17e rencontre du film musical : une édition réussie !

Déjà dix-sept années que le Centre culturel de l’Abbaye de Sylvanès propose, au Cinéma Le Temple de Camarès, les Rencontres du film musical. Lors de cette édition, qui s’est déroulée du 7 au 11 novembre, plus de 250 personnes ont investi la salle du Cinéma le Temple à Camarès pour (re)découvrir sur grand écran des films musicaux les plus singuliers et les plus représentatifs du genre ! La sélection éclectique concoctée par le directeur de l’abbaye Michel Wolkowitski a su séduire un large public  !

Le vendredi 7 novembre au soir, c’est le film « Le Théâtre de la Divine Comédie » qui a ouvert les festivités en présence de Bruno Bonhoure, directeur musical de La Camera delle Lacrime. Œuvre singulière des réalisateurs Kai Duc Luong et Khaï-Dong Luong, revisitant en trois volets l’œuvre emblématique de Dante, ce spectacle sublimement filmé et interprété a plongé le public dans une véritable immersion visuelle et sonore au cœur de l’Italie médiévale, entre chants anciens, hymnes sacrés et poésie troubadouresque.

Le public a ensuite pu (re)découvrir « Les Uns et les Autres » de Claude Lelouch, grande fresque musicale et historique traversant les époques et les frontières et au casting impressionnant. Véritable symphonie humaine, ce chef-d’oeuvre a ému par la force de son propos et la beauté de sa structure originale repartie entre la France, l’Allemagne, l’URSS et les Etats-Unis avec pour fil conducteur et langage commun la musique !  Du grand cinéma, puissant et bouleversant !

Autre moment fort : « Indes Galantes » de Philippe Béziat, qui a conquis la salle. Ce documentaire haut en couleurs retrace l’audacieuse rencontre à l’Opéra Bastille entre le baroque de Jean-Philippe Rameau et  la puissance brute de 30 danseurs de hip-hop, krump, break, voguing. Une aventure humaine hors norme qui offre une réflexion profonde sur notre rapport à l’autre, à l’ordre établi et qui fait « tomber les barrières ».

Le film « Bolero » d’Anne Fontaine a offert au public une adaptation d’une grande saveur autour de la création de l’œuvre universelle de Maurice Ravel. Une incursion sensorielle dans le quotidien d’un homme dont chaque pas, chaque parole, chaque choix était dirigé par les mélodies qui surgissaient à tout moment dans sa tête, et dont la compréhension du monde, de l’amour, de la vie en société dépendait entièrement de sa musique.

Puis, place à la légèreté avec « Yesterday », un film de Danny Boyle sur un scénario original de Richard Curtis. On y découvre « un monde sans les Beatles » où un jeune musicien s’approprie leur gloire, bien malgré lui. Ce scénario savoureux a conquis le public par son humour et sa tendresse, rendant hommage à la musique des quatre garçons dans le vent tout en questionnant la célébrité à l’ère numérique.

Autre comédie musicale qui a déchaîné des fous rires dans la salle : l’incontournable « Sister Act » d’Emile Ardolino, portée par une Whoopi Goldberg irrésistible dans son rôle de bonne sœur  ! Difficile de résister à cette histoire hilarante sur fond d’enquête policière et à la bande originale mixant gospel traditionnel, jazz et pop ! Ce grand classique des années 1990 a une fois de plus démontré qu’il était un véritable cocktail euphorisant, un hymne intemporel à la bonne humeur !

Pour conclure ces Rencontres, le film musical « La Couleur pourpre » de Blitz Bazawule a bouleversé le public. Ce remake du chef-d’œuvre de Spielberg propose une lecture musicale vibrante de la résilience féminine au sein de la communauté afro-américaine, entre blues, gospel, pop et des chorégraphies grandioses !  Cette œuvre puissante a suscité de vives émotions dans la salle et a clôturé l’événement sur une note d’humanité et de foi.

Un merci particulier à la Communauté de communes Monts, Rance et Rougier pour son soutien et rendez-vous l’année prochaine pour une 18e édition de ces rencontres du film musical !

« Le Jeu de Robin et Marion », nouvelle création avec des scolaires !

En 2026, une nouvelle création musicale verra le jour dans le cadre des projets d’éducation artistique et culturelle de l’Abbaye de Sylvanès. Il s’agit de « Amoureux imaginaires : le Jeu de Robin et Marion », nouveau spectacle de l’Ensemble La Camera delle Lacrime. 

La première comédie musicale de l’histoire de la musique occidentale 

Cette année, deux classes de 5ᵉ de l’Ensemble Scolaire Saint-Michel de Belmont-sur-Rance seront associées au projet. Le parcours éducatif, artistique et humain qui leur est proposé est à la fois exigeant, joyeux et accessible ! Il s’inspire du Jeu de Robin et Marion, souvent considéré comme la première comédie musicale de l’histoire de la musique occidentale. Elle a été écrite dans les années 1280 par le trouvère – auteur compositeur et interprète de langue picarde –Adam de la Halle (1240 – 1288) nommé aussi Adam d’Arras.
La nature est le théâtre de ce récit amoureux qui alterne narration parlée et chantée ainsi que des danses. Marion, jeune bergère travaille dans un champ et rêve en même temps de Robin. Arrive alors Aubert, un chevalier qui, à défaut d’arriver à la séduire, décide de l’enlever. Heureusement, Marion s’échappe et parvient à retrouver Robin. Le jeu de Robin et Marion se termine avec une fête mêlant chants, danses, jeux et festin sur l’herbe.
Cette œuvre est un précieux témoignage sur la culture médiévale et constitue une immersion vivante au cœur d’un projet pluridisciplinaire mêlant expression corporelle et vocale, musique, patrimoine et histoire des arts. En outre, il questionne la représentation de l’amour, du jeu et du quotidien au Moyen Âge.

Quatre ateliers dans les classes et une restitution finale 

De décembre à mars, les élèves bénéficieront de quatre interventions mensuelles menées par Bruno Bonhoure (direction musicale et coordination pédagogique, chant, harpe et tambour sur cadre) et Khaï-Dong Luong (recherche, dramaturgie, écriture du scénario), avec un premier atelier prévu le 10 décembre 2025 pour :

  • Découvrir le répertoire médiéval
  • Expérimenter le travail scénique et collaboratif
  • Vivre l’expérience de la création artistique aux côtés de musiciens professionnels

La restitution finale présentée aux familles le vendredi 17 avril sera un véritable spectacle où les élèves seront au cœur de l’action !

Ce projet de création est mené en partenariat avec le Clermont Auvergne Opéra (Puy-de-Dôme) et le Centre International de Musique Médiévales (CIMM)

En savoir plus sur La Camera delle Lacrime 

Les travaux du nouveau bâtiment ont repris

Après une pause cet été, les travaux du chantier d’aménagement de l’abbaye ont repris dès le  mois de septembre après le beau succès du 48e Festival ! Ils devront se poursuivre jusqu’en juin 2026 et le déménagement des bureaux administratifs, de la librairie se feront dans la foulée.

À ce stade d’avancement, l’édifice à la silhouette sobre se laisse contempler en imaginant la large ouverture vitrée côté parking qui offrira aux visiteurs une vue privilégiée sur l’espace cloître de l’abbaye.
Entre les deux pignons en « béton cyclopéen » – un mélange de pierre de Crassous et de béton – les façades sont vitrées à l’intérieur et habillées de chêne brut à l’extérieur.

Sans rentrer dans les détails des 900 m2 du bâtiment, les espaces déjà cloisonnés donnent déjà un aperçu des futures salles  : le hall d’accueil, l’auditorium, les bureaux administratifs, la salle de réunion,  la librairie-boutique et l’espace cafétéria avec son accès sur l’extérieur verdoyant le long du Cabot.

En rappel, le cabinet parisien Antoine Dufour Architectes en tant que maître d’œuvre a imaginé l’édifice dans l’optique de préserver l’esprit cistercien de ce lieu emblématique tout en lui offrant des espaces modernes et fonctionnels pour mieux accueillir artistes, festivaliers et visiteurs.
Les travaux s’étendront jusqu’au printemps 2026, avec une inauguration attendue lors du 49e Festival de Sylvanès.

Cet ambitieux projet de territoire est porté par la Communauté de Communes Monts, Rance et Rougiers qui assure la maîtrise d’ouvrage en collaboration étroite avec la petite commune de Sylvanès, propriétaire des lieux, les conseils et le soutien des services de la DRAC et des Monuments historiques d’Occitanie au Ministère de la Culture, le Département de l’Aveyron, du Conseil Régional Occitanie-Sud de France, de l’Europe (Programme européen régional FEDER/FSE+/FTJ 2021-2027) et du Parc naturel régional des grands Causses.

 

Les projets scolaires 2025-2026

Tour d’horizon des projets d’éducation artistique et culturelle pour l’année scolaire 2025-2026  !

 

CHORALE À L’ÉCOLE (7e année consécutive) : le plaisir de chanter ensemble !

En ce début d’automne, les élèves ont accueilli leur nouvelle professeure de chant. Jusqu’au mois de juin prochain, Anna Claire Golitzin – musicienne intervenante rattachée au Conservatoire de l’Aveyron – sillonnera les routes tous les mardis pour aller faire chanter les enfants dans leur école. Au total, 11 classes – soit 175 élèves – bénéficieront chacune de 14 ateliers de 45 minutes, mais aussi d’une rencontre artistique avec l’auteur, compositeur, interprète Hervé Suhubiette. Le projet aboutira comme chaque année au mois de juin 2026 à une restitution publique pour expérimenter en chœur l’exceptionnelle acoustique de l’abbatiale.

Initié par l’Abbaye de Sylvanès, Centre culturel de rencontre, ce projet est mené en partenariat avec la Communauté de Communes Monts Rance et Rougier, le Conservatoire à Rayonnement Départemental de l’Aveyron, le Conseil Départemental de l’Aveyron et le soutien de l’Éducation nationale.


CRÉATION MUSICALE  « Amoureux imaginaires : le Jeu de Robin et Marion »

Une fois n’est pas coutume ! L’abbaye de Sylvanès associe des élèves à la prochaine création musicale de La Camera Delle Lacrime. Le parcours éducatif, artistique et humain qui leur est proposé est à la fois exigeant, joyeux et accessible ! Il s’inspire du Jeu de Robin et Marion, pièce de théâtre entrecoupée de chansons composées en 1280 par le trouvère Adam de la Halle.
Souvent considérée comme la première comédie musicale de l’histoire occidentale, cette œuvre est un précieux témoignage sur la culture médiévale et constitue une immersion vivante au cœur d’un projet pluridisciplinaire mêlant expression corporelle et vocale, musique, patrimoine et histoire des arts. En outre, il questionne la représentation de l’amour, du jeu et du quotidien au Moyen Âge.

De décembre à mars, deux classes de 5e bénéficieront d’interventions mensuelles menées par Bruno Bonhoure (direction musicale et coordination pédagogique, chant, harpe et tambour sur cadre) et Khaï-Dong Luong (recherche, dramaturgie, écriture du scénario) pour :

– Découvrir le répertoire médiéval
– Apprendre à chanter en ancien français
– Expérimenter le travail scénique et collaboratif
– Vivre l’expérience de la création artistique aux côtés de musiciens professionnels

La restitution finale présentée aux familles le vendredi 17 avril sera un véritable spectacle où les élèves seront au cœur de l’action !


À VOL D’OISEAU: quand musique et nature se rencontrent pour éveiller les sensibilités

Ce projet est développé par La Chapelle Harmonique en partenariat avec la Ligue pour la Protection des oiseaux et avec le soutien des services de l’Éducation nationale. Deux classes bénéficieront d’une série de quatre ateliers au printemps : imiter, observer et reconnaître les chants d’oiseaux avec des appeaux ; découvrir comment les oiseaux ont inspiré les compositeurs du Moyen Âge à aujourd’hui ; atelier de chant et apprentissage des œuvres « Les Rossignols » de Ballard » et « Le concert des oyseaux » de Moulinié ; intervention de La Ligue de Protection des oiseaux pour fabriquer une mangeoire ou un nichoir. Une expérience unique où musique et nature se rencontrent pour éveiller les sensibilités…

 


DES PIEDS ET DES MAINS POUR LA FORÊT : tous à la (re)découverte de la biodiversité forestière !

Chaque année à la mi-juin, les écoles du territoire rejoignent Sylvanès pour une journée spéciale coorganisée avec l’association Millefeuilles où découvertes riment avec nature et bonne humeur !

Au cours de cette journée, chaque élève âgé de 3 à 10 ans participe à quatre ateliers animés par des intervenants professionnels passionnés. Observer les petites bêtes de la rivière, partir à la recherche d’insectes, découvrir les secrets de la ripisylve, comprendre pourquoi et comment trier ses déchets… ou même assister à un spectacle ! Que l’approche soit scientifique, artistique, sensorielle ou ludique, chacun y trouve son compte, quel que soit son âge.

Un rendez-vous annuel riche en surprises qui, d’année en année, aide les enfants à mieux comprendre le monde qui les entoure, à développer leur curiosité et à devenir, tout doucement, des citoyens responsables et attentifs à leur environnement.

 


VISITES ET ATELIERS DÉCOUVERTE : une immersion artistique et patrimoniale pour les classes !

Tout au long de l’année, l’Abbaye de Sylvanès ouvre ses portes aux établissements scolaires et devient un formidable terrain de découverte pour les élèves. Bien plus qu’un monument historique, cette ancienne abbaye cistercienne est en effet un véritable lieu de vie et de création.

À travers des visites mêlant découverte et participation, les élèves explorent le site d’une façon originale, ludique et sensorielle. Du Moyen Âge à l’époque contemporaine en passant par l’époque moderne : chaque recoin de l’abbaye raconte une histoire en lien avec les programmes scolaires.

Et pour aller plus loin, place à la pratique artistique ! Chant, musique, calligraphie… les ateliers invitent les élèves à créer, bien sûr, mais aussi à regarder et à s’exprimer autrement qu’à leur habitude. Encadrés par des professionnels passionnés, ces moments sont pensés pour éveiller la curiosité, libérer la créativité et favoriser différemment l’apprentissage de savoirs et de savoirs faire.

Cerise sur le gâteau : ces actions sont éligibles au Pass Culture, via l’interface Adage, permettant aux établissements de bénéficier de financements spécifiques.

Rencontre avec le ténor Joseph II Bessala

L’Abbaye de Sylvanès, dans sa quête d’accompagnement et d’encadrement des jeunes artistes d’ici et d’ailleurs, a récemment accueilli en résidence du 25 août au 8 septembre, Joseph II Bessala, ténor d’origine camerounaise. Cet artiste, dont la passion pour le chant a débuté fortuitement, a fait de ce séjour une étape clé de son parcours, visant à se perfectionner et à enrichir sa carrière. Issu d’un parcours littéraire et diplômé en arts graphiques, Joseph s’est dévoué à la musique après des victoires remarquées au sein de concours prestigieux, qui l’ont mené jusqu’au Conservatoire d’Angers. Sa venue à l’Abbaye s’inscrit dans le cadre du programme Odyssée de l’ACCR, un dispositif dédié aux professionnels de la culture étrangers. Rencontre avec un artiste engagé.

UN ARTISTE EN QUÊTE D’EXCELLENCE 

Durant son séjour, Joseph a travaillé sur un répertoire lyrique particulièrement exigeant, avec pour ambition de contribuer à l’essor de l’opéra dans son pays. « Je suis dans la dynamique de créer, moi aussi, de l’émulation autour de l’opéra au Cameroun : il y a déjà un travail qui se fait, mais à mon sens, ce n’est pas suffisant. C’est la raison pour laquelle je suis ici ». Joseph souhaite partager les connaissances acquises pour l’y faire grandir. C’est d’ailleurs ce projet qu’il a défendu en postulant à la résidence Odyssée.

Son travail à l’Abbaye a été guidé par le directeur de l’abbaye Michel Wolkowitski que Joseph décrit comme un « très bon pédagogue de la voix et fin psychologue », capable d’identifier ses points faibles et de lui fournir les outils techniques nécessaires pour les surmonter. Leurs séances de travail, axées sur la technique vocale, la gestion de l’énergie, la détente corporelle par la méthode Alexander ont été une révélation pour l’artiste. « Je suis de nature très énergique et grâce à ce travail, j’ai réussi à canaliser mon énergie, nécessaire afin d’éviter un éventuel accident vocal. » Pour Joseph, ces conseils lui sont précieux et lui permettent de mesurer l’impact qu’une mauvaise gestion de soi peut entraîner.

LA PASSION DU BEL CANTO

Profondément attaché au bel canto, ou « beau chant », Joseph exprime sa joie d’être sur scène. « C’est tout à fait le bonheur d’être devant la scène, le grand théâtre, l’opéra » s’enthousiasme-t-il. Il explique que la voix lyrique est un mélange de talent naturel et de travail rigoureux.«Il faut avoir déjà des dispositions naturelles pour pouvoir y parvenir » précise-t-il, tout en ajoutant que « le talent seul ne suffit pas. Il faut ajouter à cela, la technique. »

Bien que son parcours académique soit plus court que celui d’autres artistes, Joseph a eu le privilège de recevoir un enseignement d’une grande qualité qui l’a fait « considérablement progresser. » Pour lui, les techniques enseignées facilitent l’apprentissage et favorise la sérénité, un outil essentiel dont a besoin tout chanteur.

UNE AVENTURE HUMAINE ET MUSICALE 

Pour Joseph, cette résidence fut une expérience fondatrice, tant sur le plan technique, qu’artistique où il a pu enrichir son répertoire avec des airs exigeants, dont un appris dans un délai record. Cette aventure s’est distinguée par de belles rencontres artistiques, mais également par une profonde richesse humaine : « Jai découvert la force dun collectif soudé par la musique, dans un cadre ou rigueur et convivialité s’alliaient harmonieusement ».

Joseph lors du récital public du stage chant et interprétation

Joseph et Michel Wolkowitski

Joseph ressort nourri de cette expérience et affirme être désormais prêt à entamer une carrière de ténor lyrique. Il affirme que cette expérience l’encourage à poursuivre son apprentissage avec discipline et passion, et à envisager son avenir artistique avec une confiance renforcée. Il repart de Sylvanès résolu à poursuivre son projet : faire rayonner l’opéra dans son Cameroun natal !

 

Propos recueillis et rédigés par Fatoumata Sidibe, stagiaire au service communication  

Un hommage vibrant à Venise et Vivaldi !

Dimanche 17 août au soir, dans les murs chargés d’histoire de l’abbatiale, s’est tenu un concert pas comme les autres. À l’occasion du tricentenaire des Quatre Saisons de Vivaldi, l’Orchestre de Chambre de Toulouse sous la direction de Thierry Huillet a proposé une interprétation pleine de souffle et d’originalité, redonnant vie à une œuvre pourtant jouée depuis des siècles.
Vivaldi, maître des contrastes, excellait dans l’art de faire dialoguer le violon soliste et l’ensemble orchestral. Fidèle à cet esprit, mais avec une touche de modernité, cette création du festival « Vivaldi : le violon des quatre saisons » associait musique et récit.
La soliste Clara Cernat, par sa virtuosité lumineuse et sa fougue, incarnait le violon des Quattro Stagioni et donnait vie aux couleurs de chaque saison, du frisson glacé de l’hiver aux éclats orageux de l’été. Elle signait aussi le texte du spectacle, un récit sensible et imagé qui donnait chair au « prêtre roux » et éclairait avec une chaleur lyrique le contexte de naissance de son chef-d’œuvre.

La direction artistique et musicale de Thierry Huillet accompagnait cette virtuosité avec finesse, guidant l’orchestre et orchestrant le dialogue subtil entre narration et musique. Le texte de Clara Cernat prenait corps grâce aux trois voix sur scène : Pauline Cheviller (dans les rôles du violon et de Maria), Delphine Mégret (le rosier) et Michel Wolkowitsky (narrateur et Vivaldi lui-même). Ensemble, ils sublimaient le texte, donnant chair à l’ingéniosité de Vivaldi et renforçant l’union entre musique et récit.

Mais il ne s’agissait pas seulement de raconter une vie. Le spectacle montrait aussi l’héritage d’une œuvre universelle. À travers Maria, une enfant apprenant à découvrir et à apprivoiser le violon, le public se retrouvait lui-même : pas à pas, chacun entrait dans l’univers de Vivaldi, apprenait à écouter et finissait par en saisir toute la beauté et l’importance.
Ce concert fut bien plus qu’une célébration musicale. Entre le jeu sensible des musiciens de l’Orchestre de chambre de Toulouse et la narration incarnée des comédiens, le public a redécouvert une œuvre monumentale, éclairée d’un jour nouveau. Une soirée où musique et théâtre se sont unis pour offrir un voyage vibrant, dans l’histoire intemporelle du violon et des saisons.

Alannah Santos de Almeida

Visite de la ministre de la Culture à Sylvanès

Le mardi 29 juillet, nous avons reçu à Sylvanès la visite de Madame Rachida Dati, ministre de la Culture venue dans le cadre d’un déplacement consacré aux Centres culturels de rencontre (CCR).
Cette visite a permis à la Ministre de réaffirmer son engagement en faveur de ces lieux culturels singuliers qualifiés par Michel Wolkowitski, directeur général de l’Abbaye de Sylvanès et Vice-Président de l’ACCR – Association des Centres culturels de rencontre de « forteresses d’humanité » : « Des lieux qui ont fait de leurs patrimoines anciens des monuments du 21e siècle, bien vivants, foisonnants de créativité et rayonnant vers l’extérieur ! ».

A son arrivée, Madame la Ministre a pu découvrir l’avancée des travaux du chantier d’aménagement de l’abbaye guidée par l’architecte Pierre Dufour du cabinet Antoine Dufour Architectes et saluer le savoir-faire des entreprises aveyronnaises mobilisées : « un projet qui allie modernisation et faible impact carbone et un bâtiment qui se fond très bien dans le paysage » a t-elle précisé.

La visite s’est poursuivie dans l’abbaye, où Rachida Dati a pu assister aux ateliers de chant en cours, prenant le temps d’échanger avec les chefs de chœur et les stagiaires présents.

Cette visite fut aussi l’occasion de partager avec elle à la fois nos inquiétudes concernant l’importante baisse des subventions publiques subie dans le secteur du spectacle vivant mais aussi notre fierté pour tout le travail accompli depuis bientôt 50 ans pour faire rayonner notre abbaye.

Lors de son discours, Madame la ministre a en effet rendu hommage au travail remarquable engagé depuis cinq décennies par les acteurs culturels de l’abbaye, à son Festival international et aux nombreuses actions de formation, d’éducation artistique et de médiation culturelle menées tout au long de l’année.

En réponse aux inquiétudes des CCR qui ont subi ces deux dernières années des coupes, budgétaires importantes, la Ministre a annoncé des mesures en leur faveur :
• Le renouvellement, d’ici la fin de l’année et pour trois ans, d’une convention de partenariat entre le ministère de la Culture et l’Association des Centres culturels de rencontre (ACCR), qui anime ce réseau depuis plus de 50 ans.
• La réaffirmation de l’excellence du label CCR, qu’elle a qualifié de « label d’avenir », riche de son histoire et de sa diversité.
• Des priorités claires : renforcer la visibilité du label, valoriser son rôle dans les dynamiques géopolitiques (à l’échelle nationale et internationale), et contribuer à la cohésion sociale par l’aménagement culturel des territoires ruraux.

« Voilà ce que je souhaite porter pour ces centres culturels de rencontre qui sont des lieux uniques, ouverts sur le monde et l’Abbaye de Sylvanès l’incarne admirablement. » a déclaré la Ministre Rachida Dati.

 

Rencontre inspirante avec Solange Dramani

L’Abbaye de Sylvanès, accueille régulièrement des artistes en résidence, en quête de perfectionnement et d’inspiration. Parmi eux, Solange Dramani, chanteuse lyrique, originaire du Togo et fondatrice de Solange Music Prod, a posé ses valises pour une résidence, dans le cadre du programme Odyssée, mis en place par l’ACCR (Association des Centres culturels de rencontre). Lors de sa venue à l’abbaye du 8 au 21 juillet, nous l’avons rencontrée pour en savoir plus sur son parcours, ses aspirations, et ce qui la relie si profondément à cet endroit singulier.

Le programme Odyssée s’adresse aux artistes, chercheurs et professionnels de la culture étrangers ne résidant pas en France. Il a pour objectif de permettre à ces artistes de développer des projets au sein des Centres culturels de rencontre français, connaître les codes du monde de la culture et ainsi approfondir leurs connaissances du milieu. Pour Solange, un artiste doit toujours être en quête de perfectionnement : « En tant qu’artiste, il faut souvent se retirer pour travailler, se remettre à niveau et c’est pour cela que je suis ici ; pour apprendre à mieux chanter, apprendre de nouvelles choses et aussi faire des recherches sur les chants sacrés. Je suis chanteuse lyrique, mais j’ai une attirance particulière pour ce style musical. » Cette quête de perfectionnement vocal se double d’une exploration spirituelle, un fil rouge évident dans son travail.

Sa venue en France, une première pour elle, a été préparée avec soin. « Malgré une arrivée assez mouvementée, c’est une réelle joie pour moi d’être enfin ici ! Je suis tellement reconnaissante envers l’ACCR de m’offrir ce temps de recherche et d’inspiration à l’abbaye de Sylvanès, car il y a vraiment une cohérence entre ma démarche artistique et l’esprit des lieux ».

L’ABBAYE :  UN ÉCRIN PROPICE À LA CONCENTRATION 

Dès son arrivée à l’Abbaye, Solange a ressenti une connexion profonde avec les lieux. Pour elle, chaque endroit, chaque espace de ce lieu lui transmettait quelque chose de fort : « Je me suis sentie bien et au-delà de ça, j’ai été marquée par l’aspect spirituel du lieu. Cela aide grandement dans l’apprentissage de soi, car je suis en lien avec moi-même et le divin, ce qui m’inspire beaucoup. Chaque espace de l’abbaye favorise le fait de pouvoir se poser, travailler, réfléchir, prendre des décisions, penser à sa vie. »

Dans ce véritable havre de paix propice à l’introspection et à l’inspiration artistique, ses journées sont intenses et structurées : « Je travaille deux fois dans la journée, guidée par Michel Wolkowitski, directeur de l’abbaye, également coach et professeur de technique vocale. Après avoir participé au stage Chanter en famille, je participe cette semaine à l’atelier choral-production avec Bernard Tétu. Lorsque le temps me le permet, je travaille également sur d’autres projets personnels. » Un programme chargé qui témoigne de sa soif d’apprendre, de créer et d’approfondir un travail de recherche et de transmission autour du chant sacré et du répertoire lyrique. Participer à ces stages est une source d’enrichissement précieuse pour Solange : « Je suis convaincue que tous ces apprentissages de technique vocale et d’interprétation auprès de pédagogues renommés seront bénéfiques pour la suite de ma carrière. »

 

UNE RÉSIDENCE MUSICALE INSPIRANTE

Dans la continuité d’un travail rigoureux et d’une recherche spirituelle, cette résidence a permis à Solange Dramani de côtoyer des choristes amateurs passionnés, mais aussi des solistes professionnels. Elle a eu la chance de partager la scène avec eux le 20 juillet dans le cadre du 48e Festival et d’ interpréter un audacieux programme de musique sacrée de Félix Mendelssohn devant un public comblé.

Lors du concert du 20 juillet

sous la direction de Bernard Tétu

Au-delà de l’apprentissage musical, cette résidence a été pour la chanteuse togolaise une vraie ouverture culturelle : « J’ai découvert la France, ses paysages, son patrimoine spirituel et musical ».

Profondément nourrie et reconnaissante pour cette aventure, Solange a exprimé sa gratitude pour la confiance, l’humanité et la lumière qu’elle y a trouvées. Elle repart grandie, espérant que cette expérience marquera le début d’un nouveau souffle, avec d’autres collaborations à venir, et nul doute que sa voix continuera de nous enchanter et de nous inspirer.

Propos recueillis et rédigés par Fatoumata Sidibe, stagiaire au service communication 

L’esprit des steppes a plané sur l’Abbaye

Le dimanche 20 juillet au soir, dans le cadre du 48e Festival, un spectacle d’une intensité émotionnelle rare a résonné entre les murs de l’église. Ce soir-là, le public s’est laissé emporter dans un voyage sensoriel entre deux cultures désormais unies. Le duo Yidjam a fait vibrer des instruments millénaires, porteurs d’une histoire profonde, avec une harmonie saisissante.

Dès les premières notes, une énergie fébrile s’est installée. L’évocation du cheval, figure emblématique de leurs terres lointaines, surgissait dans les sons puissants du morin khuur, la célèbre vièle mongole à tête équine, et dans le chant diphonique de Dalaïjargal Daansuren, à la fois guttural et aérien, capable de produire deux notes simultanées. Cette technique vocale ancestrale, enracinée dans les traditions chamaniques, évoque les forces de la nature et transporte l’auditeur au cœur des vastes steppes de Mongolie.

À ses côtés, Jiang Nan faisait résonner les vingt et une cordes du guzheng, grande cithare chinoise au timbre cristallin, héritière d’une tradition vieille de plus de deux mille ans. Sa voix, aussi puissante que celle de son partenaire mais fluide comme le vent glissant sur les plaines, lui répondait avec justesse, tissant un contrepoint subtil et apaisant au chant diphonique. Ses doigts couraient avec précision sur l’instrument, alliant grâce et intensité, modulant chaque note grâce aux chevalets mobiles et aux techniques complexes de pincement. Le guzheng, tour à tour subtile ou percussif, évoquait les murmures d’un ruisseau ou les grondements d’une tempête. Il écrivait des récits, peignait des paysages de rivières et de montagnes, en écho au souffle brut du morin khuur, tissant un dialogue ancestral entre les steppes mongoles et chinoises.

Oscillant entre musiques traditionnelles et arrangements revisités, le duo a révélé une synergie rare et profonde, jouant sans partitions, guidé uniquement par la confiance mutuelle et de subtils échanges de regards. Porté par des musiques inspirées de la nature, des esprits et des chants d’amour, l’espace sacré de l’église s’est métamorphosé le temps d’une soirée en une contrée lointaine et envoûtante.

La connexion quasi mystique entre la Mongolie et la Chine n’en était pas moins ponctuée d’humour et d’échanges chaleureux avec le public. Entre plaisanteries complices et initiation au chant diphonique, l’auditoire s’est laissé emporter, conquis, jusqu’à offrir au duo une ovation debout amplement méritée.

Qui sait, peut-être que l’un des spectateurs est même reparti avec une nouvelle technique vocale en poche ?

Alannah Santos de Almeida

 

 

Le Festival bientôt labellisé Evénements détonnants

Pour cette édition 2025, l’Abbaye de Sylvanès et son 48e Festival Musiques Sacrées – Musiques du Monde s’engagent dans le processus de labellisation régionale « Evénements détonnants » des événements écoresponsables d’Occitanie, coordonné par l’association Elémen’terre.

Ce label permettra de valoriser les initiatives éco-responsables déjà engagées et de concrétiser celles à venir, dans le but de réduire notre impact environnemental autour de l’organisation du festival et de tendre vers une responsabilité sociétale répondant aux enjeux de développement durable de demain.

Un événement détonnant qu’est-ce que c’est ? 
C’est un événement qui contraste avec les propositions événementielles actuelles, un événement engagé et responsable. Soucieux de réduire son impact environnemental, il fédère et mobilise ses équipes, partenaires et publics sur les questions de transition écologique et sociétale, et se donne les moyens de déployer une démarche éco-responsable globale, structurée et en amélioration continue.
C’est aussi et logiquement un événement qui dé-tonne puisqu’il réduit ses émissions de carbone, ses déchets, ses consommations d’énergie et de ressources utilisées pour sa mise en œuvre. Et qui étonne, en proposant d’expérimenter la transition écologique et sociétale sous de nouvelles formes, plus soutenables et inclusives !

Qu’est-ce que cela signifie pour nous ? 
Réduire notre empreinte carbone en réduisant par exemple au minimum l’impact des déplacements, repenser notre consommation en favorisant les circuits courts, tendre vers le zéro déchet, rendre accessible à toutes et tous l’aventure musicale du festival. Voici quelques enjeux pour lesquels nous sommes fiers aujourd’hui de contribuer, à l’échelle de notre territoire, à la sensibilisation des défis écologiques de demain. Dans le domaine de l’éco-mobilité par exemple, nous proposons à nos publics l’outil Covoiturage simple afin de faciliter le co-voiturage entre festivaliers et stagiaires. Concernant l’accessibilité et l’inclusion, durant les concerts du Festival entre le 24 juillet et le 31 août, nous prêterons sur réservation pour les personnes vivant avec une déficience sensorielle (auditive, visuelle) des gilets vibrants mis à disposition par le Centre Départemental pour Déficients Sensoriels de l’Aveyron.
Être événement détonnant, c’est également engager nos parties prenantes : public, artistes, partenaires, bénévoles, autour des valeurs portées depuis toutes ces années et celles à venir par notre association.
Cette responsabilité sociétale qui nous concerne toutes et tous, nous la portons aujourd’hui avec vous, dans cette démarche globale de labellisation, pour le respect de l’environnement, de l’inclusion sociale et de l’amélioration de pratiques durables.