Rencontre avec le ténor Joseph II Bessala

L’Abbaye de Sylvanès, dans sa quête d’accompagnement et d’encadrement des jeunes artistes d’ici et d’ailleurs, a récemment accueilli en résidence du 25 août au 8 septembre, Joseph II Bessala, ténor d’origine camerounaise. Cet artiste, dont la passion pour le chant a débuté fortuitement, a fait de ce séjour une étape clé de son parcours, visant à se perfectionner et à enrichir sa carrière. Issu d’un parcours littéraire et diplômé en arts graphiques, Joseph s’est dévoué à la musique après des victoires remarquées au sein de concours prestigieux, qui l’ont mené jusqu’au Conservatoire d’Angers. Sa venue à l’Abbaye s’inscrit dans le cadre du programme Odyssée de l’ACCR, un dispositif dédié aux professionnels de la culture étrangers. Rencontre avec un artiste engagé.

UN ARTISTE EN QUÊTE D’EXCELLENCE 

Durant son séjour, Joseph a travaillé sur un répertoire lyrique particulièrement exigeant, avec pour ambition de contribuer à l’essor de l’opéra dans son pays. « Je suis dans la dynamique de créer, moi aussi, de l’émulation autour de l’opéra au Cameroun : il y a déjà un travail qui se fait, mais à mon sens, ce n’est pas suffisant. C’est la raison pour laquelle je suis ici ». Joseph souhaite partager les connaissances acquises pour l’y faire grandir. C’est d’ailleurs ce projet qu’il a défendu en vue de bénéficier de sa résidence Odyssée.

Son travail à l’Abbaye a été guidé par le directeur de l’abbaye Michel Wolkowitski que Joseph décrit comme un « très bon pédagogue de la voix et fin psychologue », capable d’identifier ses points faibles et de lui fournir les outils techniques nécessaires pour les surmonter. Leurs séances de travail, axées sur la technique vocale, la gestion de l’énergie, la détente corporelle par la méthode Alexander ont été une révélation pour l’artiste. « Je suis de nature très énergique et grâce à ce travail, j’ai réussi à canaliser mon énergie, nécessaire afin d’éviter un éventuel accident vocal. » Pour Joseph, ces conseils lui sont précieux et lui permettent de mesurer l’impact qu’une mauvaise gestion de soi peut entraîner.

LA PASSION DU BEL CANTO

Profondément attaché au bel canto, ou « beau chant« , Joseph exprime sa joie d’être sur scène. « C’est tout à fait le bonheur d’être devant la scène, le grand théâtre, l’opéra » s’enthousiasme-t-il. Il explique que la voix lyrique est un mélange de talent naturel et de travail rigoureux.«Il faut avoir déjà des dispositions naturelles pour pouvoir y parvenir » précise-t-il, tout en ajoutant que « le talent seul ne suffit pas. Il faut ajouter à cela, la technique. »

Bien que son parcours académique soit plus court que celui d’autres artistes, Joseph a eu le privilège de recevoir un enseignement d’une grande qualité qui l’a fait « considérablement progresser. » Pour lui, les techniques enseignées facilitent l’apprentissage et favorise la sérénité, un outil essentiel dont a besoin tout chanteur.

UNE AVENTURE HUMAINE ET MUSICALE 

Pour Joseph, cette résidence fut une expérience fondatrice, tant sur le plan technique, qu’artistique où il a pu enrichir son répertoire avec des airs exigeants, dont un appris dans un délai record. Cette aventure n’a pas été seulement fait de rencontre artistique, mais fut également très riche humainement : « Jai découvert la force dun collectif soudé par la musique, dans un cadre ou rigueur et convivialité s’alliaient harmonieusement ».

Joseph lors du récital public du stage chant et interprétation

Joseph et Michel Wolkowitski

Joseph ressort nourri de cette expérience et affirme être désormais prêt à entamer une carrière de ténor lyrique. Il affirme que cette expérience l’encourage à poursuivre son apprentissage avec discipline et passion, et à envisager son avenir artistique avec une confiance renforcée. Il repart de Sylvanès, prêt à poursuivre son projet de faire rayonner l’opéra dans son Cameroun natal.

 

Propos recueillis et rédigés par Fatoumata Sidibe, stagiaire au service communication  

Rencontre inspirante avec Solange Dramani

L’Abbaye de Sylvanès, accueille régulièrement des artistes en résidence, en quête de perfectionnement et d’inspiration. Parmi eux, Solange Dramani, chanteuse lyrique, originaire du Togo et fondatrice de Solange Music Prod, a posé ses valises pour une résidence, dans le cadre du programme Odyssée, mis en place par l’ACCR (Association des Centres culturels de rencontre). Lors de sa venue à l’abbaye du 8 au 21 juillet, nous l’avons rencontrée pour en savoir plus sur son parcours, ses aspirations, et ce qui la relie si profondément à cet endroit singulier.

Le programme Odyssée s’adresse aux artistes, chercheurs et professionnels de la culture étrangers ne résidant pas en France. Il a pour objectif de permettre à ces artistes de développer des projets au sein des Centres culturels de rencontre français, connaître les codes du monde de la culture et ainsi approfondir leurs connaissances du milieu. Pour Solange, un artiste doit toujours être en quête de perfectionnement : « En tant qu’artiste, il faut souvent se retirer pour travailler, se remettre à niveau et c’est pour cela que je suis ici ; pour apprendre à mieux chanter, apprendre de nouvelles choses et aussi faire des recherches sur les chants sacrés. Je suis chanteuse lyrique, mais j’ai une attirance particulière pour ce style musical. » Cette quête de perfectionnement vocal se double d’une exploration spirituelle, un fil rouge évident dans son travail.

Sa venue en France, une première pour elle, a été préparée avec soin. « Malgré une arrivée assez mouvementée, c’est une réelle joie pour moi d’être enfin ici ! Je suis tellement reconnaissante envers l’ACCR de m’offrir ce temps de recherche et d’inspiration à l’abbaye de Sylvanès, car il y a vraiment une cohérence entre ma démarche artistique et l’esprit des lieux ».

L’ABBAYE :  UN ÉCRIN PROPICE À LA CONCENTRATION 

Dès son arrivée à l’Abbaye, Solange a ressenti une connexion profonde avec les lieux. Pour elle, chaque endroit, chaque espace de ce lieu lui transmettait quelque chose de fort : « Je me suis sentie bien et au-delà de ça, j’ai été marquée par l’aspect spirituel du lieu. Cela aide grandement dans l’apprentissage de soi, car je suis en lien avec moi-même et le divin, ce qui m’inspire beaucoup. Chaque espace de l’abbaye favorise le fait de pouvoir se poser, travailler, réfléchir, prendre des décisions, penser à sa vie. »

Dans ce véritable havre de paix propice à l’introspection et à l’inspiration artistique, ses journées sont intenses et structurées : « Je travaille deux fois dans la journée, guidée par Michel Wolkowitski, directeur de l’abbaye, également coach et professeur de technique vocale. Après avoir participé au stage Chanter en famille, je participe cette semaine à l’atelier choral-production avec Bernard Tétu. Lorsque le temps me le permet, je travaille également sur d’autres projets personnels. » Un programme chargé qui témoigne de sa soif d’apprendre, de créer et d’approfondir un travail de recherche et de transmission autour du chant sacré et du répertoire lyrique. Participer à ces stages est une source d’enrichissement précieuse pour Solange : « Je suis convaincue que tous ces apprentissages de technique vocale et d’interprétation auprès de pédagogues renommés seront bénéfiques pour la suite de ma carrière. »

 

UNE RÉSIDENCE MUSICALE INSPIRANTE

Dans la continuité d’un travail rigoureux et d’une recherche spirituelle, cette résidence a permis à Solange Dramani de côtoyer des choristes amateurs passionnés, mais aussi des solistes professionnels. Elle a eu la chance de partager la scène avec eux le 20 juillet dans le cadre du 48e Festival et d’ interpréter un audacieux programme de musique sacrée de Félix Mendelssohn devant un public comblé.

Lors du concert du 20 juillet

sous la direction de Bernard Tétu

Au-delà de l’apprentissage musical, cette résidence a été pour la chanteuse togolaise une vraie ouverture culturelle : « J’ai découvert la France, ses paysages, son patrimoine spirituel et musical ».

Profondément nourrie et reconnaissante pour cette aventure, Solange a exprimé sa gratitude pour la confiance, l’humanité et la lumière qu’elle y a trouvées. Elle repart grandie, espérant que cette expérience marquera le début d’un nouveau souffle, avec d’autres collaborations à venir, et nul doute que sa voix continuera de nous enchanter et de nous inspirer.

Propos recueillis et rédigés par Fatoumata Sidibe, stagiaire au service communication 

Mathieu Fantin : l’apprentissage par l’éveil musical

Mathieu Fantin est un musicien spécialisé dans les instruments anciens, principalement médiévaux. Il joue dans plusieurs groupes mêlant musiques actuelles et rock celtique médiéval, avec des instruments d’époque comme la vielle à roue, le nyckelharpa ainsi que diverses cornemuses. Passionné de découverte et de transmission, il intervient régulièrement en milieu scolaire et en crèche pour initier les enfants aux sonorités anciennes et peu courantes, mêlant éveil musical et contes inspirés des légendes médiévales. Son travail avec les jeunes nourrit sa démarche artistique et lui procure une grande satisfaction, notamment lorsqu’il voit l’intérêt et la curiosité des enfants pour ces musiques d’un autre temps.

La musique comme passerelle

Pour Mathieu Fantin, chaque intervention est une invitation à rêver. Avec ses instruments, il tisse un lien unique entre musique, conte et imaginaire. Ses ateliers, souvent ponctués d’histoires médiévales ou de légendes réinventées, deviennent de véritables voyages sensoriels pour les enfants.
« Ce que je veux, c’est leur transmettre de la découverte, titiller leur imaginaire avec des histoires, des contes et des légendes. Qu’ils sortent un peu de l’ordinaire avec quelque chose qu’ils ne voient pas tous les jours.»

Cette approche narrative transforme l’éveil musical en aventure. Les enfants ne sont pas seulement spectateurs, ils deviennent explorateurs d’un monde sonore aux textures nouvelles. Ils écoutent, participent, posent des questions. Et c’est exactement ce que Mathieu recherche. Pour lui, l’important n’est pas que tout soit retenu, mais que quelque chose résonne. « Provoquer quelque chose en eux et que cela reste, peu importe la forme que ça prendra et même s’ils l’oublient par la suite, ce n’est pas important : ils auront vu et entendu quelque chose. »

Créer du lien, décloisonner les mondes

Mathieu n’enferme pas ses interventions dans un carcan pédagogique. Bien au contraire, il joue sur les contrastes, les ruptures, les différences. Entre les sonorités d’une musique médiévale et la douceur d’une mélodie ancienne, il travaille au croisement des sensations, des émotions et de la mémoire. Ces ateliers sont un véritable espace d’expérimentation pour Mathieu, ce qui lui permet d’affiner sa pratique, tester de nouvelles idées, enrichir son univers musical.
Il adapte en permanence ses formats, ses récits, ses interventions. Il intègre parfois des instruments venus d’ailleurs, des objets sonores insolites, des textures inattendues. Son cadre de travail évolue, s’élargit, sans jamais perdre son cap.
« Quand je vois qu’il y a quelque chose qui fonctionne, je l’alimente, je l’améliore. Mais je ne m’interdis pas d’évoluer et de partir dans vers d’autres horizons. Je reste principalement dans l’instrumentarium médiéval, car l’objectif est de toujours leur faire découvrir des instruments qu’ils n’ont pas l’habitude de voir ni d’entendre. »

Ce travail de fond, patient et discret, finit parfois par porter des fruits inattendus. Comme ce jour où il reçoit un mail d’un jeune réalisateur de films. Un ancien élève, aujourd’hui adulte, qui se souvient encore de l’intervention de Mathieu en primaire et lui propose de composer la musique de son court-métrage. Selon Mathieu, ce sont ces moments-là qui lui font prendre conscience de la valeur de son travail, de ce qu’il transmet.

Propos recueillis et article rédigé par Fatoumata Sidibe, stagiaire au service communication

Fabien Bringuier : l’humain au cœur du vivant

Fabien Bringuier est animateur et accompagnateur au sein de l’association d’éducation à l’environnement Millefeuilles. Créée en 2004, dans le département de l’Hérault, Millefeuilles a pour mission de sensibiliser un large public à la richesse et à la fragilité de la nature en développant des projets de vulgarisation et de valorisation de l’environnement. Récemment, à l’abbaye, Fabien a animé des ateliers autour des espèces mal-aimées pour des élèves de 5e du collège André Chamson du Vigan (Gard).

Un engagement pour la pédagogie et la nature
La démarche éducative de Fabien Bringuier allie pédagogie et passion dans le but de contribuer à l’évolution des mentalités, de susciter une prise de conscience dès le plus le jeune âge et de tendre vers une harmonisation de l’humain avec le vivant.
Auprès des écoles, des collèges, des familles, des curieux et même des plus sceptiques, il multiplie les actions de médiation et de formation sous forme d’ateliers ludiques où il adapte son contenu au public qui l’entoure. Ce qui l’anime : apprendre à mieux connaître pour mieux cohabiter. « Pour apprendre à dépasser ses peurs face à ces espèces, il faut les connaître et comprendre leur rôle dans l’écosystème. Encourager chacun à adopter un regard plus respectueux et plus curieux envers la nature contribue à la préservation de la biodiversité et à la construction d’un avenir durable ».
Au-delà de tout cela, Fabien Bringuier espère transmettre une manière plus consciente de se représenter le vivant.

Un atelier interactif pour valoriser les espèces mal-aimées
Les élèves commencent par lister les espèces qu’ils craignent ou qui les dégoûtent, généralement les araignées, frelons, serpents, scorpions, crapauds et autres scolopendres ! Ils votent pour l’espèce qu’ils redoutent le plus et explorent une exposition de vingt panneaux où chacun représente une espèce en détails. Par petits groupes, ils en choisissent une et la présentent aux autres sous forme d’exposé : où vit-elle, de quoi se nourrit-elle, quels sont les risques réels pour l’humain etc. Ces moments d’échanges permettent aux apprenants de dédramatiser les peurs – souvent démesurées – vis-à-vis de ces bestioles mais aussi d’éviter le recours à des gestes cruels, voire irréversibles envers elles.  Fabien propose ensuite quelques simulations de situations concrètes, comme « vous ouvrez votre garage et vous trouvez nez à nez avec un serpent » ou « lors d’un déjeuner de famille, votre oncle se fait piquer par un frelon » pour évaluer et éventuellement corriger les comportements.
Ces ateliers se concluent par un quiz collectif qui consolide les apprentissages dans la bonne humeur et la plupart du temps, les élèves repartent avec moins d’appréhensions.

Cet atelier sera également proposé aux familles lors de la 14e édition de « Forêt en Fête » qui se tiendra du 13 au 15 juin en partenariat avec l’abbaye de Sylvanès. Ce rendez-vous festif mêlant arts vivants, cinéma, balades naturalistes, grimpes d’arbres, conférence et débats promet de chaleureux moments de rencontres et de détente au rythme de la forêt sur le magnifique site arboré des anciens Bains de Sylvanès.

 

Helena Bregar, au cœur des traditions slaves

Chanteuse polono-slovène et cheffe de chœur, la pétillante Helena Bregar encadrera un stage de chants slaves à l’abbaye de Sylvanès, du 18 au 22 août 2025. Ce nouveau stage vient étoffer l’offre artistique du Centre culturel de rencontre de l’abbaye, déjà bien riche et variée. Helena nous en dit plus sur son parcours, le contenu de ce stage et nous invite à découvrir ce fascinant répertoire de chants et danses de tradition slave !

Peux-tu nous présenter ton parcours en quelques lignes ?
Je suis née dans la capitale de la Slovénie, Ljubljana, la ville de l’amour (ljubiti – aimer), d’une mère polonaise et d’un père slovène. J’ai passé ma jeunesse principalement en Pologne, où j’ai obtenu un Master d’Art lyrique (chant, théâtre, opéra). J’ai ensuite déménagé en France pour obtenir le Diplôme National Supérieur Professionnel de Musicien en chant baroque à Paris, et étudier la musicologie à la Sorbonne, puis la direction de chœur au CRR de Nantes. Je chante en soliste et en choriste avec de nombreuses formations. En 2022, j’ai fondé l’ensemble La Sensible, qui englobe musiques anciennes, traditionnelles et improvisées. Depuis plusieurs années, j’organise de nombreux stages de chant et de danse traditionnelle, d’improvisation vocale, ainsi que de musiques et danses historiques.

Quel sera le thème de ton stage de cet été à Sylvanès ? Quel répertoire enseigneras-tu ?
Le nom du stage est Chants des Champs, car les chants enseignés viennent des traditions rurales, des villages, des campagnes. Le sous-titre De la Baltique à l’Adriatique indique que le répertoire sera vaste : de la Russie jusqu’à la Macédoine, en passant par la Pologne et la Slovaquie. Nous allons découvrir les points qui lient et différencient ces cultures : histoire, religions, coutumes, alphabets, et comment tout cela influence la musique et le chant.

Tu vas initier tes stagiaires au cri-chant : comment le définis-tu ? quelles sont ses spécificités ?
Le cri-chant est une technique vocale dans laquelle on pousse la voix de poitrine – forte et pleine – jusqu’aux notes plus aiguës, comme lorsqu’on appelle quelqu’un au loin. Elle est souvent perçue comme une libération de sa voix naturelle : elle donne une sensation de puissance et d’ancrage.

A qui s’adresse ce stage ? faut il des pré-requis ?
Il vaut mieux être habitué à chanter à plusieurs voix, mais toute personne curieuse de découvrir les répertoires slaves, leur vocalité, leurs styles et leurs langues est la bienvenue ! L’apprentissage se fait essentiellement de bouche à oreille, même si je prépare les partitions pour certains chants.

Comment intègres-tu les danses traditionnelles dans ton enseignement et ont-elles une importance dans la compréhension de la musique slave ?
Les danses slaves diffèrent beaucoup les unes des autres. Celles de Pologne ou d’Ukraine se font souvent en couple, avec de nombreuses variations et jeux qui permettent de bien connaître son partenaire ! Elles sont une excellente occasion pour développer sa réactivité, sa créativité, mais aussi pour s’amuser et rire. Celles des Balkans se dansent souvent en ligne, et offrent un véritable festival de pas et de rythmes – souvent irréguliers.
Ces danses font ressentir les rythmes, les appuis, les caractères des musiques. Il existe aussi des chants à danser, qui combinent les deux à la fois – ce qui demande coordination et présence !

Comment as-tu découvert Sylvanès ?
J’ai chanté et dansé à Sylvanès en août 2024 avec Les Musiciens de Saint-Julien, dans leur programme Beauté barbare, où les compositions de Georg Philipp Telemann s’entremêlent avec les chants traditionnels slaves et les suites de danses moraves. Ce lieu exceptionnel m’est immédiatement devenu cher.

Si tu avais la possibilité de te téléporter dans le temps, quel maître ou compositeur aurais tu aimé rencontrer ? Pourquoi ?
Ce dont je rêverais, c’est de survoler les plaines et les montagnes, les maisons et les places de marché, pour écouter le peuple chanter et danser : en travaillant la semaine, en s’amusant le dimanche. Les entendre parler, plaisanter, entonner, appeler…
Entendre leurs voix, leurs timbres, leur sens du rythme, leur musicalité et leur sensibilité : ce serait plus précieux que de rencontrer un quelconque compositeur ayant laissé une trace écrite.
Éphémère, la voix de maintes générations de paysans est enracinée dans nos âmes. Elle est notre patrimoine.

 


EN SAVOIR PLUS : 
Site internet de Helena Bregar

Stage du 18 au 22 août 2025 à l’abbaye 

Rencontre avec la compositrice et chanteuse Cécile Veyrat

Rencontre avec Cécile Veyrat, artiste et compositrice aux commandes du projet La Belle et le Loup, opéra pop jeune public qui sera donné à Saint-Affrique le mercredi 30 avril 2025 à 20h30. 

Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Je suis musicienne sous plusieurs facettes : pianiste, chanteuse, accordéoniste, compositrice et cheffe de chœur. Mon parcours est varié, j’exerce plusieurs métiers en lien avec la musique qui me permettent d’en vivre pleinement. Ma passion pour la musique est née très tôt, j’ai commencé le piano à sept ans et j’ai tout de suite su que je voulais en faire mon métier. Au départ, je m’orientais vers l’enseignement, mais j’ai finalement pris le chemin du spectacle.

 

Pourquoi composes-tu pour le jeune public ?
J’ai toujours travaillé avec des enfants, j’ai débuté en enseignant le piano et la transmission a toujours été importante pour moi. Le hasard des rencontres a aussi joué un rôle clé dans mon choix artistique. Par exemple, avec la conteuse Aimée de la Salle, j’ai travaillé sur des spectacles pour le très jeune public. En ce qui concerne le spectacle avec chœur d’enfants ; on m’a proposé de créer un spectacle chanté avec des enfants en collaboration avec la Scène de musiques actuelles (Smac Paloma) à Nîmes et je me suis dit : « Pourquoi ne pas créer un vrai spectacle où les enfants pourraient chanter sur scène avec nous (les artistes) pendant le spectacle ? »
C’est ainsi que je suis entrée dans l’univers du spectacle musical pour le jeune public.

 

2025  : c’est la troisième édition de La Belle et le Loup, après une année de pause. Est-ce que la motivation est toujours intacte ?
Oui, totalement ! Même après une pause, c’est comme retrouver un ami. Replonger dans cet univers, redécouvrir les chansons que j’ai moi-même composées, retrouver toute l’équipe, c’est un vrai bonheur. Ce projet est avant tout une aventure artistique exceptionnelle, et l’envie reste intacte.

 

Que peux-tu nous dire sur l’univers qui a inspiré La Belle et le Loup ?
C’est un spectacle qui s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes. Marie-Chloé Pujol-Mohatta a écrit un texte qui permet une double lecture : d’abord un conte magique et féerique inspiré de La Belle et la Bête, et ensuite un message plus profond sur notre relation à la nature. Le spectacle aborde des thématiques actuelles comme le climat et l’importance de protéger notre environnement.

Comment se passent les ateliers avec les élèves de l’ensemble scolaire Saint-Michel de Belmont-sur-Rance cette année ?
Les ateliers se passent très bien ! Les enfants de Belmont chantent remarquablement bien. On sent qu’ils sont habitués à des projets musicaux, notamment grâce aux projets « l’École de l’Oralité » et « Chorale à l’École » portés par l’Abbaye de Sylvanès pendant quatre années consécutives dans l’établissement. Leur engagement et leurs belles voix rendent le projet encore plus enthousiasmant.
Cette année est particulièrement importante car nous enregistrons l’album du spectacle. Les musiciens ont déjà posé leurs parties instrumentales, la plupart des chanteurs professionnels ont enregistré leurs voix et nous programmons d’enregistrer les chœurs en avril avec les enfants de Belmont-sur-Rance. Cet enregistrement va donner une nouvelle dimension au projet, en prolongeant son existence au-delà des différentes représentations !

Que souhaites-tu transmettre aux enfants à travers ce projet ?
Je veux avant tout qu’ils prennent du plaisir à chanter. Chanter, c’est à la fois un plaisir et un bienfait. Bien sûr, cela demande du travail et de la concentration, mais le résultat final – un spectacle réalisé ensemble – vaut largement le coup ! J’aimerais ainsi leur donner déjà le goût du spectacle et du chant.

 

En mai 2025, tu seras aussi en résidence à Sylvanès pour un tout autre projet. Peux-tu nous en parler ?
En effet, je serai en résidence d’écriture et de composition musicale à l’abbaye pour mon prochain spectacle intitulé « Eurydice ». Avec ce projet, je reviens au spectacle pour adultes et au « seule en scène ».  J’y allie le conte traditionnel (le mythe d’Orphée) et la chanson pour donner une voix à Eurydice, cette femme singulière, moins entendue que celle de son compagnon légendaire… ce sera  un spectacle à la fois poétique et philosophique !

 

Et pour terminer, une petite question bonus : actuellement, quelle collaboration de rêve te ferait sauter de joie ?
Ahhhhh (rires)… alors, il y a deux artistes de musiques actuelles dont j’apprécie le talent et que j’admire beaucoup. Ce sont les chanteuses Camille et Clara Ysé. J’adore leurs voix et leurs univers respectifs ! Alors, collaborer avec elles, ce serait un rêve oui !

Retrouvez Cécile et l’équipe artistique de « La Belle et le Loup » le mercredi 30 avril à Saint-Affrique pour deux représentations
une à 14h30 pour les scolaires et une à 20h30 pour le tout public.

EN SAVOIR PLUS SUR LE SPECTACLE

BILLETTERIE DU SPECTACLE

Elène Golgevit : la musique comme une évidence

Elène Golgevit enseigne actuellement le chant au CNSMD de Paris. Elle-même chanteuse, elle a été et demeure la coach vocal de quelques stars du lyrique d’aujourd’hui et de demain. Sollicitée partout en France comme à l’étranger, elle encadre depuis 2010 à Sylvanès des classes de maître à destination de chanteurs professionnels. Rencontre…

De quand date votre passion pour la musique ?
Je suis tombée dedans petite. D’abord avec mes parents (une mère pianiste et un père violoniste – tous deux chefs de chœurs) mais aussi mes grands-parents paternels chez qui la musique populaire et savante était très présente. Ils aimaient le chant au même titre que la poésie, la littérature, le théâtre, cela faisait partie de leur quotidien. À plusieurs moments, j’ai voulu prendre pleins d’autres directions professionnelles et j’ai toujours été rattrapée par la musique : elle s’est imposée à moi comme une évidence. C’était vital, comme inscrit dans mes gènes.

Où vous êtes-vous formée ?
Au conservatoire de Montpellier en premier lieu, puis je suis partie en Italie me perfectionner auprès du maestro Roberto Caverni. Ce fut une rencontre décisive pour moi : j’ai découvert ce lien fort à la culture opératique. Là-bas, l’image du maçon qui chante les airs d’opéras, ce n’est pas une légende. Je l’ai vécu… l’opéra c’est dans leur ADN. J’ai réalisé alors que ce n’était pas un monde inaccessible et j’ai choisi d’y faire mon parcours de vie, épaulée par Roberto puis d’autres pédagogues. J’ai bénéficié du soutien majeur du phoniatre Benoît Amy de la Bretèque qui m’a permis d’allier à la fois un savoir de la tradition et de la science.

Quelle est pour vous la principale qualité pour être un bon coach vocal ?
Être à l’écoute de l’artiste et de tous les écueils qu’il peut rencontrer, guider avec exigence et humilité.

La promotion « Sylvanès 2024 » de la classe de maître

Nombreux sont les jeunes talents que vous avez coachés… Quel est votre regard sur leurs carrières, les suivez-vous toujours?
C’est très gentil à vous, je les suis toujours en effet, de plus ou moins près selon leurs demandes. Je suis très admirative des singularités de leurs parcours, des sacrifices qu’ils font pour faire ce métier impitoyable. J’ai un grand respect et une grande tendresse pour eux.

Quel rapport avez-vous avec Sylvanès ?
Il est unique. C’est un lieu calme et puissant qui permet de s’immerger totalement, se ressourcer avec le lieu et la nature, être ainsi dans un cocon de travail bienveillant pour aller au plus loin de son exigence. Les chanteurs aiment venir ici, c’est une bulle d’oxygène au milieu de leurs carrières tellement mouvementées par nature. Ces stages sont une occasion de faire le point sur l’évolution de leur instrument-voix et expérimenter de nouveaux rôles. Le lieu épouse totalement cette intimité tout en étant ouvert sur la nature, comme l’artiste l’est sur scène.

Elène Golgevit et sa pianiste Charlotte Bonneu lors du récital « Verdi, Puccini & Intermezzi » du 26 juillet 2024 au Festival

Quel est votre répertoire d’opéra de prédilection ?
Il est vrai que j’ai une sensibilité pour le répertoire d’opéra italien du XIXe siècle comme vous l’avez entendu cet été dans le récital que nous avons donné avec Charlotte Bonneu dans le cadre du festival de l’abbaye. Mais je suis très sensible à George Benjamin, Kaija Saariaho tout comme à Strauss, Massenet… Au delà de l’opéra, je suis gourmande de musique de manière générale sous de nombreuses formes musicales, vocales ou non, de Bach à Mahler, Britten… et nous avons la grande chance en ce moment de découvrir tant de compositrices méconnues.

 

Interview réalisé avec la collaboration de Rachel Gonzales, bénévole au service communication du Festival 2024

 

 

En savoir plus sur la classe de maître 2025 à Sylvanès

 


CE QU’ELLES DISENT DE LEUR PROFESSEUR… 

Elène est un soleil : elle réchauffe les cœurs et permet de faire rayonner notre voix et notre corps tout entier, elle sait mettre en lumière nos voix et nos personnalités artistiques. Elle nous guide dans le chemin de la carrière, elle sait être aussi la tête froide quand le cœur est trop chaud… Sans elle, mon parcours aurait été complètement différent.
Je suis pleine de gratitude pour elle.
Marine Chagnon

Cela fait 13 ans que je travaille avec Elène et je continue toujours d’apprendre à ses côtés. Elle est à l’écoute de chacun de ses élèves et sait s’y adapter. Parce qu’elle a une boîte à outils sans fond pour régler chaque problème qui pourrait se poser, je l’ai longtemps appelée « ma baguette magique ».
C’est aussi une immense pédagogue, une musicienne et une personne incroyable, d’une curiosité et d’une générosité sans limite qui évolue dans sa pratique et dans sa pédagogie encore et toujours. Pour toutes ces raisons, je me suis rendue compte qu’elle était en fait « ma fée » !

Eva Zaïcik

Elène Golgevit est un modèle de bienveillance, d’écoute et de pédagogie. Toujours disponible, dans le respect de l’artiste et de l’élève, elle parvient à instaurer une relation de confiance et à créer un environnement de travail unique pour des résultats toujours concrets. C’est une professeur rare et exceptionnelle.
Anthea Pichanick

Parmi les élèves de la classe de maître 2023 : Marine Chagnon, Eva Zaïcik et Anthea Pichanick

Rencontre avec Pinky, artiste pluridisciplinaire

Htet Myo Htut Aung, de son nom d’artiste Pinky est une jeune artiste birmane de 32 ans. Autodidacte et issue d’une famille de musiciens, cette artiste pluridisciplinaire exerce dans le domaine des arts visuels (dessin, peinture, design) et de la musique (composition et interprétation).
Suite au coup d’État de l’armée birmane en février 2021, elle a dû fuir son propre pays et a rejoint la France pour repenser son avenir et réaliser son potentiel artistique en sécurité. Pinky a pu étudier pendant un an à l’IESA (Institut d’Etudes supérieures des Arts), année au cours de laquelle elle a longuement développé et mûri son projet artistique. C’est dans le cadre du programme Nora mis en place par l’ACCR que l’Abbaye de Sylvanès l’a accueillie en résidence artistique du 19 août au 1er septembre.
Voici quelques morceaux choisis de son rapport de résidence rédigé à l’issue de son séjour parmi nous.

Sylvanès, ça en vaut la peine !
Se rendre à l’abbaye était aussi difficile que cela en avait l’air sur la carte : 10 heures de voyage au total – mais au fond de moi, je savais que cela en vaudrait la peine. Dès ce premier jour, j’étais ravie d’entendre différents types de musique, les sons de la nature, la forêt et le ruisseau à proximité et d’être dans un lieu historique. Pour quelqu’un comme moi qui puise son inspiration principalement dans la spiritualité, Sylvanès était vraiment un appel.

Sylvanès, un lieu où les différentes religions et les cultures se rencontrent
Ma première semaine de résidence, j’ai pu participer au stage encadrée par Françoise Atlan sur les chants séfarades et arabo-andalous. Je suis fasciné par la culture andalouse depuis que je l’ai découverte à travers la musique en 2018, donc c’était l’occasion parfaite pour moi ! Je me suis fait de nouveaux amis au sein de ce stage.
De nombreux concerts du Festival ont eu lieu pendant mon séjour : un quatuor à cordes talentueux, des polyphonies au féminin d’Occitanie, d’Italie et de Corse, des chants orthodoxes, des chants d’Orient, un récital de chant lyrique et de la musique du Rajasthan. Ici, j’ai l’impression de rêver. C’est si rare d’entendre des musiques de différents religions et pays, de styles divers au même endroit en même temps ! Ce lieu est incroyablement important pour le monde, et j’admire l’équipe, notamment Michel, pour avoir su le maintenir toutes ces années. J’espère que cela continuera encore longtemps !

Un coup de cœur pour l’Orgue de Sylvanès
L’orgue m’a toujours fasciné, car il n’existe pas au Myanmar (ex Birmanie), et j’ai grandi en rêvant de l’entendre en direct, surtout en écoutant beaucoup de Bach. 
J’ai déjà eu l’occasion de jouer cette année sur un orgue d’église et de comprendre son mécanisme. Ici, à Sylvanès, j’ai vraiment apprécié de passer beaucoup plus de temps à jouer et à explorer cet instrument moderne. Certains jours, j’avais l’impression de passer toute la journée à l’intérieur, bien que je ne faisais en réalité que m’entraîner et m’amuser. Un habitant de Sylvanès qui est organiste m’a montré l’utilité des différents registres et claviers, m’expliquant les harmoniques et les sons de résonance.

Sylvanès, un lieu inspirant
Ici, j’ai beaucoup joué du piano, composé des mélodies et une nouvelle pièce sur l’orgue. Malgré mon parcours en musique électroacoustique, je me suis à peine servi de mes instruments électroniques. Les compositions que j’ai créées ici ont été fortement influencées par la musique baroque, loin des styles contemporains. J’ai accepté cette inspiration divine et je me suis permis de créer sans objectif spécifique.
Avant de venir ici, mon rêve  ici était de réaliser mes installations dans des espaces sacrés tels que des églises ou de grandes salles, car je considère que cela correspond parfaitement au concept spirituel qui sous-tend ma pratique. L’idée était de mettre en place une installation immersive, fusionnant la peinture, le son et la musique. Le public pourrait toucher mes peintures, et grâce aux capteurs, leurs touchers manipuleront différents sons, comme si les nuages sur mes peintures chantaient à leurs touchers.
Cependant, durant cette résidence, j’ai saisi l’opportunité d’être attentif et de laisser l’inspiration venir lentement. J’ai décidé de ne pas me fixer d’objectif précis, ce sera pour une autre fois lors d’un prochain séjour à l’abbaye de Sylvanès, je l’espère!

Un séjour magique et guérisseur
En tant qu’exilée, je n’ai pas eu l’occasion de traiter correctement mes traumatismes, de réfléchir à mes progrès ou simplement d’être seule avec mes pensées et mes désirs. Cette résidence, ainsi que celle que j’ai faite en mai, m’a donné du courage et du calme. Les choses restent incertaines, instables, et dangereuses chez moi, avec des mauvaises nouvelles constantes, mais j’ai cessé de vivre dans la peur et le désespoir. Pour cela, je suis profondément reconnaissante de ce que la vie m’offre ici.
Ce que je retiens, ce sont les connexions que j’ai nouées avec toutes les personnes que j’ai croisées, l’histoire passionnante de l’abbaye, son fameux orgue contemporain (le plus grand d’Occitanie), ainsi que les morceaux de musique que j’ai pu composer en ces murs.

 

« Les nuages sont des pensées : exploration des désirs et des prières.
Enfant, j’ai toujours été fasciné par les nuages. Je passais beaucoup de temps à les regarder, alors qu’ils changent de forme, ressemblant parfois à une certaine forme.
Au même moment, des milliers de pensées ont déjà traversé mon esprit. Les nuages sont comme mes pensées, ils ne cessent de passer et se transforment sans cesse. »
Pinky

Site internet de Pinky  : https://pinkyhtutaung.wixsite.com/my-site

L’adieu à André Gouzes (1943-2024)

Notre cher frère André Gouzes nous a quittés dans la nuit du 22 au 23 août dernier nous laissant tous dans une profonde tristesse.

A l’annonce de son décès, des centaines de témoignages, de messages ont afflué par courrier, mail, réseaux sociaux. Nous remercions sincèrement ici toutes les personnes qui ont témoigné leur soutien et se sont associés à notre immense peine.

Ses obsèques ont été célébrées dans l’abbatiale de Sylvanès le mardi 27 août 2024 où la grande famille de Sylvanès s’est réunie en nombre pour lui rendre un dernier hommage.
Ce fut une très belle messe présidée par le Frère dominicain Joël Boudaroua entouré de nombreux frères du Couvent des Dominicains de Toulouse et de Montpellier. Beaucoup de ses ami(e)s chanteurs(es) de toutes les générations étaient également rassemblés pour chanter sa belle Liturgie en présence du frère Daniel Bourgeois co-auteur des textes de « La Liturgie chorale du Peuple de Dieu » avec le frère Jean-Philippe Revel.

TÉLÉCHARGER LE LIVRET DE LA MESSE DES OBSÈQUES

Un temps fort de la célébration a été marqué par la diffusion d’un enregistrement d’une homélie du Père André Gouzes donnée le 27 novembre 1983 en l’abbatiale de Sylvanès. Le moment où la voix si familière d’André a retenti sous les voûtes de l’abbatiale fut chargé en émotions fortes . Il est possible de l’écouter sur le lien ci-dessous :

Beaucoup de fidèles amis, membres adhérents de l’association de l’Abbaye, venus des quatre coins de France, d’Europe, du Canada étaient réunis ce jour là pour ce dernier adieu et de vibrants hommages lui ont été rendus :

• Son ami musicien de longue date, Marcel Bardon a interprété au violoncelle dans le choeur de l’abbatiale la magnifique chanson catalane El Cant dels ocells (Le chant des oiseaux) de Pablo Casals : sublime message de paix et d’espoir…

• Son ami journaliste René Poujol a livré un poignant message d’amitié que vous pouvez retrouver sur son blog en cliquant ici  :  Texte de René Poujol

• A sa suite, c’est Michel Wolkowitsky, son compagnon de route de l’Aventure de la Renaissance de l’abbaye, qui a pris la parole pour lui adresser un émouvant dernier adieu : Télécharger le texte de Michel Wolkowitsky

Le cercueil d’André a quitté l’abbatiale au chant du Salve Regina des bergers du Rouergue jusqu’au parvis de l’abbatiale où l’assistance l’a spontanément applaudi. Ses proches l’ont par la suite accompagné en procession jusqu’au petit cimetière de Sylvanès.

Notre cher André nous laisse un héritage spirituel et musical qui continuera à vivre en chacun de nous et notre reconnaissance est éternelle. Il a désormais retrouvé sa terre du sud Aveyron et repose au chevet de son abbaye, si chère à son cœur et qui demeurera toujours le berceau et le rayonnement de sa création. Merci André et repose en paix !

 

Lire les articles du Progrès Saint-Affricain et du Saint Affricain

 

 

Article du journal Le Progrès Saint-Affricain – paru le jeudi 29 août 2024

 

Article du journal Le Saint-Affricain – paru le 4 septembre 2024

 

 

 

 

 

Nataliia : la joie de chanter ensemble !

Dans le cadre du programme Odyssée de l’ACCR – Association des Centres culturels de rencontre – nous avons eu l’immense plaisir d’accueillir en nos murs Nataliia Zhuravel, artiste ukrainienne pour une résidence du 2 au 15 juillet 2024.
Au cours de son séjour, Nataliia a eu l’opportunité de faire de nombreuses rencontres artistiques, d’animer des ateliers de chant auprès de jeunes enfants, adolescents et adultes et a su transmettre avec un grand enthousiasme son amour de la musique et du chant.  Elle a pu aussi assister au concert d’ouverture du 47e Festival qui a eu lieu le 14 juillet. Rencontre avec cette belle personne,  passionnée par le chant et la musique qui a laissé son empreinte lumineuse au sein de l’abbaye.

Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Nataliia Zhuravel et suis arrivée en France en mars 2022. En Ukraine, je travaillais comme professeur de chant et de musique à l’Institut pédagogique de Kryvyi Rih. J’ai également été coach vocal dans le secteur du théâtre durant plusieurs années.

L’Abbaye de Sylvanès fait partie d’un réseau de CCR (Centres culturels de rencontre). Pourquoi avoir choisi ce lieu plutôt qu’un autre ?
Le programme Odyssée auquel je participe a été mis en place par le Ministère de la Culture et vient spécifiquement en aide aux artistes réfugiés, ce qui explique ma présence ici à Sylvanès. La thématique du Centre culturel de rencontre autour de « Musiques et dialogue des cultures » et toutes les actions de pédagogie du chant, de création musicale qui sont menées ici m’ont motivée à postuler. Je ne regrette aucunement ce choix  ! Cela a été un véritable programme d’intégration pour moi. Le cadre de l’abbaye est favorable à l’exploration des techniques vocales que je pratique comme le yoga vocal, la respiration, la méditation, les sons de la nature. Elles visent, entre autres, à favoriser l’harmonisation des émotions. Ce fut une très belle découverte !

Quel était votre objectif de travail en venant ici ?
J’avais besoin de développer les bases et les principes de mon travail, celui-ci étant d’enseigner le chant à tous ceux qui le souhaitent car chanter peut faire une différence dans votre vie, j’en suis convaincue ! Je suis très contente de passer du temps entre ces murs et j’y rencontre des personnes merveilleuses. Je sais que beaucoup de prières ont été prononcées dans ce lieu et j’y prie tous les jours. Je veux vraiment que cet endroit m’aide à croire en la victoire de mon pays.

Le contexte de la guerre en Ukraine a cruellement affecté votre travail…
La guerre a bouleversé ma vie. Je me suis retrouvée seule en France et je me sentais très mal. J’étais souvent déprimée parce que je ne pouvais rien faire face à la situation. J’ai vécu un an dans une auberge dans la ville de Fos-sur-Mer. L’auberge était isolée, il n’y avait rien d’autre qu’un atelier de préparation de légumes à côté de chez moi et j’y suis allée pour travailler. Je suivais des cours de français trois fois par semaine. Il fallait malgré tout que je me ressaisisse parce que la vie continue. J’ai commencé à chanter avec des femmes et des enfants ukrainiens et nous avons formé ensemble le choeur de chansons ukrainiennes « Kalyna ». On chantait pour le plaisir, on répétait plusieurs fois par semaine et on est montées sur scène au théâtre de Martigues pour l’ouverture de la saison culturelle 2022 et aussi à Fos-sur-Mer. Côté famille, nous communiquons via les réseaux car les frontières sont fermées. J’ai des nouvelles de mon fils qui étudie au Conservatoire d’Odessa et qui, je l’espère, pourra venir jouer en France à l’automne 2024.

Avez-vous pu échanger avec d’autres artistes à l’Abbaye au cours de votre séjour ?
Oui j’ai pu assister dès mon arrivée au travail de Frédéric Gindraux et Jean-Philippe Clerc à l’occasion de leur classe de maître auprès de jeunes professionnels. Frédéric est comme un maître pour moi, il enseigne clairement et très subtilement  : il a une approche individuelle particulière auprès de chaque élève, ce que j’aime tout particulièrement. À ses côtés, j’ai appris de nouvelles choses et confirmé mes connaissances en matière de spécialisation vocale.

J’ai partagé également du temps auprès du Directeur général Michel Wolkowitsky, également chanteur, pédagogue de la voix et metteur en scène. Notre première rencontre autour du chant m’a aidée à retrouver un équilibre psychologique après le stress que je subissais à ce moment là : mon pays était en effet particulièrement meurtri par des violentes attaques dans un hôpital de Kyiv. Michel m’a aidée à orienter le son de ma voix dans une direction calme. Il travaille avec beaucoup de soin et de professionnalisme sur la respiration et la voix et j’ai pu me rendre compte que nos techniques vocales étaient très similaires. Cela me donne encore plus de confiance dans mon développement professionnel, car en fait il n’y a pas de limites, pas de frontières, mais seulement « sa majesté la musique » !

Au cours de mon séjour, j’ai aussi participé au stage « chanter en famille » animé par Béatrice Gaussorgues. Tout le temps passé avec elle et le groupe d’enfants, d’adolescents et parents a été un grand plaisir ! A cette occasion, j’ai pu mettre à profit les techniques que j’utilise avec les stagiaires, des exercices de respiration, des jeux vocaux, c’était très chouette ! Nous avons travaillé ensemble une chanson simple et j’ai été aussi ravi de découvrir le répertoire de musique liturgique, si spécifique au lieu. Il y avait une ambiance conviviale, c’était comme des vacances  !

Avant mon départ, j’ai aussi pu rencontrer les merveilleux musiciens de l’ensemble les Paladins et assister au très beau concert de musique baroque d’ouverture du Festival.

J’ai vraiment apprécié toutes les personnes qui travaillent à Sylvanès pour leur respect, leur aide, leur délicatesse, leur générosité, pour la gourmandise, pour le calme qu’ils créent au sein de l’abbaye. Merci à tous !

Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
A présent, j’habite Martigues où j’enseigne en tant que cheffe de chœur et professeure de chant. Parmi mes derniers projets en date, j’avais dans l’idée de faire se rencontrer la chorale d’enfants que j’anime à Kryvyi Rih et d’autres chorales d’Ukraine et de France. Pour cela, j’ai mis en place un festival en ligne et j’ai rencontré des chefs de chœur de différentes villes. L’UNESCO nous a rejoint dans le projet pour nous apporter son soutien. La chorale de Kryvyi Rih devrait venir en représentation dans une église de Martigues le jour de la Saint Nicolas en décembre 2024.

Le mot de la fin ?
Chantez, vous le valez bien ! Le chant a un effet harmonieux et global sur le développement de l’individu, il favorise la communication, la socialisation, les amitiés réelles et la camaraderie !  Alors quelque soit votre âge, quelque soit votre état, chantez  !!!

 

Propos recueillis par Vanessa Brisse-Bonnet, saisonnière au service accueil-tourisme de l’abbaye, juillet 2024