Nataliia : la joie de chanter ensemble !

Dans le cadre du programme Odyssée de l’ACCR – Association des Centres culturels de rencontre – nous avons eu l’immense plaisir d’accueillir en nos murs Nataliia Zhuravel, artiste ukrainienne pour une résidence du 2 au 15 juillet 2024.
Au cours de son séjour, Nataliia a eu l’opportunité de faire de nombreuses rencontres artistiques, d’animer des ateliers de chant auprès de jeunes enfants, adolescents et adultes et a su transmettre avec un grand enthousiasme son amour de la musique et du chant.  Elle a pu aussi assister au concert d’ouverture du 47e Festival qui a eu lieu le 14 juillet. Rencontre avec cette belle personne,  passionnée par le chant et la musique qui a laissé son empreinte lumineuse au sein de l’abbaye.

Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Nataliia Zhuravel et suis arrivée en France en mars 2022. En Ukraine, je travaillais comme professeur de chant et de musique à l’Institut pédagogique de Kryvyi Rih. J’ai également été coach vocal dans le secteur du théâtre durant plusieurs années.

L’Abbaye de Sylvanès fait partie d’un réseau de CCR (Centres culturels de rencontre). Pourquoi avoir choisi ce lieu plutôt qu’un autre ?
Le programme Odyssée auquel je participe a été mis en place par le Ministère de la Culture et vient spécifiquement en aide aux artistes réfugiés, ce qui explique ma présence ici à Sylvanès. La thématique du Centre culturel de rencontre autour de « Musiques et dialogue des cultures » et toutes les actions de pédagogie du chant, de création musicale qui sont menées ici m’ont motivée à postuler. Je ne regrette aucunement ce choix  ! Cela a été un véritable programme d’intégration pour moi. Le cadre de l’abbaye est favorable à l’exploration des techniques vocales que je pratique comme le yoga vocal, la respiration, la méditation, les sons de la nature. Elles visent, entre autres, à favoriser l’harmonisation des émotions. Ce fut une très belle découverte !

Quel était votre objectif de travail en venant ici ?
J’avais besoin de développer les bases et les principes de mon travail, celui-ci étant d’enseigner le chant à tous ceux qui le souhaitent car chanter peut faire une différence dans votre vie, j’en suis convaincue ! Je suis très contente de passer du temps entre ces murs et j’y rencontre des personnes merveilleuses. Je sais que beaucoup de prières ont été prononcées dans ce lieu et j’y prie tous les jours. Je veux vraiment que cet endroit m’aide à croire en la victoire de mon pays.

Le contexte de la guerre en Ukraine a cruellement affecté votre travail…
La guerre a bouleversé ma vie. Je me suis retrouvée seule en France et je me sentais très mal. J’étais souvent déprimée parce que je ne pouvais rien faire face à la situation. J’ai vécu un an dans une auberge dans la ville de Fos-sur-Mer. L’auberge était isolée, il n’y avait rien d’autre qu’un atelier de préparation de légumes à côté de chez moi et j’y suis allée pour travailler. Je suivais des cours de français trois fois par semaine. Il fallait malgré tout que je me ressaisisse parce que la vie continue. J’ai commencé à chanter avec des femmes et des enfants ukrainiens et nous avons formé ensemble le choeur de chansons ukrainiennes « Kalyna ». On chantait pour le plaisir, on répétait plusieurs fois par semaine et on est montées sur scène au théâtre de Martigues pour l’ouverture de la saison culturelle 2022 et aussi à Fos-sur-Mer. Côté famille, nous communiquons via les réseaux car les frontières sont fermées. J’ai des nouvelles de mon fils qui étudie au Conservatoire d’Odessa et qui, je l’espère, pourra venir jouer en France à l’automne 2024.

Avez-vous pu échanger avec d’autres artistes à l’Abbaye au cours de votre séjour ?
Oui j’ai pu assister dès mon arrivée au travail de Frédéric Gindraux et Jean-Philippe Clerc à l’occasion de leur classe de maître auprès de jeunes professionnels. Frédéric est comme un maître pour moi, il enseigne clairement et très subtilement  : il a une approche individuelle particulière auprès de chaque élève, ce que j’aime tout particulièrement. À ses côtés, j’ai appris de nouvelles choses et confirmé mes connaissances en matière de spécialisation vocale.

J’ai partagé également du temps auprès du Directeur général Michel Wolkowitsky, également chanteur, pédagogue de la voix et metteur en scène. Notre première rencontre autour du chant m’a aidée à retrouver un équilibre psychologique après le stress que je subissais à ce moment là : mon pays était en effet particulièrement meurtri par des violentes attaques dans un hôpital de Kyiv. Michel m’a aidée à orienter le son de ma voix dans une direction calme. Il travaille avec beaucoup de soin et de professionnalisme sur la respiration et la voix et j’ai pu me rendre compte que nos techniques vocales étaient très similaires. Cela me donne encore plus de confiance dans mon développement professionnel, car en fait il n’y a pas de limites, pas de frontières, mais seulement « sa majesté la musique » !

Au cours de mon séjour, j’ai aussi participé au stage « chanter en famille » animé par Béatrice Gaussorgues. Tout le temps passé avec elle et le groupe d’enfants, d’adolescents et parents a été un grand plaisir ! A cette occasion, j’ai pu mettre à profit les techniques que j’utilise avec les stagiaires, des exercices de respiration, des jeux vocaux, c’était très chouette ! Nous avons travaillé ensemble une chanson simple et j’ai été aussi ravi de découvrir le répertoire de musique liturgique, si spécifique au lieu. Il y avait une ambiance conviviale, c’était comme des vacances  !

Avant mon départ, j’ai aussi pu rencontrer les merveilleux musiciens de l’ensemble les Paladins et assister au très beau concert de musique baroque d’ouverture du Festival.

J’ai vraiment apprécié toutes les personnes qui travaillent à Sylvanès pour leur respect, leur aide, leur délicatesse, leur générosité, pour la gourmandise, pour le calme qu’ils créent au sein de l’abbaye. Merci à tous !

Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
A présent, j’habite Martigues où j’enseigne en tant que cheffe de chœur et professeure de chant. Parmi mes derniers projets en date, j’avais dans l’idée de faire se rencontrer la chorale d’enfants que j’anime à Kryvyi Rih et d’autres chorales d’Ukraine et de France. Pour cela, j’ai mis en place un festival en ligne et j’ai rencontré des chefs de chœur de différentes villes. L’UNESCO nous a rejoint dans le projet pour nous apporter son soutien. La chorale de Kryvyi Rih devrait venir en représentation dans une église de Martigues le jour de la Saint Nicolas en décembre 2024.

Le mot de la fin ?
Chantez, vous le valez bien ! Le chant a un effet harmonieux et global sur le développement de l’individu, il favorise la communication, la socialisation, les amitiés réelles et la camaraderie !  Alors quelque soit votre âge, quelque soit votre état, chantez  !!!

 

Propos recueillis par Vanessa Brisse-Bonnet, saisonnière au service accueil-tourisme de l’abbaye, juillet 2024

Un partenariat engagé entre le Festival et l’APSH 34

Convaincue que l’art et la culture sont de puissants leviers pouvant être utilisés dans une démarche de développement social local, le Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès a fait le choix d’élargir son offre culturelle auprès des publics les plus « sensibles », publics empêchés ou en situation de handicap.

C’est dans ce cadre que le 18 juin dernier, une convention de partenariat a été établie entre le Centre culturel de rencontre  et l’APSH34 (Association pour Personnes en Situation de Handicap) – Territoire des Hauts cantons. Monsieur Éric Barraquier, directeur des Foyers et Savs de Plaisance, accompagné de trois bénéficiaires et de leur éducatrice Anissa Méniri se sont déplacés à l’abbaye pour engager officiellement ce partenariat avec Michel Wolkowitsky, directeur général de l’abbaye et fondateur du Festival.

Pour les acteurs de l’APSH34, « La culture nous enrichit, nous rassemble en ouvrant une porte vers de nouvelles expériences. Et parce que l’accès à la culture est l’un des piliers de l’égalité des chances, les Foyers de L’APSH34 des Hauts Cantons se mobilisent en ce sens dans leur proposition de prestation d’accompagnement. L’accès aux évènements culturels reste un défi majeur, que ce soit en raison des barrières financières, physiques ou sociales. C’est pourquoi nos équipes mènent une réflexion continue contribuant à favoriser l’accessibilité pour les personnes accompagnées. Pour qu’elles puissent pleinement bénéficier de la richesse artistique et intellectuelle qu’ils offrent.»

L’abbaye de Sylvanès s’est donc engagée auprès des résidents de l’APSH 34 à faciliter leur accès aux concerts du Festival des Musiques Sacrées et du Monde jusqu’au 1er septembre 2024 en leur faisant bénéficier d’un tarif préférentiel. Un partenariat qui sera certainement reconduit à chaque édition !

« Je connais le lieu parce que je m’y intéresse, je suis vraiment curieux d’y voir un concert.»précise Yoann.


« C’est vraiment super, on va découvrir des musiques qu’on ne connait pas, que l’on n’a jamais entendu, ça va être une découverte !!! et puis c’est des bons moments de partage pour nous tous » renchérit Cécilia.

 

Oui, la musique se partage ensemble à Sylvanès et l’édition 2024 du Festival répondra encore une fois de plus aux objectifs fixés par le centre culturel de rencontre : Expérimenter, partager, transmettre  ! 

 

Samanûr et Canticum Novum en résidence de création !

En ce mois de juin, le Centre culturel de rencontre a eu le grand plaisir d’ accueillir simultanément deux ensembles en résidence de création :  Samanûr formé des artistes Milena Jeliazkova, Georges Camil Abdallah, Iyad Haimour, Amin Al Aiedy et le collectif interculturel Canticum Novum sous la direction d’Emmanuel Bardon.

Ces quelques jours passés à l’abbaye ont été l’occasion de travailler respectivement sur deux programmes qui seront créés cet été dans le cadre du Festival, le 21 juillet à 21h pour « Légendes des mers » avec Samanûr et le 18 août à 21h pour « Canti di Gioia – dans le silence de ce jour naissant » avec Canticum Novum.

Dans « Légendes des mers », le Liban de Georges Camil Abdallah, la Syrie et la Palestine d’Iyad Haimour, et l’Irak d’Amin Al Aiedy ouvrent leurs bras aux multiples racines de Milena Jeliazkova – bulgare, arménienne et macédonienne, à son sang éminemment nourri des musiques des Balkans. La mer Méditerranée, la mer Egée, la mer Noire, la mer Adriatique ne sont qu’une seule et unique au final : cette Mère qui nous permet de renaître, de nous ressourcer, de nous rencontrer, d’oublier peines et tracas, de rêver d’un avenir plus radieux.
Chants et poésies de Syrie, Liban, Palestine, Égypte, Bulgarie, Bosnie, Grèce, Turquie, Irak, chants séfarades d’Espagne et des Balkans dialogueront  dans ce programme incarné par de merveilleux chanteurs et instrumentistes  !

 

 

« Dans le silence de ce jour naissant… » Cette prière de Saint-François d’Assise, précurseur du dialogue interreligieux, a inspiré au collectif interculturel de Canticum Novum, une nouvelle création mettant toujours en valeur la musique comme source de réciprocité et d’écoute, de rencontres et de dialogues. Les traditions sacrées populaires d’Ombrie, de Toscane, de Cilicie et d’Arménie des XIIIe et XIVe siècles seront sublimement mises en lumière par dix incroyables artistes sous la direction d’Emmanuel Bardon.

Clap de fin pour l’École de l’Oralité en juin

L’école de l’oralité est un projet de territoire et de médiation qui a pour objectif d’accompagner les élèves dans un projet de création artistique collective tout au long de l’année scolaire. Développés depuis 2021 par le CCR de l’Abbaye de Sylvanès en partenariat avec le Collège Saint Michel de Belmont-sur-Rance, chacun des projets annuels s’inspire des spécificités de notre territoire sud aveyronnais pour explorer une thématique commune : habitants d’un même monde.

De janvier à mai 2024, deux artistes ont effectué quatre résidences de deux jours au Collège Saint-Michel, soit un total de 55 heures d’ateliers à destination des deux classes de 6e :

Accordéoniste chromatique de formation, Benoît Feugère multiplie les expériences en lien avec le spectacle vivant et la danse contemporaine dans des répertoires aussi variés que les musiques d’Europe de l’est, le jazz ou le rock. Chanteur dans divers ensembles vocaux, notamment durant cinq ans au sein du Chœur National des Jeunes sous la direction de prestigieux chefs, il arpente actuellement les répertoires polyphoniques traditionnels et populaires avec le groupe d’hommes Les Mécanos.

Issu d’une formation classique, Sylvère Décot baigne très jeune dans le milieu des harmonies et des collectifs de musiques de rue. Après un Diplôme d’Etat en trompette et en Formation Musicale, il se tourne vers les musiques actuelles, traditionnelles et polyphoniques qui lui permettent aujourd’hui de proposer un enseignement empreint de multiples approches artistiques et pédagogiques.

Cette année, le projet s’est appuyé sur les spécificités géographiques naturelles du territoire, sur la Nature et sa résonance cyclique avec les saisons. Au cours des ateliers de pratique artistique conduits par Benoît et Sylvère, les élèves ont travaillé le rythme avec des percussions corporelles, ont écrit des haïkus* pour mettre en lumière leur territoire au fil des saisons et ont appris un répertoire totalisant six chants : cinq en occitan et un en français (collecté en Aveyron).
« Nous intervenons dans les classes urbaines et rurales dans différentes régions de France depuis sept ans. C’est la première fois que nous rencontrons des élèves pour qui la langue et la culture occitanes sont si présentes et si vivantes au quotidien ! »

Une restitution publique clôturera le projet le mardi 18 juin à 17 h dans l’église abbatiale : les élèves seront accompagnés par Benoît et Sylvère, rejoints pour l’occasion par un clarinettiste et un chanteur percussionniste.
Entrée libre : venez nombreux !

* un haïku est un poème d’origine japonaise très bref – généralement trois vers – évoquant le plus souvent un paysage ou un état d’âme.

Pons de Léras, un convers pas comme les autres…

On l’a vu précédemment, Pons de Léras, après s’être repenti de ses actes de violence, se tourne vers une carrière de religieux en ce début de XIIe siècle. En 1132, partant de son ermitage de Sainte Marie du Théron, dans l’actuelle vallée de Sylvanès, sur la rive Sud du Cabot, il s’en va vers l’abbaye cistercienne de Mazan située à plusieurs jours de marche au Nord-Est. Là-bas, il va se former à une vie monastique exigeante et très réglementée, mais qui laisse la place à des profils très divers. Cette place au sein de l’ordre de Cîteaux, Pons la trouve parmi les frères convers.

Mais… C’est quoi un frère convers !?
Le statut de frère convers n’est pas une invention cistercienne. Avant le XIIe siècle, dans d’autres ordres religieux, chez les clunisiens par exemple, les convers sont des adultes choisissant de prononcer leurs vœux monastiques et de se mettre au service d’une communauté religieuse. Ils ont connu une vie de laïc qui leur confère, en général, une certaine appétence pour les travaux physiques, dont les moines prieurs sont assez peu friands. Entre autres, ils défrichent, labourent et cultivent des domaines monastiques encore relativement restreints. Souvent, ces convers sont issus de la classe laborieuse, subordonnée au clergé et à la noblesse durant l’époque médiévale. En prenant l’habit religieux, ils espèrent trouver une vie plus paisible au sein d’un monastère, sans pour autant s’élever socialement. Cependant, les places sont rares. Cîteaux change la donne.

Essai de reconstitution des vêtements monastiques : à droite, les moines tonsurés portent une tunique et un scapulaire; à gauche, les convers, hirsutes et barbus, sont vêtus d’une tunique avec scapulaire et capuchon.
Illustration © Denis Poughon, extrait du livre “Vivre dans une abbaye” de Jean-Baptiste Lefèvre

Quoi de neuf pour les convers cisterciens ?
Alors que les cisterciens commencent à essaimer, en fondant de nouvelles abbayes, Étienne Harding, abbé de Cîteaux, commence en 1119 la rédaction de la Charte de charité. Ce document, constitutif de l’Ordre, apporte, entre autres, des précisions sur l’organisation économique cistercienne. On y apprend que les moines doivent exploiter directement l’entièreté de leurs domaines, en refusant le système de la tenure qui fragilise les possessions monastiques.  Or, les domaines cisterciens sont vastes, et les moines doivent se consacrer en priorité à la prière. Les convers, main-d’œuvre gratuite, deviennent alors essentiels. Pour preuve, au XIIe siècle, ils constituent les deux tiers de la population des abbayes affiliées à Cîteaux. On trouve parmi eux des hommes et des femmes issus d’origines sociales variées (ce qui est exceptionnel pour cette époque), soucieux du Salut de leur âme et, pour certains, convaincus par les mots de Bernard de Clairvaux : « Travailler, c’est prier ». Les granges monastiques, parfois éloignées des monastères, font partie de leurs lieux de vie. C’est depuis ces granges qu’ils se chargent du commerce des éventuels excédents de production.

Légende, les frères convers (à gauche) s’occupent du travail manuel tandis que les moines (à droite) prient. Source: enluminure extraite du Commentaire sur l’Apocalypse avec Interpolations d’Alexandre de Brême (fin XIIIe siècle)

 

Et Pons de l’Héras dans tout ça ?
On pourrait voir ces convers comme des religieux « de seconde zone », ne portant même pas le nom de moine, si des cas comme Pons de Léras n’existaient pas. Loin d’être devenu un humble laboureur au service de la communauté monastique, l’ancien chevalier est cité comme témoin dans plusieurs actes de donations faites à l’abbaye de Sylvanès. Il semble donc rester à la manœuvre dans l’accroissement du domaine monastique même après la transformation de son ermitage en monastère cistercien en 1136, dont il n’est théoriquement plus le chef. Ces éléments peuvent créer un doute sur son statut de convers, ou au moins sur le laps de temps durant lequel il le fut. Mettons cela sur le compte d’une période où l’organisation cistercienne est encore balbutiante, en particulier à Sylvanès, au tournant des années 1140. A ce moment, les convers paraissent bénéficier de davantage de responsabilités, pour le bonheur d’anciens seigneurs comme Pons de Léras. En 1188, l’Ordre cistercien finit par interdire au membre de la noblesse de devenir convers, cantonnant pour de bon ces frères à une place inférieure.

 

 

Chorale à l’école : la chanson française à l’honneur !

Grandir et voyager en musique, s’ouvrir à d’autres cultures par l’intermédiaire du langage musical : c’est l’opportunité offerte aux élèves de notre territoire avec le projet Chorale à l’école. Après quatre années à la découverte des chants du monde entier, la chanson française est cette année à l’honneur !

Depuis septembre, c’est Virginie Barral – musicienne intervenante pour le Conservatoire de l’Aveyron – qui assure avec brio, passion et patience les ateliers de chant pour les 12 écoles participantes, soit près de 225 élèves. L’articulation globale du projet reste inchangée :

  • D’octobre à juin, tous les mardis, Virginie sillonne les routes du sud Aveyron d’une école à l’autre. Jeux rythmiques et vocaux, apprentissages de chants : elle s’adapte bien évidemment au nombre et à l’âge des élèves qui varient d’une classe à l’autre !
  • Au printemps, les élèves rencontrent un ou plusieurs artistes professionnels. Cette année, ils ont eu la visite d’Hervé Suhubiette, auteur et compositeur reconnu pour ses projets à destination du jeune public. Après une présentation de son parcours et de son univers musical, ce dernier leur a transmis 2 chansons de son répertoire et leur a proposé d’écrire quelques phrases afin de composer une chanson commune à l’ensemble des écoles.
  • Enfin, en juin, tous les élèves se retrouvent à Sylvanès pour une restitution : sous la conduite de Virginie et accompagnés par Hervé, ils interpréteront les chansons apprises tout au long de l’année, expérimentant ainsi la scène et l’acoustique exceptionnelle de l’église abbatiale !

« Associer les enfants à l’aventure de la création est une manière de faire découvrir et de valoriser une créativité qu’ils ne soupçonnent pas toujours. L’idée est d’écrire dans chaque classe un début de chanson qui, mis bout à bout, constituera une œuvre collective ».
Hervé Suhubiette

« Lorsqu’on chante ensemble, on partage la même mélodie et ça ramène l’amitié ».
Une élève de l’école de Montlaur

Lundi 24 et mardi 25 juin prochains, les élèves vous invitent donc à découvrir le répertoire concocté par Virginie Barral : Y’a d’la joie de Charles Trénet, Le parapluie de Georges Brassens, Clémence en vacances d’Anne Sylvestre, Faut rigoler d’Henri Salvador ou encore La Ballade irlandaise de Bourvil… auquel s’ajouteront 2 compositions originales d’Hervé Suhubiette issues de son spectacle Rosa Lune et les Loups. Un rendez-vous à ne pas manquer !

Initié par l’Abbaye de Sylvanès, Centre culturel de rencontre, le Plan Chorale est mené en partenariat avec la Communauté de Communes Monts Rance et Rougier, le Conservatoire à Rayonnement Départemental de l’Aveyron, le Conseil Départemental, Aveyron Culture-Mission Départementale, la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale de l’Aveyron et du soutien de la mutuelle Aesio et du Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées.

 

À la rencontre avec Hervé Suhubiette,

Depuis son lancement, un artiste professionnel est désigné pour accompagner le projet Chorale à l’École dans sa mise en oeuvre tout au long de l’année scolaire. Cette année, le projet bénéficie de l’accompagnement de Hervé Suhubiette auteur, compositeur, interprète et pédagogue renommé pour ses projets à destination du jeune public.

Nous avons rencontré Hervé Suhubiette qui a accepté de nous parler de son passionnant métier ainsi que son intervention dans le cadre du projet.

 

 

Qui était Pons de Léras, fondateur de l’abbaye ?

Si vous êtes déjà venu à l’abbaye de Sylvanès, vous avez probablement entendu parler de Pons de Léras. Mais si, vous savez… Ce guerrier ayant vécu au début du XIIe siècle qui, soudain, par miracle, après moultes actes de pénitence, se trouve une vocation de moine. Cette histoire peut vous émouvoir, ou vous faire rire, selon votre sensibilité. Elle vous fait d’autant plus réagir qu’on la raconte souvent en lui ajoutant quelques légendes locales, qui grossissent autant les défauts que les qualités de Pons de Léras, faisant de lui un personnage haut en couleurs, un bandit de grand chemin trouvant le Salut en donnant sa vie à Dieu !

Pons de Léras, seigneur du Pas de l’Escalette

Le portrait dressé par le seul document ayant une valeur historique à ce sujet, la chronique de la fondation de l’abbaye de Sylvanès écrite par le frère Hugues, qui rédige une vingtaine d’années seulement après le décès de Pons, en se basant sur les témoignages de personnes l’ayant côtoyé, présente d’abord l’individu comme un seigneur châtelain finalement assez banal pour son époque. Quoi de plus normal en effet, dans le Sud-Ouest du Royaume de France, où petites et grandes seigneuries rejettent encore en grande partie l’autorité du roi et de l’Église, au profit de jeux de pouvoir incessants, qu’un homme d’arme possédant un château fort, comme Pons, se montre « importun à beaucoup de ses voisins » et use de « violence armée ». Également, dans un contexte où les autorités ecclésiastiques, poussées par la réforme grégorienne, assoient de plus en plus leur domination morale, notre homme ne pouvait que finir par se soumettre à « la crainte de Dieu ». Ils sont nombreux à avoir choisi, ou à s’être vu imposer, cette voie au XIIe siècle.

Pons de Léras en patrouille au Pas de l’Escalette vers 1110 (ou plutôt l’image que l’on s’en fait si l’on prend trop au sérieux ce que raconte le guide!)

Le choix de Cîteaux

Ce qui rend son histoire exceptionnelle, et précieuse pour les historiens, c’est sa décision de rattacher l’ermitage, nouvellement fondé, à l’ordre de Cîteaux dans les années 1130. En effet les sources au sujet de cette méthode d’incorporation d’une communauté préexistante à l’Ordre sont assez rares, surtout pour cette période. De plus, comme le précise son chroniqueur, Pons de Léras préfère devenir simple frère convers en rejoignant les cisterciens. Est-ce une nouvelle marque d’humilité ? Ou une manière de ne pas être astreint à la rigueur de la Règle, en s’occupant plutôt du domaine de l’abbaye ? Probablement un peu des deux selon le consensus trouvé par les chercheurs. Un moyen de continuer d’utiliser ses compétences en matière de gestion de domaine et des ressources, dont on l’accusait d’abuser par le passé, non plus pour ses intérêts propres, mais pour le bien d’une communauté monastique, d’un ordre religieux et, par extension, pour la gloire de Dieu.

Pons de Léras en pénitence à Lodève vers 1120 (extrait d’un tableau exposé à la mairie de St Félix de Léras, auteur et date inconnus)

Un ordre attractif

C’est grâce à cette opportunité laissée à l’ensemble de la population de prendre l’habit religieux sans être contraint à une vie de réclusion, via ce statut particulier de convers, qui demande tout de même de prononcer ses vœux monastiques de pauvreté, d’obéissance et de chasteté, que l’ordre cistercien attire un grands nombre de vocations depuis toutes les classes sociales. De cette manière, l’Ordre bénéficie d’un large panel de savoir-faire, tant en matière de travail manuel que de gestion du territoire. L’histoire de Pons de Léras, racontée avec soin par le copiste Hugues Francigena, nous rappelle indirectement que cette originalité est la source du succès des Cisterciens en ce début de XIIe siècle. A l’inverse, au siècle suivant, la diminution du nombre de frères convers entraîne la perte d’influence de l’Ordre.

Introduction de la chronique de fondation de l’abbaye de Sylvanès par le frère Hugues Francigena

Thomas Pouget en résidence à Sylvanès

Cinq questions à Thomas Pouget, artiste en résidence à l’Abbaye de Sylvanès

Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Je m’appelle Thomas Pouget, je suis metteur en scène et comédien. Je dirige en Lozère une compagnie professionnelle de théâtre qui s’appelle La Joie Errante. Nous créons des spectacles sur des thématiques variées (agriculture, passage de l’enfance à l’adolescence, classes moyennes, …) et d’autre part, nous menons des actions de territoire (résidences, stages, lectures, création de festival) avec un objectif commun : s’émouvoir et réfléchir ensemble autour de questions universelles. 

En janvier 2024, tu as débuté une résidence de territoire à l’abbaye de Sylvanès, en quoi consiste-t-elle ?
Cette résidence, c’est l’occasion de rencontrer les habitants qui font le paysage local, en partant du principe que tout le monde a une histoire à raconter et qu’il y a systématiquement de la complexité dans chacune. Au fur et à mesure de ces rencontres, il y a un puzzle qui se complète, un tableau qui se dessine sur ce qu’est le territoire, et sur les gens qui y habitent. Des thématiques se dégagent, des perceptions tantôt semblables, tantôt contradictoires et l’objectif final étant que les gens du pays s’emparent de ces témoignages qui m’ont été confiés afin de révéler un portrait de leur village.
En somme, on crée une matière théâtrale à partir de témoignages, interviews, anecdotes, tout comme on a l’habitude de le faire pour nos spectacles. Mais que les futurs participants se rassurent, pas forcément besoin d’apprendre du texte ou d’avoir fait du théâtre pour faire partie de la restitution finale.

 

Le 17 mars prochain, tu invites le public local à une lecture publique à l’abbaye. Peux-tu nous en dire plus sur cette rencontre?
Les lectures, elles sont à mon sens indispensables dans une démarche de résidence territoriale. Souvent considérées comme le parent pauvre du théâtre, elles sont plus qu’une simple lecture. Elles sont vivantes. C’est l’occasion de découvrir des auteurs sur des thématiques, et notamment pour cet événement du 17, des auteurs qui ont écrit sur la campagne. Celle d’hier et celle d’aujourd’hui.
Aussi, les spectateurs pourront entendre par exemple du Daudet avec Les lettres de mon Moulin, des Fables de la Fontaine et d’autres surprises. C’est partir à la rencontre d’écritures différentes, mais autour d’un sujet commun.

Ta compagnie de théâtre s’appelle la Joie Errante : pourquoi ce nom et qu’est-ce qu’il symbolise pour toi ?
C’est toujours assez délicat de choisir le nom d’une compagnie et ça serait intéressant de savoir ce que ce nom évoque chez les spectateurs. Pour ma part, ce nom est à la fois un mantra, et une conviction. Ne jamais oublier la Joie qui nous anime, qui nous pousse à savourer ce que nous faisons, et faire en sorte qu’elle puisse être partout.

La lecture de ta pièce « Vacarmes » est elle toujours prévue au prochain Salon de l’agriculture ? Si oui, avec quel état d’esprit vas tu t’y rendre ?
Elle l’est toujours. Le 25 et 26 février, à 11 h, sur le stand d’Eliance et celui du département de la Lozère. Avec tout ce qui se passe actuellement, ça va être très intéressant d’y être. Cela fait un moment qu’à l’issue des représentations, on entend des spectateurs nous dire  » vous devriez aller le jouer au salon votre spectacle « , cette fois, c’est pour de bon  !
J’ai envie de penser que ça n’est que le début, que d’y aller n’est qu’un prémisse à quelque chose de plus grand. Donc oui, j’y vais avec une envie certaine d’en démordre et la certitude que ce texte doit être entendu, par tous et toutes, sur ce que c’est que d’être paysan. 

 

Thomas Pouget reviendra en résidence à Sylvanès du 28 avril au 3 mai et en novembre 2024.

Lecture publique le 17 mars à 16h dans le scriptorium de l’abbaye – participation libre 

 

 

L’école de l’oralité continue d’explorer notre territoire !

Pour la quatrième année consécutive, le partenariat renouvelé entre l’École de l’Oralité et le Centre Culturel de Rencontre de l’Abbaye de Sylvanès vise un projet de création avec des publics identifiés sur notre territoire. En 2024, le projet concerne deux classes de 6e, soit une cinquantaine d’élèves du collège Saint-Michel de Belmont-sur-Rance et s’appuie sur les spécificités du territoire pour poursuivre l’exploration initiée les années précédentes, à savoir la résonnance entre notre région Occitanie et d’autres contrées plus lointaines.
Au-delà de la formidable aventure humaine et artistique que représente ce projet, l’intention est d’illustrer que nos différences ne doivent pas nous désunir mais au contraire nous enrichir car au final, et depuis toujours, nous sommes tous les « habitants d’un même monde ».

Des ateliers de pratique artistique dans les classes

Cette année, le travail se construit étroitement en lien avec le PEAC mené au sein de l’établissement par les enseignant(e)s. En s’appuyant sur les spécificités géographiques naturelles du territoire, il vient questionner le lien et l’impact de la vie des hommes sur le patrimoine naturel, de l’exploitation à la préservation.
C’est Sylvère Décot et Benoit Feugère qui animeront les ateliers dans les classes. De par leur formation et leur polyvalence, ils accompagneront le projet par le biais de pratiques artistiques très variées telles le chant (répertoires traditionnels en langue occitane), les percussions (digitales, corporelles…) ou encore la manipulation instrumentale en vue de créer des paysages sonores.
Pour mémoire, la pédagogie originale mise en œuvre pour ce projet est fondée sur l’apprentissage et la transmission par l’oralité et s’appuie avant tout sur le dialogue où chacun a la possibilité d’affirmer son identité. Ainsi, les connaissances et compétences sont transmises par l’observation, l’écoute, le mimétisme et l’immersion. La confiance et la bienveillance font partie de ce processus dont l’objectif est de placer tous les apprenants sur un pied d’égalité face à la pratique artistique, indépendamment de leurs bagages personnels.

Rencontre avec des témoins et porteurs de mémoire scientifique, sociale et culturelle
Afin de nourrir la réflexion des élèves et enrichir le travail de création, plusieurs rencontres seront organisées avec des témoins venus donner voix à un récit multiple du territoire. Comprendre la richesse et la spécificité de son territoire permet tout à la fois de mieux se l’approprier et de s’ouvrir sans crainte à l’autre…

CALENDRIER

Les premières interventions dans les classes se dérouleront les 25 et 26 janvier, puis les 25 et 26 mars 2024, 22 et 23 avril, 13 et 14 mai et enfin les 17 et 18 juin avec restitution publique à l’Abbaye de Sylvanès le mardi 18 juin 2024.

Des hommages à Gabriel Fauré en 2024 !

Gabriel Fauré (1845-1924) s’est éteint il y a un tout juste siècle et notre attachement à sa musique est intact. L’occasion est donc belle pour le Centre culturel de rencontre de commémorer le compositeur français lors de deux ateliers choral-production pour choristes amateurs confirmés. Ces deux stages donneront lieu à la production de concerts dans le cadre du 47e Festival de Musiques Sacrées- Musiques du monde les 21 juillet et 15 août 2024.

Bernard Tétu ouvrira les festivités avec son Atelier choral-production qui se déroulera du 15 au 21 juillet à l’abbaye de Sylvanès.
Au programme, une suite de musiques françaises en hommage à Gabriel Fauré : un programme original, ambitieux et varié ! Parmi les œuvres de Gabriel Fauré au répertoire de ce stage, on y trouvera : sa Pavane  au thème inoubliable ou encore Les Djinns œuvre spectaculaire qui reprend la construction « en losange » du poème de Victor Hugo sans oublier l’intense Cantique de Jean Racine.


Des œuvres plus rares et inclassables d’autres compositeurs français seront aussi au programme de l’Atelier choral comme le grand Chœur d’ombres d’Hector Berlioz, une œuvre extrêmement impressionnante et émouvante, un extrait des 7 paroles du Christ en croix de César Franck en particulier un choeur de foule au refrain puissant et provocateur !

Francis Poulenc sera mis aussi à l’honneur avec des extraits du Gloria et un chœur de sa cantate très peu connue intitulée Sécheresses : le village abandonné.

C’est avec deux œuvres majeures du répertoire de musique sacrée que Michel Piquemal, à la tête de sa 35e Académie de choeurs, rendra aussi hommage au génie de Gabriel Fauré. Le stage se déroulera du 7 au 15 août 2024 à Saint-Affrique où près de 80 choristes sont attendus pour travailler l’émouvant Requiem de Fauré et la Messe des pêcheurs de Villerville, écrite avec André Messager.

Gabriel Fauré, également organiste et maître de chapelle à l’église de la Madeleine, explore tout en douceur la richesse chorale héritée des formes liturgiques anciennes, tout en insufflant dans son Requiem un style singulier, qui évite les effusions dramatiques alors en vigueur. Dans un esprit similaire, la Messe des pêcheurs de Villerville, écrite avec André Messager alors que les deux hommes se reposaient sur la côte normande, se distingue par sa modestie et sa délica­tesse. Peu jouée, cette messe pour chœur de femmes per­mettra de ressaisir toute la subtilité du style français, que Fauré a fait entrer avec succès dans le répertoire religieux.

Plus de détails sur ces deux ateliers et demande d’inscription sur  : https://sylvanes.com/stages/formation-vocale/