Helena Bregar, au cœur des traditions slaves
Chanteuse polono-slovène et cheffe de chœur, la pétillante Helena Bregar encadrera un stage de chants slaves à l’abbaye de Sylvanès, du 18 au 22 août 2025. Ce nouveau stage vient étoffer l’offre artistique du Centre culturel de rencontre de l’abbaye, déjà bien riche et variée. Helena nous en dit plus sur son parcours, le contenu de ce stage et nous invite à découvrir ce fascinant répertoire de chants et danses de tradition slave !
Peux-tu nous présenter ton parcours en quelques lignes ?
Je suis née dans la capitale de la Slovénie, Ljubljana, la ville de l’amour (ljubiti – aimer), d’une mère polonaise et d’un père slovène. J’ai passé ma jeunesse principalement en Pologne, où j’ai obtenu un Master d’Art lyrique (chant, théâtre, opéra). J’ai ensuite déménagé en France pour obtenir le Diplôme National Supérieur Professionnel de Musicien en chant baroque à Paris, et étudier la musicologie à la Sorbonne, puis la direction de chœur au CRR de Nantes. Je chante en soliste et en choriste avec de nombreuses formations. En 2022, j’ai fondé l’ensemble La Sensible, qui englobe musiques anciennes, traditionnelles et improvisées. Depuis plusieurs années, j’organise de nombreux stages de chant et de danse traditionnelle, d’improvisation vocale, ainsi que de musiques et danses historiques.
Quel sera le thème de ton stage de cet été à Sylvanès ? Quel répertoire enseigneras-tu ?
Le nom du stage est Chants des Champs, car les chants enseignés viennent des traditions rurales, des villages, des campagnes. Le sous-titre De la Baltique à l’Adriatique indique que le répertoire sera vaste : de la Russie jusqu’à la Macédoine, en passant par la Pologne et la Slovaquie. Nous allons découvrir les points qui lient et différencient ces cultures : histoire, religions, coutumes, alphabets, et comment tout cela influence la musique et le chant.
Tu vas initier tes stagiaires au cri-chant : comment le définis-tu ? quelles sont ses spécificités ?
Le cri-chant est une technique vocale dans laquelle on pousse la voix de poitrine – forte et pleine – jusqu’aux notes plus aiguës, comme lorsqu’on appelle quelqu’un au loin. Elle est souvent perçue comme une libération de sa voix naturelle : elle donne une sensation de puissance et d’ancrage.
A qui s’adresse ce stage ? faut il des pré-requis ?
Il vaut mieux être habitué à chanter à plusieurs voix, mais toute personne curieuse de découvrir les répertoires slaves, leur vocalité, leurs styles et leurs langues est la bienvenue ! L’apprentissage se fait essentiellement de bouche à oreille, même si je prépare les partitions pour certains chants.
Comment intègres-tu les danses traditionnelles dans ton enseignement et ont-elles une importance dans la compréhension de la musique slave ?
Les danses slaves diffèrent beaucoup les unes des autres. Celles de Pologne ou d’Ukraine se font souvent en couple, avec de nombreuses variations et jeux qui permettent de bien connaître son partenaire ! Elles sont une excellente occasion pour développer sa réactivité, sa créativité, mais aussi pour s’amuser et rire. Celles des Balkans se dansent souvent en ligne, et offrent un véritable festival de pas et de rythmes – souvent irréguliers.
Ces danses font ressentir les rythmes, les appuis, les caractères des musiques. Il existe aussi des chants à danser, qui combinent les deux à la fois – ce qui demande coordination et présence !
Comment as-tu découvert Sylvanès ?
J’ai chanté et dansé à Sylvanès en août 2024 avec Les Musiciens de Saint-Julien, dans leur programme Beauté barbare, où les compositions de Georg Philipp Telemann s’entremêlent avec les chants traditionnels slaves et les suites de danses moraves. Ce lieu exceptionnel m’est immédiatement devenu cher.
Si tu avais la possibilité de te téléporter dans le temps, quel maître ou compositeur aurais tu aimé rencontrer ? Pourquoi ?
Ce dont je rêverais, c’est de survoler les plaines et les montagnes, les maisons et les places de marché, pour écouter le peuple chanter et danser : en travaillant la semaine, en s’amusant le dimanche. Les entendre parler, plaisanter, entonner, appeler…
Entendre leurs voix, leurs timbres, leur sens du rythme, leur musicalité et leur sensibilité : ce serait plus précieux que de rencontrer un quelconque compositeur ayant laissé une trace écrite.
Éphémère, la voix de maintes générations de paysans est enracinée dans nos âmes. Elle est notre patrimoine.
EN SAVOIR PLUS :
Site internet de Helena Bregar