Retours d’expérience de stagiaires en chant traditionnel et corse

Du 16 au 19 juillet, se sont déroulés à l’abbaye les stages de chant « Polyphonies traditionnelles » et « Polyphonies corses », encadrés respectivement par Pascal Caumont, chanteur, collecteur et professeur au Conservatoire Régional de Toulouse, et Nadine Rossello, chanteuse et musicienne. L’occasion pour les participants de découvrir ou approfondir les chants occitans et corses.

Le jour de la restitution du stage de polyphonies traditionnelles, Swan et Floriane nous font par de leurs ressentis lors d’une interview :

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
F : « Je m’appelle Floriane, je suis dans la fin de la trentaine comme disent les Anglais. J’habite à Sète et c’est la première fois que je viens faire un stage de chant à Sylvanès. »
S : « Je m’appelle Swan, j’ai la mi-trentaine, je suis psychothérapeute et je travaille dans un institut qui s’appelle « Institut des arts dévotionnels », basé en Espagne, dans lequel on organise diverses retraites et résidences, dont une qui pourrait peut-être partiellement se dérouler ici. Donc je suis venu à la fois pour le stage, rencontrer Pascal et découvrir le chant occitan, mais aussi à la fois pour découvrir le lieu et rencontrer Michel Wolkowitsky ».

Où avez-vous-tu entendu parler de ce stage ?
F : « D’abord j’ai cherché sur internet un stage de chant pour cet été et de fil en aiguille je suis tombée sur le site de l’abbaye. J’ai une amie qui est déjà venue ici et qui m’avait recommandé cet endroit. »

Quel est votre ressenti par rapport à l’abbaye ?
S : « Je pensais que c’était plus grand, qu’il y aurait plus de bâtiments, mais sinon je trouve qu’il y a eu de belles rénovations. Je loge dans le dortoir, je le trouve chouette ! »
F : « Moi j’ai eu des belles sensations quand on a chanté dans la salle capitulaire et dans l’abbatiale, j’ai eu des frissons, il y a une très belle résonance. C’est quand même un endroit dans lequel on se sent bien. »

Et en ce qui concerne les rencontres que vous avez pu faire ici pendant le stage, avec les autres stagiaires, les formateurs, le personnel ?
S : « Très accueillants, chaleureux. »
F : «  Beaucoup de positif ! »
S : « J’ai apprécié qu’on prenne en compte l’histoire du lieu, et la vie spirituelle qu’il y a pu y avoir, et comment on a continué d’une manière ou d’une autre à la faire vivre. C’était aussi intéressant d’en apprendre plus sur André Gouzes, et le fait qu’il y a encore des offices ici, même s’il y en a moins qu’avant d’après ce que j’ai pu comprendre. On voit qu’il y a une encore vie spirituelle ici et que ce n’est pas seulement un bel édifice qu’on utilise comme lieu purement culturel. »

Le fait que les visiteurs circulent dans l’abbaye durant le stage…
S : « Ça ne m’a pas dérangé. On voit qu’il y a des personnes qui visitent l’abbaye comme un lieu purement culturel, d’autres que je vois s’agenouiller devant l’eau bénite à l’entrée, c’était intéressant de voir tout ça. »

Votre ressenti par rapport au formateur Pascal Caumont ?
S : « Excellent, expert en son domaine mais aussi très abordable, une connaissance autant technique que théorique, de belles histoires à raconter, on le sent ancré dans sa région. »
F : « Génial, on l’écoute des heures durant et on ne s’ennuie pas ».

Vous connaissiez déjà les chants occitans ?
F : « Oui, moi je chante des chants occitans autour de chez moi, et là c’était le côté chant pyrénéen qui m’intéressait, et effectivement c’est une plongée dans l’histoire des vallées pyrénéennes, Pascal a plein d’anecdotes à raconter, une grande culture à ce sujet. »
S : « Moi je suis nomade mais je suis principalement en Espagne. Mon beau-père était de Cahors, il parlait un peu occitan donc j’ai un lien particulier avec cette région. C’est la première fois que je participe à un stage, j’en connaissais quelques-uns et je pratique d’autres polyphonies, surtout géorgiennes. »

Est-ce que ça vous a donné envie de faire d’autres stages, d’approfondir ?
F : « Moi oui, notamment le chant corse. Ma grand-mère est corse et quand je les entends chanter, j’ai l’impression qu’il y a tous mes ancêtres qui chantent aussi. Donc je pense que je reviendrai pour ce stage. »
S : « Énormément de stages m’interpellent, notamment les chants sacrés profanes, et j’espère pouvoir en donner également avec mon projet. »
F : « Quel stage tu donnerais alors ? »
S : « En gros ce serait un stage de chants interreligieux, participatif, avec une partie d’improvisation en langue cinétique, en hébreux, en amharique et en araméen. »

Le lendemain, Véronique et Laila nous font part de leurs ressentis avant la restitution du stage de chants Corses :

Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots, nous dire ce que vous faites dans la vie ?
V : « Je viens de Marseille et je travaille avec des artistes que j’accompagne du point de vue administratif et sur la conception de projets. »
L : « J’habite à Tel Aviv, je suis franco-israélienne et je travaille avec la voix. J’apprends, j’enseigne et je crée avec la voix. »

Vous avez entendu parler de ce stage par quel biais ?
V : « Par une amie qui l’a fait l’année dernière et qui m’avait parlé de la formatrice en me disant qu’elle était vraiment exceptionnelle. Et puis ce cadre de l’abbaye est vraiment agréable. »

Vous connaissiez déjà Sylvanès ?
V : « Pas du tout, j’avais déjà chanté à l’abbaye Notre-Dame de Sénanque, à la Chaise-Dieu aussi et je trouve qu’il y a une atmosphère vraiment propice à ça, ce sont des lieux qui ont été construits pour ça, donc travailler la voix dans ce cadre là est vraiment intéressant. »

Vous avez pu chanter dans le scriptorium, salle capitulaire et l’abbatiale, quelle était votre expérience dans chacune de ces pièces ?
L : « On a travaillé essentiellement dans le scriptorium, un peu aussi dans la salle capitulaire. »
V : « Ce sont des expériences complètement différentes, donc on travaille de trois façons différentes. »

Comment vous sentez-vous avant la restitution de toute à l’heure, prêtes ?
L : « D’un côté, on est toujours prêt avec ce qu’on a, on a reçu pas mal durant ces derniers jours. Puis en même temps on sent à quel point c’est un tout petit bout de travail, c’est passé vite et on a envie d’approfondir. Mais c’est déjà beaucoup. »
V : « Il y a aussi un vrai travail qui allie l’apprentissage du répertoire et la technique, au rapport au corps, ça c’était nouveau pour moi, car je trouvais que c’était assez peu abordé jusqu’à présent dans les autres stages que j’ai pu faire. »

Vous aviez déjà eu l’occasion de faire des stages de chant ?
V : « Oui j’ai déjà fait des stages de chants corses ».
L : « Moi je pratique beaucoup de types différents de polyphonies et de chants traditionnels, de façons d’approcher la voix, de pédagogies différentes. En fait je cherchais un lieu pour faire des résidences et c’est comme ça que j’ai trouvé sur internet l’abbaye. Ce qui m’a plu c’est que le programme est vraiment dans la direction qui m’intéresse. En fait j’ai jamais fait de stage de chants corses, je connaissais juste quelques chansons mais je n’avais jamais plongé dans ce répertoire et dans cette façon de faire, placer la voix, chercher le son commun du groupe, mettre en place les harmoniques.

Qu’est ce qu’il y a de particulier dans l’approche de Nadine pour ce stage ?
V : « Le fait qu’elle appuie beaucoup sur cette question de la résonance du corps et sur le placement de la voix, c’est vraiment un plus qu’elle amène, pare qu’il y a certains enseignements qui sont plus axés sur l’apprentissage des chants et d’un répertoire, ou le travail d’une messe en particulier. Là on est revenus sur les fondamentaux de la technique et je trouve ça vraiment intéressant. »
L : « Il y a aussi le fait de chanter juste ou de trouver l’harmonie entre les voix. Pour Nadine, tout est dans le placement, dans la façon d’ancrer la voix dans le corps et c’est là que l’ajustement des notes se met en place. Donc s’il faut réajuster un accord, c’est dans le corps que ça se passe, pas dans le fait de penser « plus haut, plus bas ». »

Vous êtes donc globalement satisfaites du déroulement de ce stage ?
L : « Oui, vraiment, c’est très très intéressant ! »
V : « On regrette qu’il n’y en ait qu’en été en fait ! »

Le fait que l’abbaye soit assez isolée géographiquement, ça n’a pas posé de problème ?
V : « Non, du moment qu’il y a toute l’infrastructure d’accueil, l’hébergement, la nourriture, travailler sur le long terme 4-5 jours comme ça c’est bien, c’est important car ça permet de rentrer dans la démarche. »
L : « C’est un challenge pour venir, pour celles qui n’ont pas de voiture. Mais le fait en soit que ce soit éloigné, au contraire, c’est chouette d’être déconnecté, proche de la forêt comme ça. »

Vous avez pu faire de belles rencontres cette semaine ?
V : « Il y a une même passion déjà à la base, il n’y a pas forcément les mêmes attentes ni les mêmes pratiques en amont mais on se retrouve sur cet amour du chant et de la voix, de ce travail de connexion par la voix. Donc ça crée tout de suite des accointances. Moi j’ai même retrouvé des gens que j’avais déjà rencontrés en Sardaigne dans un stage de chants corses aussi. En France je pense vraiment que ces formations autour des chants du monde ce sont beaucoup développées et du coup maintenant il y a une population qui tourne sur ces stages. »

D’autres stages que propose l’abbaye vous intéressent aussi potentiellement, en dehors des formations vocales, la géobiologie par exemple ?
V : « Alors ça voilà, j’ai découvert ça, je ne savais même pas que ça existait, du coup j’ai trouvé ça intéressant parce que c’est toujours une question de perception, c’est développer un rapport à l’espace, à l’architecture, c’est aussi intéressant que ce qu’on fait en chant, qui est de développer notre perception à l’autre. Donc pourquoi pas travailler là-dessus par curiosité. »

Un petit mot pour clôturer notre échange ?
V : « Je suis vraiment ravie d’être passée ici et de ce cadre, je suis vraiment touchée par l’atmosphère du lieu, le fait aussi d’entendre une chanteuse lyrique en ce moment-même, on sent que c’est un lieu dédié à la musique. »
L : « C’est chouette cette ambiance. Quand on passe quelques jours à chanter ensemble, forcément il se passe des choses, du point de vue émotionnel, spirituel, que ce soit présent de façon évidente ou pas c’est là quoi. »
V : « On a eu des jolis moments en dehors aussi, on s’est retrouvés sous le tilleul le soir à chanter, c’était chouette. »

Interviews réalisés par Loane, stagiaire au sein du service communication

Mohammad Reza Rahesh en résidence à l’abbaye

Dans le cadre d’une résidence artistique au travers du programme NORA coordonné par l’ACCR,  l’abbaye accueille depuis le 24 juillet Mohammad Reza Rahesh, musicien et chanteur afghan hazara qui a émigré en France. Jusqu’au 7 août, il travaille sur son projet de recherches ethnomusicologiques sur la musique hazara. Il a échangé avec nous sur son séjour à Sylvanès.

Tu peux te présenter et nous dire ce qui t’a amené à Sylvanès ?
R: « Je m’appelle Reza, j’ai 27 ans et je viens d’Afghanistan, de Kaboul plus précisément, mais je suis né à Bâmiyân, au centre de l’Afghanistan. Je suis en France depuis août 2021, quand les Talibans se sont installés dans le pays. Donc j’ai quitté l’Afghanistan dans des conditions très difficiles, j’ai pu être accueilli ici grâce à l’ambassade de France, comme tous les artistes dans mon cas. J’habite à Dijon depuis, j’étudie la langue française et je travaille avec un atelier à Paris, l’atelier des artistes en exil. L’année dernière, j’ai parlé avec le directeur de cet atelier, et j’ai proposé un projet dans lequel je voulais travailler sur le style de musique Hazara, une musique traditionnelle d’Afghanistan. Hazara *, c’est une nationalité en Afghanistan, alors que la nationalité afghane est imposée. Je suis moi-même Hazara. Mon projet a été accepté et je suis venu ici. »

Comment se passent tes journées à l’abbaye ?
R : « Je fais des répétitions, je joue du Damboura, un instrument de musique traditionnelle afghan. Je prends des cours de chant avec Michel Wolkowitsky, le directeur et nous préparons un concert qui sera donné ce jeudi 3 août à 14h30 à l’abbaye. Je choisis de faire découvrir cinq styles de musique traditionnelle de chaque région d’Afghanistan, puis je les adapte à ma façon. »

Tu as pu assister à des concerts du festival et des récitals, qu’en as-tu pensé ?
R : « Oui c’était génial, j’ai déjà pu assister à quelques concerts à l’opéra de Dijon, ça m’a beaucoup plu. J’ai pu rencontrer des musiciens et chanteurs ici, ils sont très professionnels et très doués. »

Une rencontre en particulier qui t’a marqué ?
R : « Oui, la professeur de piano Charlotte Bonneu et la professeur de chant Élène Golgevit, j’ai pu échanger avec elles pendant le stage de chant lyrique. »

Quels sont tes futurs projets ?
R : « Je vais me réinscrire à l’université de Dijon pour continuer d’apprendre le français, puis continuer des études de musicologie et m’inscrire au conservatoire. »

 

Propos recueillis par Loane, stagiaire au service communication

 

Mohammad Reza Rahesh ouvrira une fenêtre sur son univers artistique à l’occasion d’un petit concert public ce jeudi 3 août à 14h30 à l’abbaye. 

* Les Hazaras sont une des ethnies afghanes persanophones issues de diverses cultures d’Asie centrale. Le peuple Hazara subit des persécutions depuis des siècles et leur culture est interdite depuis le retour des Talibans.

Stage Interprétation & Technique vocale : Retour d’expérience

La semaine dernière, du 3 au 9 juillet, s’est déroulé à l’abbaye le stage de chant « Technique vocale & Interprétation », encadré par Frédéric Gindraux et Jean-Philippe Clerc au piano. L’occasion pour les huit jeunes participants de perfectionner leur art.

Chloé, 26 ans, nous fait part de son ressenti à propos du stage :
C : J’adore le lieu et les professeurs ! Je suis déjà venue faire ce stage il y a 2 ans, avec Frédéric et Jean-Philippe, avec qui j’avais pu également travailler lors d’un autre stage encore 2 ans auparavant. Donc je les suis et en plus j’adore le lieu, ça détend et on travaille les choses qu’on aime ! Des camarades de classe m’avaient parlé de ce stage, donc ça fonctionne beaucoup au bouche à oreille.

Tu fais des études de chant ?
C : Oui je suis au conservatoire de Toulouse depuis au moins 6 ans.

Quelles sont selon toi les qualités des professeurs ?
C : Ils sont très pédagogues, à l’écoute, toujours bienveillants, c’est impressionnant. À Toulouse il y a aussi de la bienveillance mais beaucoup de pression, donc quand on a des difficultés c’est pas toujours évident.

Et le répertoire proposé dans ce stage te plaît ?
C : Oui j’adore. De toute manière, chanter c’est pour moi une sorte de méditation, je suis accro !

Tu as pu rencontrer d’autres jeunes, comment ça se passe ?
C : Ce groupe est particulièrement très agréable, il y a une très bonne ambiance, on s’entend très bien, on se retrouve souvent tous ensemble en fin de journée pour aller boire un verre.

As-tu déjà conscience des progrès que tu as réalisés, ou que les professeurs ont mis en avant ?
C : Oui, grâce à la comparaison par rapport à mon stage d’il y a 2 ans, ils ont pu me dire que j’ai réussi à me centrer sur moi, dans le sens où j’arrive à gérer mes points faibles, ils ont remarqué la différence. Par exemple, j’écris au lieu d’enregistrer, car j’ai tendance à ne pas écouter jusqu’au bout ce qu’on me dit à cause de mon manque de concentration. Ils m’ont fait remarquer plein de petites choses avec bienveillance, alors que d’autres professeurs pourraient avoir tendance à me dire ce qui ne va pas au lieu de mettre en valeur les choses positives.

Et ton ressenti par rapport à l’audition publique de demain ?
C : J’ai hâte, j’aime trop la scène. Et puis c’est devant une petite audience, il n’y a pas de spécialistes devant lesquels on va se présenter, pas d’évaluation donc c’est pas trop stressant.

Les stagiaires ont pu montrer leurs progrès dimanche dernier à 17h au scriptorium devant un public très encourageant ! Bravo à eux, on espère les revoir bientôt à l’abbaye !

Jean-Marc Andrieu et Christopher Gibert présentent leur atelier d’été

Dans le cadre du 46e festival de Sylvanès, les amateurs avertis auront l’opportunité de participer à un atelier choral-production d’une semaine du 7 au 13 août. Dirigés par Jean-Marc Andrieu et Christopher Gibert, les participants auront l’occasion de travailler sur deux œuvres emblématiques : la Messe Assumpta est Maria de Charpentier et le Motet Cantate Domino de Campra. Les deux chefs d’orchestre nous ont révélé les détails de cet atelier lors d’une interview.

Jean-Marc, quelle est l’histoire derrière ce choix d’interpréter ce Motet de Campra, un morceau inédit ?
Au cours de mes recherches pour la production du programme de grands motets de Blanchard créé au Festival de Radio-France à Montpellier, j’ai consulté les manuscrits originaux de ces motets à la Bibliothèque Nationale. Quelle ne fut pas ma surprise d’y trouver un motet de Campra ! D’après mes recherches je pense qu’il doit être inédit, et j’ai attendu la meilleure occasion pour le créer : elle se présente à Sylvanès !

La Messe Assumpta est Maria, chef d’œuvre religieux du baroque français est qualifiée d’une des plus belles œuvres de Marc-Antoine Charpentier. Christopher, le confirmez-vous ? Avez-vous une référence discographique à conseiller ?
Oui c’est un monument de la musique française du Grand siècle. Je suis toujours fasciné par la puissance émotive et passionnée de l’écriture de Marc-Antoine Charpentier, c’est à la fois subtil, accessible et transcendant. Il y a de très belles versions de cette œuvre, mais la plus belle sera évidemment celle vécue lors du concert du 13 août ! 

Racontez-nous votre rencontre tous les 2, comment avez-vous été amenés à travailler ensemble ?
JMA : J’ai eu le grand plaisir de recruter Christopher comme professeur de chant choral et de direction de chœur au conservatoire de Montauban deux ans avant de prendre ma retraite : nous avons immédiatement sympathisé et j’ai vite compris que j’avais fait un recrutement exceptionnel.
CG : Et ce fut pour moi une grande joie d’être recruté à Montauban avec un projet musical exigeant et de qualité. Nous avons en effet tissé les liens étroits et nous nous sommes souvent retrouvés dans des échanges musicaux qui ont parachevé ce lien désormais artistique et amical.

Comment comptez vous aborder ce partage de la direction dans le cadre de cet atelier – production à Sylvanès ? 
JMA : Nous allons bien préparer ensemble ce stage en nous répartissant le travail ; un planning sera proposé aux stagiaires, qui alternera les séquences de pupitre, de tutti, de justesse, de prononciation, de phrasé, etc.
CG : J’ajouterai que c’est aussi un moment de musique partagé, où la pluralité des expériences des choristes est toujours enrichissant. C’est un travail « de troupe » durant une semaine qui va nous mener à un concert entourés de fabuleux professionnels instrumentistes et chanteurs.

Les stagiaires auront le privilège de travailler avec l’orchestre et les solistes des Passions, les choristes professionnels du chœur Dulci Jubilo et de chanter à leurs côtés pour le concert du 13 août (17 h en l’abbatiale de Sylvanès) dans le cadre du 46e festival.

BILLETTERIE CONCERT DU 13 AOÛT 

PROGRAMME & DÉROULEMENT DU STAGE

Nicole, pour toujours dans nos cœurs

Un bien cruel début de printemps à l’abbaye… Notre chère amie Nicole nous a quittés dans la nuit du 22 mars, nous laissant tous dans une profonde tristesse. Investie depuis de nombreuses années dans l’aventure de l’abbaye, elle avait choisi, il y a peu, de s’installer en sud-Aveyron auprès de son frère Michel Wolkowitski.

Ce dernier lui a rendu un vibrant et émouvant hommage lors de ses obsèques le lundi 27 mars en l’abbatiale de Sylvanès :

« Nicole, ma chère Nicole, ma Sœur !
Nous voilà tous réunis pour un dernier adieu. L’ émotion est immense.
C’est avec la douceur du  printemps que tu t’es envolée vers les grands espaces,  dans un ultime voyage, vers ta demeure d’éternité où tu vas désormais reposer. […]

Depuis plusieurs années tu avais repris le chemin de Sylvanès. Ici tu as retrouvé une joie de vivre, une sérénité profonde après des années d’épreuves et de solitude affective. Tu redonnais du sens à ta vie, dans l’amitié et le service des lieux.
Les longs séjours que tu as fait chez moi avant de t’installer à Camarès nous ont donné l’occasion de mieux nous connaître, de partager nos lectures, nos questionnements sur la vie, nos soucis, nos doutes et  parler de cette foi qui nous habitait. Nous aimions aussi évoquer des souvenirs de familles, une belle façon de rendre bien présents tous nos chers disparus.

Comment ne pas te remercier, remerciements auxquels j’associe toute mon équipe pour ton engagement à l’abbaye,  bénévole et dévoué. Tu as su pleinement trouver ta place, prendre des responsabilités, tenir tes engagements.
Accueillir les visiteurs, les stagiaires, les artistes et les festivaliers avec grâce et sourire, sans compter ton temps,  si bien que parfois je t’interdisais de venir pour que tu puisses de te reposer un peu.
Tu t’es refait un coin de vie à Camarès où, là aussi, tu inspiras beaucoup de sympathie dans le village.
A Sylvanès, tu avais pris ce lieu et ses occupants en amour. Ils te le rendaient bien.
Tu étais devenue la mamie dynamique de toute l’équipe partageant leurs soirées,  leurs rigolades,  le traditionnel apéritif à la terrasse du café les soirs d’été.
Je sais combien leurs cœurs sont aujourd’hui, attristés.

J’ai été particulièrement impressionné et ému par les centaines de témoignages que nous avons reçu sur les réseaux sociaux, venant même du Liban et de l’Inde ! Tous évoquaient ta gentillesse, ton élégance, ta discrétion, ton sens de l’accueil, ton sourire lumineux et joyeux, l’écoute que tu avais pour certains.

Tu vas laisser un grand vide ! Tu vas nous manquer, tu vas me manquer.
La vie va reprendre son cours avec cette douloureuse présence de l’absence qui se fera chaque jour plus mystérieuse.
Tu ne seras jamais plus où tu étais mais tu seras toujours là où nous serons, bien vivante dans le cœur et les pensées de ceux qui t’aiment.
Quand la tristesse se sera adoucie, seuls les beaux souvenirs demeureront, comme de douces sensations de ces moments de bonheur partagés.

Nicole et Michel – 25 juillet 2021 – Abbaye de Sylvanès

Va tranquille et en paix !

Respire et savoure le grand air de l’éternité.

Ton empreinte est posée !

Tu as marqué ces lieux !

Repose en paix en cette terre de Sylvanès auprès des tiens qui t’ont précédée.

Enracinée tu l’es et tu le resteras !

A jamais dans nos cœurs tu vivras. »

 

Michel Wolkowitsky, 27 mars 2023

 

Milena Jeliazkova, l’amour de la Bulgarie

Profondément attachée à l’abbaye, la chanteuse bulgare Milena Jeliazkova inaugurera la saison 2023 des stages de chant du Centre culturel de rencontre du 12 au 16 avril avec  un stage de chants traditionnels bulgares. Un autre suivra à l’automne du 18 au 22 octobre. Cette artiste aux talents multiples nous en dit plus sur les deux répertoires spécifiques qu’elle abordera cette année, sur sa passion de transmettre l’art bulgare et sur son tout premier roman…

 

• Ce sont deux stages inédits de chants traditionnels bulgares que tu proposes en avril et en octobre, peux-tu nous en dire plus sur ces répertoires ?
J’ai eu envie cette année de proposer deux thématiques bien spécifiques.
En avril (12 au 16), les chants bulgares de rituel seront à l’honneur. Ils sont liés de manière fonctionnelle à certaines coutumes et dépendent en grande partie directement du lien très fort du peuple bulgare avec la Nature. Ce sont des chants du calendrier, reliés depuis des siècles à un jour férié comme par exemple Noël, le Jour de Lazare, (fête orthodoxe : le samedi avant le dimanche des Rameaux), le jour de Enyo (jour du solstice d’été le 24 juin), etc. Il s’agit aussi en partie de chants de coutumes familiales, autrement dit de chants non liés à un jour précis du calendrier mais liés à certaines occasions comme un baptême, un mariage, ou un inhumation. J’accompagnerai l’apprentissage de chaque chant de l’explication du rituel ou de la coutume correspondant(e).

En octobre (18 au 22), je propose une promenade musicale dans la péninsule balkanique. Les chants où la part du Merveilleux est importante m’intéressent tout particulièrement. Carrefour des Civilisations et des Empires divers, terres pétries de mythes et légendes, les Balkans fascinent sans cesse l’imaginaire collectif occidental parce que les pays qui les composent véhiculent encore aujourd’hui des croyances païennes très anciennes. Ici se croisent et cohabitent des vampires et des dragons, des nymphes maléfiques et des ogres bienveillants ; Orphée, Drakula et Krali Marko (héros de guerre légendaire) y sont nés. J’aimerais que le temps s’arrête pendant ces quelques jours de stage… Qu’avec les stagiaires nous puissions nous extraire du temps humain, régi par la montre et la fuite toujours en avant, pour nous plonger dans un univers onirique d’antan, saisi dans une sorte d’éternité, à travers des chants traditionnels de Bulgarie, Macédoine, Grèce, Serbie, Croatie, Roumanie….

Une répétition du stage de polyphonies bulgares à la Chapelle russe de Sylvanès

• Quelle méthode privilégies-tu lors de tes stages ?
L’enseignement oral. Les danses traditionnelles aussi, pour mieux intégrer les rythmes. Transmettre oralement veut dire chanter inlassablement une mélodie jusqu’à ce qu’elle soit apprise, jusqu’à ce que l’élève entende jusqu’au plus petit intervalle, jusqu’à ce qu’il saisisse la plus infime subtilité de pulsation, de dialecte et de son. Cela l’oblige à rester vigilant à son état corporel et émotionnel, dans une posture d’ouverture sensorielle totale à son environnement, tandis qu’avec un apprentissage par partition le mental est seul le grand meneur du jeu.

• Ces stages sont ils ouverts à tous ? Quels sont les pré-requis souhaités pour y participer ?
Mes stages sont ouverts à toute personne qui aime chanter, qui a déjà une bonne expérience individuelle ou collective de chant, quel qu’il soit, une oreille bien développée, et une curiosité d’esprit et de cœur.

• Depuis quand encadres-tu des stages à Sylvanès ? Quelle est pour toi la particularité de ce lieu de transmission ?
J’ai la joie et l’honneur d’animer des stages à l’Abbaye de Sylvanès depuis 2016, une ou deux fois par an. J’aime transmettre particulièrement ici, car le lieu est pétri d’histoire, son âme vibre magnifiquement, puisque l’énergie est haute. Grâce à Michel Wolkowitsky et à son équipe, ce lieu vit de musiques, de danses, de livres, d’expositions de peintures et de sculptures, d’enseignements classique et du monde, d’art au sens large – les gens qui le fréquentent, que ce soit nous les artistes ou le public, y viennent pour se ressourcer, pour nourrir leurs âmes, pour s’élever. Ici, dans cet écrin, je ne transmets pas seulement les codes de la musique de mon pays, j’y transmets aussi son âme, et c’est toujours bien accueilli.

 

Milena Jeliazkova et ses stagiaires dans l’abbatiale de Sylvanès

• Tu es chanteuse, enseignante, coach artistique, peintre… et nouvelle corde à ton arc, tu as récemment écrit ton premier roman. On dit en général que le premier roman d’un auteur est très autobiographique. Dans « la Bulgare » paru le 30 déc. 2022 chez Hello Editions, est-ce qu’il y a une part personnelle cachée ?
Merci d’en parler ! Je suis auteure depuis peu et il m’a fallu beaucoup d’années pour me décider à me jeter dans l’aventure littéraire. « La Bulgare » est mon premier roman, dans lequel j’exprime tout mon amour pour la Bulgarie, petit pays aujourd’hui, mais grand Royaume jadis. A travers les divers personnages j’aborde différentes facettes – l’histoire, l’ethnographie, la musique, la littérature, les mythes et légendes bulgares… Le tout, dans une intrigue policière en plein été, au bord de la mer Noire. Pour qu’un récit soit vivant, il faut le nourrir d’anecdotes personnelles, de petites touches de choses réellement vécues, mais cela reste un roman – une fiction. « La Bulgare » n’est pas une autobiographie, mais une invitation au voyage à la fois en Bulgarie, mais aussi au plus intime en soi.

Toute l’actualité de Milena Jeliazkova sur :  milenajeliazkova.com

Rencontre avec la soprano Delphine Mégret

Elle est aveyronnaise, talentueuse et fut incontestablement l’« artiste vedette » de la saison 2022 de l’abbaye avec pas moins de sept projets de résidences et de concerts. Elle nous parle de son attachement à Sylvanès et aux belles rencontres faites en ce lieu…

Tu as étudié à la très réputée Guildhall School of Music and Drama de Londres. Que retires-tu de cette expérience ?
Beaucoup de choses, magiques mais éprouvantes à la fois. C’est très dur d’être dans un lieu si exigeant où la compétitivité et la recherche d’excellence étouffent parfois la passion simple d’aimer chanter. Ça forge pour le métier, ça c’est sûr !
On devait apprendre énormément de musique, sans pour autant délaisser tous les autres aspects du métier (langues, théâtre, danse, culture musicale, esprit critique, travail de groupe, savoir collaborer, créer, transmettre…); travailler avec des personnalités très différentes, savoir recevoir leurs conseils, les critiques, parfois décourageantes, faire avec, garder la tête froide et ne surtout pas perdre notre identité artistique. Je dois beaucoup à Michel Wolkowitsky car il restait le pilier, la référence même pendant toutes ces années pour que je ne me perde pas vocalement ni personnellement. Avec du recul je pense avoir relevé le défi et j’en suis très fière !

Aujourd’hui, c’est un retour aux sources?
Oui, un retour aux sources. Après la vie londonienne j’avais besoin de retrouver mes racines – « partir pour mieux revenir ». Il me semblait plus facile de bâtir ma vie professionnelle en tant que chanteuse ici en France, cela me ressemblait. Je sentais aussi que Sylvanès allait m’apporter un socle, un levier de rencontres artistiques…

Que représente pour toi Sylvanès ?
C’est très étonnant d’avoir autant d’émotions pour un lieu. Sylvanès m’accompagne depuis toute petite – je m’y suis rendue la première fois à l’âge de 5 ans pour assister à la représentation de L’arche de Noé de Britten où jouait ma sœur Shani. J’y ai fait des rencontres incroyables, d’ami(e)s chèr(e)s, de grands artistes, des moments de partages avec des personnes de toutes origines, milieux et expériences diverses, c’est très enrichissant.

Des souvenirs marquants?
Beaucoup de premières fois qui restent gravées à vie, comme la première fois qu’on chante sur scène ou mon premier Requiem de Mozart dans l’immense abbatiale. Et tous ces concerts magnifiques qui m’ont inspirée et m’ont construite. Impossible de ne pas mentionner la rencontre la plus belle qui soit avec Michel Wolkowitsky, puisque tout cela est en grande partie grâce à lui : il m’a ouvert les portes de Sylvanès comme celles de ma maison.

Si tu devais choisir le projet mené avec Sylvanès qui t’a le plus marqué en 2022, lequel citerais-tu ?
Dur de choisir… mon coeur s’attarde tout de même sur le récital « Trois Poèmes Mystiques » auprès du compositeur, chef d’orchestre, pianiste Thierry Huillet et la violoniste concertiste Clara Cernat. C’est indescriptible d’avoir le privilège d’interpréter une musique composée pour l’occasion et de la façonner avec le compositeur et le pianiste lui-même ! J’ai eu l’honneur de rencontrer ces deux musiciens pour un récital tout aussi magique en 2020 autour de Debussy et du compositeur Raphaël Lucas. J’y avais ressenti une sorte d’apaisement artistique : tout ce que j’avais aspiré à vivre en tant que chanteuse avait abouti à Sylvanès ce soir là, tant ce concert était riche humainement et musicalement… alors remettre ça deux ans plus tard c’était the cherry on the cake !

Tu chantes du classique, du contemporain, de la comédie musicale… mais quel est ton répertoire de prédilection ?
J’ai cette démarche qui tend à diversifier les projets tant dans leur forme que dans leur contenu et je n’ai jamais cherché l’hyper-spécialisation, bien au contraire. Je crois de plus en plus que la voix peut s’adapter à tous les styles et répertoires tant qu’on la respecte et qu’on l’utilise avec les bons mécanismes. Comme l’enseigne Michel Wolkowitsky, il ne faut pas s’enfermer dans un son, une couleur, une seule façon d’utiliser sa voix mais au contraire garder ouvert le « chant » des possibles.

Mixer les styles musicaux, créer du lien entre eux : pourquoi est-ce important pour toi ?
Car le monde évolue et que c’est notre devoir en tant que musicien professionnel de garder l’esprit ouvert à ce qui se passe autour de nous. Le risque parfois d’être un interprète de musique du passé et de perpétuer sans cesse ce qui s’est déjà fait encore et encore peut enfermer cette musique et la figer. Le but de créer du lien n’est pas une lubie pour être à la mode en 2022 mais une nécessité qui se fait ressentir de toute part, car de nombreux artistes sont prêts aujourd’hui à se rassembler, collaborer, faire tomber les murs pleins de fausses croyances et de s’enrichir ensemble. Et c’est surtout à nous, les musiciens qui venons du classique de faire le premier pas. Mais ceci reste peut-être un point de vue très personnel… et parce que je n’ai pas envie de me sentir mise dans une case même si je suis incroyablement fière de faire vivre la musique classique et que c’est ce qui m’anime vocalement le plus bien sûr.

Représentation de « La Belle et le Loup », comédie musicale jeune public – Paloma juin22 © Stéphane Mathieu

 

Quel artiste t’a le plus inspirée ?
Dur… en plus j’aime surtout écouter tout ce qui n’est pas en rapport avec ce que je fais ou mon type de voix, du genre Cesaria Evora, Freddy Mercury, Wagner, Sarah Vaughan, Yseult ou des voix plutôt lyriques et graves comme Matthias Goerne. Mais bon, il y a tellement de sopranos que je ne peux qu’admirer comme Margaret Price, voix étonnante de finesse et de puissance, Patricia Petibon, Natalie Dessay tellement fascinante et bien sûr Maria Callas, qui était Carmen sur le seul CD d’opéra que j’avais à la maison quand j’étais petite… Ma première référence !

Quel autre métier aurais-tu pu faire ?
Je ne sais pas… mais j’ai toujours eu ce fantasme d’être écrivaine ou spéléologue, vraiment rien à voir !

Quelle partition emporterais-tu sur une île déserte ?
Sûrement le Requiem de Verdi pour ne surtout rien oublier de cette œuvre et pouvoir l’entendre dans ma tête, car ce n’est pas du tout pour mon type de voix par contre.

Quels conseils donnerais-tu à un(e) jeune qui souhaite devenir artiste lyrique ?
De foncer ! Si on est animé de quelque chose, il faut y aller et constamment travailler sur soi pour ne pas être guidé par la peur mais plutôt par notre lumière intérieure.

 

L’actualité de Delphine à suivre sur www.delphinemegret.com

 

Ode aux femmes compositrices

La dernière résidence d’artistes de l’année s’est déroulée du 18 au 20 octobre à l’Abbaye de Sylvanès avec deux femmes musiciennes de grand talent réunies par le directeur de l’abbaye Michel Wolkowitsky : la pianiste espagnole Carmen Martínez-Pierret et la soprano d’origine aveyronnaise Delphine Mégret.  
Au programme :  trois journées de travail autour de leur projet musical « l’Heure rose » qui sera créé au Teatro de la Maestranza, Opéra de Séville le 19 décembre 2022.

Aux côtés du violoncelliste Israel Fausto avec qui elle partage la direction artistique, la pianiste a initié le cycle « Rasgando el silencio » au Teatro de la Maestranza de Séville pour faire découvrir au public l’œuvre de 60 femmes compositrices de 1750 à 1980.
Ce cycle sur 3 ans qui comprend 12 événements a débuté la saison dernière avec 4 premiers concerts.
« Cela fait longtemps que je fais des recherches sur le répertoire le plus secret et le plus oublié de l’Histoire de la Musique : celui des compositrices. Le canon de l’histoire de la musique n’a pas pris en compte les femmes, il les a complètement oubliées, c’est un choix très injuste et je veux les rendre visibles », précise Carmen Martínez-Pierret.

Les répertoires sont de différentes époques, les formes musicales variées (musique de chambre, solo, duos, etc…) mais tous mettent en lumière le pouvoir musical de ces femmes créatrices.
«  On veut réveiller la curiosité, l’envie de découvrir ce répertoire qui n’a rien à envier aux compositeurs masculins de la même période. On veut démontrer que les créations de ces femmes ont souvent la même valeur que celles des compositeurs hommes. Souvent, le public mais aussi les interprètes sont surpris de la qualité de ce répertoire. »

La pianiste Carmen Martínez-Pierret et la soprano Delphine Mégret autour de Michel Wolkowitsky

Pour ces précédents concerts, Carmen Martínez-Pierret a déjà collaboré avec la violoniste Clara Cernat (album « Sérénade » sorti en 2021 au label Thelxínoe Music) ou encore le pianiste- compositeur Thierry Huillet.

Pour cette création « l’Heure rose » du 19 décembre à Séville, elle sera aux côtés de la soprano Delphine Mégret pour un programme de lieders, songs et mélodies de quinze compositrices de différentes nationalités du 19e et 20e siècles.
Parmi elles, certaines, en raison du nom de famille de leur mari, leur frère sont plus connues, comme Alma Mahler, Clara Schumann ou Fanny Mendelssohn. Les autres s’appellent Pauline Viardot, Amy Beach, Irène Poldowski, Rebecca Clarke, Augusta Holmes… et sont toutes aussi brillantes les unes que les autres !

Une face cachée de l’histoire de la musique qui s’avère une fascinante plongée dans le pouvoir musical des femmes à découvrir à Séville (Teatro de la Maestranza) le 19 décembre à 20 h et repris à Sylvanès dans le cadre du 46e Festival le dimanche 20 août à 21h en l’abbatiale.
Un enregistrement de ce programme est également prévue à Sylvanès courant 2023.

 

Marine De Sola, la passion du chant

Originaire d’Albi, Marine De Sola est chanteuse et aussi enseignante artistique. Depuis quelques années, elle s’est installée à la Cresse en Aveyron où elle poursuit sa mission d’intervenante musicale pour le Conservatoire à Rayonnement Départemental de l’Aveyron. Pour la troisième année consécutive, elle anime des ateliers dans les écoles du territoire intercommunal « Monts, Rance et Rougier »  dans le cadre du projet « Chorale à l’École » initié par l’Abbaye de Sylvanès. Rencontre avec cette passionnée du chant et de la transmission.

 

Comment devient-on chanteuse  ?
C’est mon père, chanteur lui aussi qui  m’a appris à devenir chanteuse « professionnelle ». J’ai également commencé le piano dès l’âge de 6 ans sans jamais vraiment m’arrêter au fil de mes prestations musicales. Le chant fait partie de ma vie au quotidien et je suis très heureuse de pouvoir partager ma passion auprès de publics très divers.

J’ai eu la chance de baigner dans la musique depuis ma naissance et faire des rencontres essentielles à mon parcours de chanteuse : Elène Golgevit, professeure de technique vocale de renommée internationale et bien connue à Sylvanès, m’a inculquée de solides bases de technique vocale. Christiane Legrand (la soeur de Michel Legrand) m’a fait découvrir le jazz vocal et Boris Vian. Emmanuelle Trinquesse et Amandine Le Laurent « Chant, voix, corps » m’ont apporté de précieux outils sur la pédagogie de la voix. Ma formation en cycle professionnel au JAM de Montpellier m’a appris les bases de Jazz… Catherine Boulanger m’a formée à la scène…

 

Depuis quand enseignez-vous le chant ?
En 2005, j’ai été sollicité par un groupe scolaire montpelliérain pour diriger la chorale des élèves de l’école. J’y ai découvert mon goût pour la transmission, l’échange et la direction de choeur que je ne soupçonnais pas.
J’ai également eu d’autres expériences en colonies de vacances artistiques à l’Abbaye de St Maur en Anjou. En alternance avec ma vie d’artiste, j’ai répondu à un appel d’offre pour diriger des chorales scolaires à l’école de Baillargues dans l’Hérault. J’y suis restée de 2009 à 2019 et suis intervenue auprès de 17 classes…

A présent que je suis salariée à temps plein pour le CRDA, j’interviens toujours en milieu scolaire depuis la toute petite section jusqu’au CM2. Mais aussi à l’antenne du conservatoire de Millau pour des jeunes enfants en éveil musical, pour de grands enfants et ados en chant choral. Et la nouveauté cette année,  j’encadre des ateliers de chant de musiques actuelles pour tous les publics. A côté de cela, j’anime aussi une chorale de personnes âgées.

Séance de rentrée à l’école St Michel de Camarès

Quel est le rythme de vos interventions dans les écoles du territoire intercommunal Monts, Rance et Rougier ?

Depuis le 1er septembre 2020, j’y viens toutes les semaines. Je vois 6 écoles en semaine A (Montlaur, Camarès (privée et publique), Brusque, Fayet et Cénomes)  et 4 écoles en semaine B (Saint-Sever, Belmont-sur-Rance, Murasson et Saint-Sernin) pour des séances variant de 30 à 45 minutes/classe.

 

Que souhaitez-vous transmettre à tous ces enfants ?
Je voudrais leur transmettre le plaisir et l’exigence que demande le chant, les sensibiliser à l’expression artistique, leur faire ressentir également le plaisir de se préparer pour se produire en concert, le dépassement de soi dans les chants difficiles…
Ce qui est très important pour moi, c’est le partage de cette aventure avec les copains de classes et des autres écoles, à la manière d’une équipe sportive qui doit rester soudée coûte que coûte mais qui vivra des moments intenses !

En tant que chanteuse, quel est votre répertoire de prédilection et quel artiste vous a le plus inspiré ?
L’artiste qui m’a le plus inspiré est Boris Vian : je trouve ses textes et ses musiques d’une finesse inouïe, entre humour et émotion… un régal!
Ensuite, je suis fan de la voix d’Ella Fitzgerald, suave et pétillante et j’aime beaucoup le jazz en général !

 

 

Elie Choufani, comédien libanais en résidence

Elie Choufani est un acteur libanais qui a travaillé sur plusieurs séries télévisées, pièces de théâtre, films et courts métrages primés. Elie a suivi sa formation d’acteur à l’Actors Workshop Beirut (AWB) sous la direction de Jacques Maroun et a participé à plusieurs ateliers de théâtre, à Beyrouth et à Los Angeles, notamment avec la metteure en scène et voix primée Susan Worsfold et le réalisateur et professeur de théâtre David Strasberg.
Il a été accueilli à l’Abbaye de Sylvanès du 15 au 22 août dans le cadre d’une résidence artistique au travers du programme NAFAS coordonné par l’ACCR ( mis en place afin de répondre à la crise culturelle qui frappe le Liban).

 

Qu’est-ce qui vous a amené à Sylvanès ?
Lorsque j’ai postulé au programme NAFAS de l’ACCR en 2021, c’était presque un coup d’épée dans l’eau ; je n’avais aucune attente quant à l’expérience, les centres d’accueil ou si je serais accepté…. Tout ce que je savais, c’est que je voulais apprendre et travailler ma voix.

Avec un objectif bien précis donc ?

En effet, lors de mon parcours de formation d’acteur, j’ai été amené à découvrir des écoles de travail de la voix (notamment auprès de Tarek Annish puis de Nadine George).
Ces ateliers m’ont appris que la source de la voix est le corps entier et pas seulement les cordes vocales, la gorge ou la poitrine ; La voix est une énergie reliée à la respiration. J’ai appris à libérer mon souffle et ma voix et cela m’a été très utile dans ma carrière d’acteur, car cette nouvelle voix libre m’a aidé à atteindre des nuances émotionnelles intéressantes et uniques.
L’objectif de cette résidence à l’Abbaye de Sylvanès était donc d’approfondir ces recherches sur la voix et de développer une méthodologie utile à la préparation et à la performance de l’acteur.

 

Quel était votre le programme vocal à l’abbaye?
Michel Wolkowitski, le directeur du centre culturel et du festival, également pédagogue de la voix a dirigé ma formation tout au long de mon séjour et a été un hôte formidable.
J’ai travaillé avec Michel quotidiennement, en me concentrant le déroulé d’une séquence complète à effectuer avant tout entraînement ou représentation vocale ou théâtrale. Michel m’a expliqué les bases de la technique Alexander (étirements, respiration et compréhension des cinq « charnières » du corps) puis des techniques d’échauffement respiratoire. Ce que j’ai appris, c’est que l’état de relaxation atteint après l’échauffement et la respiration doit être associé à une posture forte et « soutenue » afin de libérer la voix.

Cette séance était généralement suivie d’un travail vocal guidé au piano et d’une pratique du chant ou du monologue. Le travail sur le ton de la voix m’a également fasciné.

De nouvelles notions qui ont mûri au cours de votre résidence ?
Oui, tout à fait. J’ai senti que je progressais dans ce domaine de la voix. J’ai par exemple appris de mon travail sur le ton de la voix qu’il y a quelque chose de très intéressant pour un acteur d’atteindre les tons précis du chant ; cela crée en quelque sorte un sentiment de fraîcheur et de légèreté. J’ai également été étonné de voir l’effet de ce travail vocal sur mon articulation qui ne me satisfaisait pas toujours. Après ces exercices, mon articulation semblait être plus claire et plus vivante.

 

Avez-vous pu également profiter des concerts du festival ?
Oui, j’ai eu la chance d’assister à plusieurs concerts dans le cadre du 45e Festival de l’Abbaye de Sylvanès. J’ai été témoin de la beauté et de la puissance de la voix de différents styles musicaux. En assistant aux concerts et en écoutant les voix des chanteurs, du chœur, le son des instruments et en regardant les visages des spectateurs, j’ai réalisé que la beauté de la voix humaine est capable de créer une sensibilité chez son public. Et pendant toute la durée de la résidence, le mot qui n’a pas quitté ma tête était « sensibilité ».

Une « sensibilité » qui vous a touché ?
En effet, à Sylvanès, elle est présente partout : j’ai commencé à la remarquer dans la voix des artistes, dans leurs expressions faciales, dans le comportement des personnes, dans la nature environnante, dans les murs et les pièces de l’Abbaye.
Et je me suis dit que c’était ce dont mon pays avait besoin, plus de sensibilité. Avec tous les problèmes politiques et économiques auxquels le Liban est actuellement confronté, je m’inquiète personnellement de la perte de l’esprit sensible des Libanais. Je pense que plus le pays est confronté à des difficultés, moins les gens ont envie d’assister à des concerts, à des pièces de théâtre … et moins ils sont sensibles.

 

Un dernier mot sur votre séjour à Sylvanès ?
Le séjour à Sylvanès a été en soi une expérience inspirante. L’architecture de l’abbaye, et la beauté de la nature environnante ont un effet calmant et relaxant qui aide l’artiste à mieux se ressourcer intérieurement.
Les personnes fréquentant Sylvanès, y compris l’équipe, les professeurs, les artistes, les invités et les étudiants ont été très accueillants et d’un grand soutien. Michel Wolkowitski a partagé avec moi de nombreuses informations sur son parcours de vie avec la voix et le théâtre, l’histoire de l’Abbaye et son festival et a eu la gentillesse de me montrer un aperçu de quelques autres sites patrimoniaux de l’Aveyron.
Personnellement, je lui suis très reconnaissant pour cette magnifique expérience et garde en mémoire ses précieux conseils : pour rester sensible, toujours écouter et chercher l’énergie de la voix de l’intérieur.

Michel Wolkowitsky et Elie Choufani

 

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