en chansons du mythe d’Orphée
Avec cette création, Cécile Veyrat revient au spectacle pour adultes et au « seule en scène ». Elle y explore le mythe d’Orphée et vient donner une nouvelle voix à Eurydice, une figure féminine trop souvent reléguée au second plan, une femme mystérieuse et sensible qui descend aux enfers pour retrouver son amour…
Le récit qu’elle propose est une version très personnelle du mythe où Eurydice et Orphée sont deux facettes d’une même personne. Ce spectacle poétique et philosophique mêlera conte traditionnel, chanson et arrangements musicaux variés, allant du classique au jazz, en passant par la musique actuelle. Il sera essentiellement composé pour piano-voix, enrichi par l’accordéon, le synthé ou la pédale loop. La composition intègrera également des sons organiques, des sons de la nature pour créer un univers onirique et fantastique.
Après la phase d’écriture et de composition, viendra pour l’artiste le temps de la mise en scène confiée à Anne-Valérie Soler. Celle-ci inclura des mouvements, des ambiances sonores en live, et une utilisation innovante du son comme matière vivante.

Pyrène, une création audacieuse mêlant voix lyrique, musique baroque et électro
Dans ce spectacle musical, le duo Dyane revisite la légende grecque de Pyrène et Hercule sous un angle contemporain en alliant héritage mythologique, patrimoine musical et création sonore.
La légende raconte comment Pyrène, fille du roi des Békrydes, célèbre pour sa beauté et sa bonté est morte d’amour pour Hercule. Son tombeau, montagne de pierres devint alors les Pyrénées.
À travers une sélection de pièces baroques résonnant avec cette légende (chants d’amour, de deuil, d’exil ou de métamorphose), le duo tisse une narration musicale originale. La fusion entre voix lyrique, musique électro et répertoires anciens permet de créer une œuvre à la fois poétique, et mystérieuse.
Ce spectacle se distingue par son dispositif sonore et visuel innovant, conçu pour immerger le public dans la narration. La mise en scène du spectacle intègrera une création vidéo et lumière, offrant ainsi une expérience immersive hors du commun, adaptable pour différents lieux avec chacun leurs spécificités acoustiques et architecturales (églises, cathédrales, grottes…).

« Eurydice » et « Pyrène » sont deux projets inspirés de la mythologie qui proposent des expériences artistiques à la fois immersives, poétiques et profondément humaines. Ils invitent le public à une réflexion sensible sur ces récits mythologiques et sur leur résonance dans notre vie quotidienne.
Voilà de bien belles promesses artistiques pour ces deux spectacles … mais il faudra patienter jusqu’en 2026 pour les découvrir sur scène !

 

Helena Bregar, au cœur des traditions slaves

Chanteuse polono-slovène et cheffe de chœur, la pétillante Helena Bregar encadrera un stage de chants slaves à l’abbaye de Sylvanès, du 18 au 22 août 2025. Ce nouveau stage vient étoffer l’offre artistique du Centre culturel de rencontre de l’abbaye, déjà bien riche et variée. Helena nous en dit plus sur son parcours, le contenu de ce stage et nous invite à découvrir ce fascinant répertoire de chants et danses de tradition slave !

Peux-tu nous présenter ton parcours en quelques lignes ?
Je suis née dans la capitale de la Slovénie, Ljubljana, la ville de l’amour (ljubiti – aimer), d’une mère polonaise et d’un père slovène. J’ai passé ma jeunesse principalement en Pologne, où j’ai obtenu un Master d’Art lyrique (chant, théâtre, opéra). J’ai ensuite déménagé en France pour obtenir le Diplôme National Supérieur Professionnel de Musicien en chant baroque à Paris, et étudier la musicologie à la Sorbonne, puis la direction de chœur au CRR de Nantes. Je chante en soliste et en choriste avec de nombreuses formations. En 2022, j’ai fondé l’ensemble La Sensible, qui englobe musiques anciennes, traditionnelles et improvisées. Depuis plusieurs années, j’organise de nombreux stages de chant et de danse traditionnelle, d’improvisation vocale, ainsi que de musiques et danses historiques.

Quel sera le thème de ton stage de cet été à Sylvanès ? Quel répertoire enseigneras-tu ?
Le nom du stage est Chants des Champs, car les chants enseignés viennent des traditions rurales, des villages, des campagnes. Le sous-titre De la Baltique à l’Adriatique indique que le répertoire sera vaste : de la Russie jusqu’à la Macédoine, en passant par la Pologne et la Slovaquie. Nous allons découvrir les points qui lient et différencient ces cultures : histoire, religions, coutumes, alphabets, et comment tout cela influence la musique et le chant.

Tu vas initier tes stagiaires au cri-chant : comment le définis-tu ? quelles sont ses spécificités ?
Le cri-chant est une technique vocale dans laquelle on pousse la voix de poitrine – forte et pleine – jusqu’aux notes plus aiguës, comme lorsqu’on appelle quelqu’un au loin. Elle est souvent perçue comme une libération de sa voix naturelle : elle donne une sensation de puissance et d’ancrage.

A qui s’adresse ce stage ? faut il des pré-requis ?
Il vaut mieux être habitué à chanter à plusieurs voix, mais toute personne curieuse de découvrir les répertoires slaves, leur vocalité, leurs styles et leurs langues est la bienvenue ! L’apprentissage se fait essentiellement de bouche à oreille, même si je prépare les partitions pour certains chants.

Comment intègres-tu les danses traditionnelles dans ton enseignement et ont-elles une importance dans la compréhension de la musique slave ?
Les danses slaves diffèrent beaucoup les unes des autres. Celles de Pologne ou d’Ukraine se font souvent en couple, avec de nombreuses variations et jeux qui permettent de bien connaître son partenaire ! Elles sont une excellente occasion pour développer sa réactivité, sa créativité, mais aussi pour s’amuser et rire. Celles des Balkans se dansent souvent en ligne, et offrent un véritable festival de pas et de rythmes – souvent irréguliers.
Ces danses font ressentir les rythmes, les appuis, les caractères des musiques. Il existe aussi des chants à danser, qui combinent les deux à la fois – ce qui demande coordination et présence !

Comment as-tu découvert Sylvanès ?
J’ai chanté et dansé à Sylvanès en août 2024 avec Les Musiciens de Saint-Julien, dans leur programme Beauté barbare, où les compositions de Georg Philipp Telemann s’entremêlent avec les chants traditionnels slaves et les suites de danses moraves. Ce lieu exceptionnel m’est immédiatement devenu cher.

Si tu avais la possibilité de te téléporter dans le temps, quel maître ou compositeur aurais tu aimé rencontrer ? Pourquoi ?
Ce dont je rêverais, c’est de survoler les plaines et les montagnes, les maisons et les places de marché, pour écouter le peuple chanter et danser : en travaillant la semaine, en s’amusant le dimanche. Les entendre parler, plaisanter, entonner, appeler…
Entendre leurs voix, leurs timbres, leur sens du rythme, leur musicalité et leur sensibilité : ce serait plus précieux que de rencontrer un quelconque compositeur ayant laissé une trace écrite.
Éphémère, la voix de maintes générations de paysans est enracinée dans nos âmes. Elle est notre patrimoine.

 


EN SAVOIR PLUS : 
Site internet de Helena Bregar

Stage du 18 au 22 août 2025 à l’abbaye 

Un atelier choral sous la direction de Daniel Bargier

Depuis l’Ile de la Réunion où il réside, le chef de chœur Daniel Bargier nous présente l’atelier-choral production qu’il encadrera du 28 juillet au 2 août 2025 à l’abbaye de Sylvanès aux côtés du pianiste Philippe Reymond.

 

Du 28 juillet au 2 août, tu encadres à Sylvanès un atelier choral pour voix de femmes : peux tu nous parler du choix du répertoire ? 
L’an passé, pour l’anniversaire de Gabriel Fauré, dans le cadre de l’Académie de Sylvanès, a été donnée la Messe des pêcheurs de Villerville pour voix de femmes. Ça m’a donné envie d’explorer ce répertoire écrit par des hommes pour des voix féminines et de proposer un travail sur cette musique, écrite en France, dans la première partie du 20e siècle.

 

Parmi ce programme musical exclusivement français, quelle en sera l’œuvre maîtresse ?
Sans aucun doute la Messe en l’honneur de Sainte Anne de Joseph Guy-Ropartz, compositeur breton injustement méconnu et que j’affectionne particulièrement. Mais les Litanies à la Vierge noire de Francis Poulenc vont nous demander également beaucoup d’attention.

 

As-tu une œuvre coup de cœur, une pépite que tu as vraiment cœur à partager avec tes stagiaires ?
Oui, bien sûr : La Messe brève d’André Caplet, dont nous ne travaillerons que des extraits (c’est une pièce « a cappella » très délicate, mais très touchante). Comme les œuvres de Maurice Duruflé, dont nous chanterons un motet, elle prend sa source dans le chant grégorien. Quoi de plus adapté au lieu et à l’acoustique de l’abbaye ?

Quel est le niveau demandé ou pré-requis pour participer à cet atelier ?
Vu l’exigence du programme proposé, dont une partie est sans accompagnement instrumental, cet atelier s’adresse à des choristes confirmées ayant une bonne oreille et une voix maîtrisée. De plus, il est indispensable d’arriver au stage partitions sues : le travail des partitions se fait « à la maison ». La répétition est le moment du travail collectif sur les partitions.

 

Comment vont se dérouler les journées de travail ? Et le concert de fin de stage ?
Elles débuteront par du travail vocal et surtout d’écoute collective, afin d’homogénéiser le son du groupe et de ménager les voix. Puis viendra le travail d’interprétation des partitions préparées : expression, phrasés, couleurs vocales, transitions entre les pièces « a cappella » et le répertoire avec piano.
À ce propos, nous aurons le privilège d’être accompagnés par l’excellent soliste Philippe Reymond au piano et je m’en réjouis !
Et puis, en guise de concert de fin de stage, nous nous produirons le samedi 2 août à 17 h dans le cadre du 48e Festival  Musiques sacrées – Musiques du Monde, ça sera sûrement un grand moment !

Sylvanès est un lieu auquel tu es très attaché, quel est ton premier souvenir dans ce lieu ou celui qui t’a le plus marqué ?
Assurément le premier concert auquel j’ai participé : c’était au milieu des années 80,  Un requiem allemand de Johannes Brahms, préparé à Saint-Céré par Michel Piquemal, et que nous étions venus donner le 15 août dans l’abbatiale. J’étais bouleversé…
… et bien loin d’imaginer que, quelques années plus tard (1990), Michel Wolkowitsky demanderait à Michel Piquemal de créer l’Académie du Festival de Sylvanès et me solliciterait pour l’assister. Au programme, le sublime Requiem de Verdi avec, entre autres, Béatrice Uria-Monzon, Gabriel Bacquier…). Et ça fait 35 ans que ça dure !

EN SAVOIR PLUS SUR LE STAGE ET SE PRÉ-INSCRIRE

Elène Golgevit : la musique comme une évidence

Elène Golgevit enseigne actuellement le chant au CNSMD de Paris. Elle-même chanteuse, elle a été et demeure la coach vocal de quelques stars du lyrique d’aujourd’hui et de demain. Sollicitée partout en France comme à l’étranger, elle encadre depuis 2010 à Sylvanès des classes de maître à destination de chanteurs professionnels. Rencontre…

De quand date votre passion pour la musique ?
Je suis tombée dedans petite. D’abord avec mes parents (une mère pianiste et un père violoniste – tous deux chefs de chœurs) mais aussi mes grands-parents paternels chez qui la musique populaire et savante était très présente. Ils aimaient le chant au même titre que la poésie, la littérature, le théâtre, cela faisait partie de leur quotidien. À plusieurs moments, j’ai voulu prendre pleins d’autres directions professionnelles et j’ai toujours été rattrapée par la musique : elle s’est imposée à moi comme une évidence. C’était vital, comme inscrit dans mes gènes.

Où vous êtes-vous formée ?
Au conservatoire de Montpellier en premier lieu, puis je suis partie en Italie me perfectionner auprès du maestro Roberto Caverni. Ce fut une rencontre décisive pour moi : j’ai découvert ce lien fort à la culture opératique. Là-bas, l’image du maçon qui chante les airs d’opéras, ce n’est pas une légende. Je l’ai vécu… l’opéra c’est dans leur ADN. J’ai réalisé alors que ce n’était pas un monde inaccessible et j’ai choisi d’y faire mon parcours de vie, épaulée par Roberto puis d’autres pédagogues. J’ai bénéficié du soutien majeur du phoniatre Benoît Amy de la Bretèque qui m’a permis d’allier à la fois un savoir de la tradition et de la science.

Quelle est pour vous la principale qualité pour être un bon coach vocal ?
Être à l’écoute de l’artiste et de tous les écueils qu’il peut rencontrer, guider avec exigence et humilité.

La promotion « Sylvanès 2024 » de la classe de maître

Nombreux sont les jeunes talents que vous avez coachés… Quel est votre regard sur leurs carrières, les suivez-vous toujours?
C’est très gentil à vous, je les suis toujours en effet, de plus ou moins près selon leurs demandes. Je suis très admirative des singularités de leurs parcours, des sacrifices qu’ils font pour faire ce métier impitoyable. J’ai un grand respect et une grande tendresse pour eux.

Quel rapport avez-vous avec Sylvanès ?
Il est unique. C’est un lieu calme et puissant qui permet de s’immerger totalement, se ressourcer avec le lieu et la nature, être ainsi dans un cocon de travail bienveillant pour aller au plus loin de son exigence. Les chanteurs aiment venir ici, c’est une bulle d’oxygène au milieu de leurs carrières tellement mouvementées par nature. Ces stages sont une occasion de faire le point sur l’évolution de leur instrument-voix et expérimenter de nouveaux rôles. Le lieu épouse totalement cette intimité tout en étant ouvert sur la nature, comme l’artiste l’est sur scène.

Elène Golgevit et sa pianiste Charlotte Bonneu lors du récital « Verdi, Puccini & Intermezzi » du 26 juillet 2024 au Festival

Quel est votre répertoire d’opéra de prédilection ?
Il est vrai que j’ai une sensibilité pour le répertoire d’opéra italien du XIXe siècle comme vous l’avez entendu cet été dans le récital que nous avons donné avec Charlotte Bonneu dans le cadre du festival de l’abbaye. Mais je suis très sensible à George Benjamin, Kaija Saariaho tout comme à Strauss, Massenet… Au delà de l’opéra, je suis gourmande de musique de manière générale sous de nombreuses formes musicales, vocales ou non, de Bach à Mahler, Britten… et nous avons la grande chance en ce moment de découvrir tant de compositrices méconnues.

 

Interview réalisé avec la collaboration de Rachel Gonzales, bénévole au service communication du Festival 2024

 

 

En savoir plus sur la classe de maître 2025 à Sylvanès

 


CE QU’ELLES DISENT DE LEUR PROFESSEUR… 

Elène est un soleil : elle réchauffe les cœurs et permet de faire rayonner notre voix et notre corps tout entier, elle sait mettre en lumière nos voix et nos personnalités artistiques. Elle nous guide dans le chemin de la carrière, elle sait être aussi la tête froide quand le cœur est trop chaud… Sans elle, mon parcours aurait été complètement différent.
Je suis pleine de gratitude pour elle.
Marine Chagnon

Cela fait 13 ans que je travaille avec Elène et je continue toujours d’apprendre à ses côtés. Elle est à l’écoute de chacun de ses élèves et sait s’y adapter. Parce qu’elle a une boîte à outils sans fond pour régler chaque problème qui pourrait se poser, je l’ai longtemps appelée « ma baguette magique ».
C’est aussi une immense pédagogue, une musicienne et une personne incroyable, d’une curiosité et d’une générosité sans limite qui évolue dans sa pratique et dans sa pédagogie encore et toujours. Pour toutes ces raisons, je me suis rendue compte qu’elle était en fait « ma fée » !

Eva Zaïcik

Elène Golgevit est un modèle de bienveillance, d’écoute et de pédagogie. Toujours disponible, dans le respect de l’artiste et de l’élève, elle parvient à instaurer une relation de confiance et à créer un environnement de travail unique pour des résultats toujours concrets. C’est une professeur rare et exceptionnelle.
Anthea Pichanick

Parmi les élèves de la classe de maître 2023 : Marine Chagnon, Eva Zaïcik et Anthea Pichanick

16e Rencontre entre Musique et Cinéma

Voilà déjà 16 ans que, pour marquer la fin de sa saison culturelle, le Centre culturel de rencontre choisit de mettre en lumière la musique dans le 7e art.
Comédies musicales d’hier et d’aujourdhui, films musicaux en tous genres, adaptations d’opéra, c’est près de 120 œuvres cinématographiques qui ont été projetées ces dernières années au Cinéma le Temple de Camarès rassemblant près de 4000 spectateurs.

Ces rencontres du film musical permettent au public cinéphile ou au simple amateur de découvrir ou redécouvrir sur grand écran les films musicaux les plus singuliers et les plus représentatifs du genre ! Et les ressources semblent inépuisables, comme en atteste la sélection concoctée cette année encore par le directeur de l’abbaye Michel Wolkowitski.

Sur trois jours, du 9 au 11 novembre 2024, près de 200 personnes ont investi la salle du Cinéma le Temple à Camarès.

C’est le fiévreux « Coco Chanel & Igor Stravinsky » de Jan Kounen qui a ouvert les festivités ! Dans ce film de 2009, le réalisateur français illustre avec délicatesse et sensualité la liaison orageuse et passionnée entre les deux génies, incarnés par Anne Mouglalis et Mads Mikkelsen, totalement habités par leurs rôles.

Autre film français évoquant la destinée d’un incroyable artiste : le magnifique film « Django » qui a remporté la meilleure jauge public de ces rencontres  ! Les spectateurs sont venus découvrir cet épisode méconnu de la vie du plus célèbre guitariste jazz de l’histoire de la Musique. Plus qu’un biopic, ce film d’ Étienne Comar dont l’action se déroule en 1943 est l’histoire d’une prise de conscience avec des scènes musicales complètement galvanisantes et un Reda Kateb stupéfiant de justesse.

Autre film biographique au programme et qui a séduit le public : le beau et poignant « Il Boemo » de Petr Václav. Le réalisateur tchèque y dresse le portrait élégant et savoureux de Josef Myslivecek, un compositeur de génie oublié, que le jeune Mozart admirait. Un grand film musical avec une bande originale exceptionnelle, des scènes d’opéras grandioses, le tout dans de flamboyants décors, costumes et paysages restituant à merveille la Venise du XVIIIe siècle.

Des histoires poignantes de rêves brisés, d’amour malheureux, de passion, d’ambition, de désir, de sacrifice : il en était aussi question dans l’étincelant film chinois « Perhaps Love » de Peter Ho-Sun Chan, une réalisation haute en couleurs, avec violons, chansons et costumes chamarrés racontant une sublime histoire d’amour sur trois décennies. Beaucoup d’émotions aussi dans le public à l’issue de la projection de la grandiose adaptation du chef-d’œuvre de Victor Hugo et de la comédie musicale éponyme : « Les Misérables » de Tom Hooper avec sa musique magnifique et ses images spectaculaires !

Le film « Sparkle » de Salim Akil où la jeune chanteuse Jordin Sparks partage la vedette avec Whitney Houston complétait cette sélection. Ce remake d’un film culte pour la communauté afro-américaine est surtout un hommage puissant à la musique soul et à l’héritage de la Motown : un drame à grand spectacle à l’énergie et l’enthousiasme communicatif qui a remporté l’adhésion du public.

Le public familial n’a pas boudé non plus son plaisir pour découvrir ou redécouvrir « Mary Poppins » de Robert Stevenson. Ce grand classique musical de 1964 qui raconte les péripéties d’une nounou pas comme les autres sous les traits de la pétillante Julie Andrews demeure un véritable hymne à la bonne humeur ! Soixante ans après sa sortie, il conserve toute sa splendeur et son pouvoir de toucher les cœurs.

Un merci particulier à la Communauté de communes Monts, Rance et Rougier pour son soutien et rendez-vous l’année prochaine pour une 17e édition de ces rencontres du film musical !

Paris, Berlin, Broadway : l’aventure continue !

Depuis son lancement en septembre 2022 sur une idée originale de Michel Wolkowitsky et un scénario d’Axel Mattei, le projet de spectacle musical « Paris, Berlin, Broadway » continue de prendre forme cet automne à l’abbaye de Sylvanès. C’est l’histoire fascinante d’un cabaret réunissant six artistes pour mettre en scène trois villes, trois périodes, trois phases autour de Paris des années 1925-1930, le Berlin des années 1930-1940 et le Broadway des années 1950-1960. 

Cet automne, les artistes se sont réunis pour deux résidences à l’abbaye, leur permettant de peaufiner le projet et d’explorer les mises en scène qui donneront vie à ce futur théâtre musical. Après de nombreuses heures de répétitions, ils sont désormais prêts à partager avec le public des ébauches prometteuses comme le précise Michel Wolkowitsky qui co-signe la mise en scène de ce spectacle avec Axel Mattei : « Nous suivrons le montage de la revue de la première à la dernière répétition, offrant ainsi au public une expérience unique, bien au-delà d’un simple spectacle musical. Ils partageront avec nous les doutes, les crises et les joies qui jalonnent les répétitions, jusqu’à un final explosif qui conclura l’intrigue ». 

Le spectacle, digne d’un polar, se déroule dans les coulisses d’un théâtre genevois au début des années 70… Il promet d’immerger le public dans ces trois époques par le chant, la danse, la mise en scène et un magnifique répertoire qui va de Satie à John Kander, de Schönberg à Franz Lehar avec une grande présence de Kurt Weill, un clin d’œil à Verdi et un salut respectueux à Georges Gershwin… Des choix musicaux savamment établis par Michel Wolkowitsky en collaboration avec Axel Mattei. A noter la participation également à ce projet de l’artiste pluridisciplinaire Olivia-Manissa Panatte pour tout le travail des chorégraphies du spectacle.

Nous retrouverons sur scène les trois charmantes chanteuses : Emilie Boudeau (Jacqueline, la chanteuse française), Sophie Hanne (Hannah, la chanteuse allemande), Delphine Mégret, (Lisbeth, la chanteuse américaine). Dans le rôle de Viktor, le directeur et metteur en scène, nous reconnaîtrons Michel Wolkowitsky. A leurs côtés, Yves Dupuis incarnera Sacha, le pianiste chef d’orchestre.

Cette équipe talentueuse nous promet une aventure créative originale.

Rendez-vous en octobre 2025 pour découvrir ce nouveau bijou concocté à Sylvanès et produit par le Centre culturel de rencontre !

Un partenariat engagé entre le Festival et l’APSH 34

Convaincue que l’art et la culture sont de puissants leviers pouvant être utilisés dans une démarche de développement social local, le Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès a fait le choix d’élargir son offre culturelle auprès des publics les plus « sensibles », publics empêchés ou en situation de handicap.

C’est dans ce cadre que le 18 juin dernier, une convention de partenariat a été établie entre le Centre culturel de rencontre  et l’APSH34 (Association pour Personnes en Situation de Handicap) – Territoire des Hauts cantons. Monsieur Éric Barraquier, directeur des Foyers et Savs de Plaisance, accompagné de trois bénéficiaires et de leur éducatrice Anissa Méniri se sont déplacés à l’abbaye pour engager officiellement ce partenariat avec Michel Wolkowitsky, directeur général de l’abbaye et fondateur du Festival.

Pour les acteurs de l’APSH34, « La culture nous enrichit, nous rassemble en ouvrant une porte vers de nouvelles expériences. Et parce que l’accès à la culture est l’un des piliers de l’égalité des chances, les Foyers de L’APSH34 des Hauts Cantons se mobilisent en ce sens dans leur proposition de prestation d’accompagnement. L’accès aux évènements culturels reste un défi majeur, que ce soit en raison des barrières financières, physiques ou sociales. C’est pourquoi nos équipes mènent une réflexion continue contribuant à favoriser l’accessibilité pour les personnes accompagnées. Pour qu’elles puissent pleinement bénéficier de la richesse artistique et intellectuelle qu’ils offrent.»

L’abbaye de Sylvanès s’est donc engagée auprès des résidents de l’APSH 34 à faciliter leur accès aux concerts du Festival des Musiques Sacrées et du Monde jusqu’au 1er septembre 2024 en leur faisant bénéficier d’un tarif préférentiel. Un partenariat qui sera certainement reconduit à chaque édition !

« Je connais le lieu parce que je m’y intéresse, je suis vraiment curieux d’y voir un concert.»précise Yoann.


« C’est vraiment super, on va découvrir des musiques qu’on ne connait pas, que l’on n’a jamais entendu, ça va être une découverte !!! et puis c’est des bons moments de partage pour nous tous » renchérit Cécilia.

 

Oui, la musique se partage ensemble à Sylvanès et l’édition 2024 du Festival répondra encore une fois de plus aux objectifs fixés par le centre culturel de rencontre : Expérimenter, partager, transmettre  ! 

 

L’école de l’oralité continue d’explorer notre territoire !

Pour la quatrième année consécutive, le partenariat renouvelé entre l’École de l’Oralité et le Centre Culturel de Rencontre de l’Abbaye de Sylvanès vise un projet de création avec des publics identifiés sur notre territoire. En 2024, le projet concerne deux classes de 6e, soit une cinquantaine d’élèves du collège Saint-Michel de Belmont-sur-Rance et s’appuie sur les spécificités du territoire pour poursuivre l’exploration initiée les années précédentes, à savoir la résonnance entre notre région Occitanie et d’autres contrées plus lointaines.
Au-delà de la formidable aventure humaine et artistique que représente ce projet, l’intention est d’illustrer que nos différences ne doivent pas nous désunir mais au contraire nous enrichir car au final, et depuis toujours, nous sommes tous les « habitants d’un même monde ».

Des ateliers de pratique artistique dans les classes

Cette année, le travail se construit étroitement en lien avec le PEAC mené au sein de l’établissement par les enseignant(e)s. En s’appuyant sur les spécificités géographiques naturelles du territoire, il vient questionner le lien et l’impact de la vie des hommes sur le patrimoine naturel, de l’exploitation à la préservation.
C’est Sylvère Décot et Benoit Feugère qui animeront les ateliers dans les classes. De par leur formation et leur polyvalence, ils accompagneront le projet par le biais de pratiques artistiques très variées telles le chant (répertoires traditionnels en langue occitane), les percussions (digitales, corporelles…) ou encore la manipulation instrumentale en vue de créer des paysages sonores.
Pour mémoire, la pédagogie originale mise en œuvre pour ce projet est fondée sur l’apprentissage et la transmission par l’oralité et s’appuie avant tout sur le dialogue où chacun a la possibilité d’affirmer son identité. Ainsi, les connaissances et compétences sont transmises par l’observation, l’écoute, le mimétisme et l’immersion. La confiance et la bienveillance font partie de ce processus dont l’objectif est de placer tous les apprenants sur un pied d’égalité face à la pratique artistique, indépendamment de leurs bagages personnels.

Rencontre avec des témoins et porteurs de mémoire scientifique, sociale et culturelle
Afin de nourrir la réflexion des élèves et enrichir le travail de création, plusieurs rencontres seront organisées avec des témoins venus donner voix à un récit multiple du territoire. Comprendre la richesse et la spécificité de son territoire permet tout à la fois de mieux se l’approprier et de s’ouvrir sans crainte à l’autre…

CALENDRIER

Les premières interventions dans les classes se dérouleront les 25 et 26 janvier, puis les 25 et 26 mars 2024, 22 et 23 avril, 13 et 14 mai et enfin les 17 et 18 juin avec restitution publique à l’Abbaye de Sylvanès le mardi 18 juin 2024.

Des hommages à Gabriel Fauré en 2024 !

Gabriel Fauré (1845-1924) s’est éteint il y a un tout juste siècle et notre attachement à sa musique est intact. L’occasion est donc belle pour le Centre culturel de rencontre de commémorer le compositeur français lors de deux ateliers choral-production pour choristes amateurs confirmés. Ces deux stages donneront lieu à la production de concerts dans le cadre du 47e Festival de Musiques Sacrées- Musiques du monde les 21 juillet et 15 août 2024.

Bernard Tétu ouvrira les festivités avec son Atelier choral-production qui se déroulera du 15 au 21 juillet à l’abbaye de Sylvanès.
Au programme, une suite de musiques françaises en hommage à Gabriel Fauré : un programme original, ambitieux et varié ! Parmi les œuvres de Gabriel Fauré au répertoire de ce stage, on y trouvera : sa Pavane  au thème inoubliable ou encore Les Djinns œuvre spectaculaire qui reprend la construction « en losange » du poème de Victor Hugo sans oublier l’intense Cantique de Jean Racine.


Des œuvres plus rares et inclassables d’autres compositeurs français seront aussi au programme de l’Atelier choral comme le grand Chœur d’ombres d’Hector Berlioz, une œuvre extrêmement impressionnante et émouvante, un extrait des 7 paroles du Christ en croix de César Franck en particulier un choeur de foule au refrain puissant et provocateur !

Francis Poulenc sera mis aussi à l’honneur avec des extraits du Gloria et un chœur de sa cantate très peu connue intitulée Sécheresses : le village abandonné.

C’est avec deux œuvres majeures du répertoire de musique sacrée que Michel Piquemal, à la tête de sa 35e Académie de choeurs, rendra aussi hommage au génie de Gabriel Fauré. Le stage se déroulera du 7 au 15 août 2024 à Saint-Affrique où près de 80 choristes sont attendus pour travailler l’émouvant Requiem de Fauré et la Messe des pêcheurs de Villerville, écrite avec André Messager.

Gabriel Fauré, également organiste et maître de chapelle à l’église de la Madeleine, explore tout en douceur la richesse chorale héritée des formes liturgiques anciennes, tout en insufflant dans son Requiem un style singulier, qui évite les effusions dramatiques alors en vigueur. Dans un esprit similaire, la Messe des pêcheurs de Villerville, écrite avec André Messager alors que les deux hommes se reposaient sur la côte normande, se distingue par sa modestie et sa délica­tesse. Peu jouée, cette messe pour chœur de femmes per­mettra de ressaisir toute la subtilité du style français, que Fauré a fait entrer avec succès dans le répertoire religieux.

Plus de détails sur ces deux ateliers et demande d’inscription sur  : https://sylvanes.com/stages/formation-vocale/

 

TRIBU[T] : une création danse et musique live en 2024

C’est dans le cadre d’un projet inédit de coopération internationale entre le Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès, le Centre culturel de rencontre international John Smith (Bénin) et la Cie Empreintes (Occitanie), que le projet Tribu[T] verra le jour au printemps 2024.

Tribu[T] : une épopée mi disco, mi vaudou pour explorer la force et la puissance des rituels
TRIBU[T] qu’es acquo ? C’est un projet de création chorégraphique imaginé et porté par Clémence Baubant, danseuse, chorégraphe et pédagogue puisant une large part de son inspiration dans ses origines caribéennes. Avec Tribu[T], elle explorera les rituels collectifs et questionnera nos représentations face au groupe ou à ce que l’on en perçoit.

Tribu[T] : un dialogue entre tradition et modernité
Partant du postulat que le groupe se réinvente quelles que soient les situations traversées par les communautés humaines, Tribu[T] traitera de la manifestation du corps collectif et de ses métamorphoses. De la manifestation au rituel, du rituel à la horde : le projet questionnera les divers attributs de la « tribu ».

Pour mener à bien cette nouvelle création, Clémence Baubant axera ses recherches sur la pratique des rituels Vaudou au Bénin, sur la philosophie du Bigidi en Guadeloupe et sur l’étude d’iconographies des manifestations occidentales telles que celles de mai 1968 en France.

La Cie Empreintes , Fondation Royaumont ©Laurent Paillier

Des élèves danseurs et spectateurs : un itinéraire d’éducation artistique pour les scolaires
A l’Abbaye de Sylvanès, il n’est pas rare qu’un projet naisse dans le projet ! C’est le cas pour Tribu[T] qui se voit enrichi d’un volet de médiation artistique pour les scolaires développé par le Département de l’Aveyron.

>> Quatre classes d’école élémentaire bénéficieront chacune d’un atelier de 2h de pratique artistique durant lequel elles exploreront la danse, les percussions corporelles et la découverte de rituels traditionnels caribéens.

>> Deux classes de collège bénéficieront de trois ateliers de 2h de pratique et de création chorégraphique pour expérimenter les fondamentaux de la danse à travers les thèmes du rituel, de la coopération, du groupe et de la liesse collective.

Au total, Clémence Baubant animera 10 ateliers de pratique artistique (soit 20 heures) auprès de six classes qui seront toutes invitées à participer à la création du spectacle fin avril 2024 à l’Abbaye de Sylvanès aux côtés des danseurs professionnels de la Cie Empreintes et des musiciens professionnels du Bénin.