Confinement#2, la parole aux artistes

Ils sont artistes et se sont produits cet été dans le cadre du Festival de l’Abbaye. Ils ont accepté de livrer leur ressenti sur ce deuxième confinement et cette période cruelle pour le secteur du spectacle vivant !

Raphaël Vuillard de l’Ensemble Bab Assalam

 

Extrait d’une lettre de Bab Assalam intitulée « Spectacle dans le brouillard d’esprit » adressée aux professionnels du secteur  : « Bab Assalam est en état de sidération, devant la situation catastrophique du monde, de la France, des institutions et plus particulièrement de la Culture. Tout ce pourquoi nous luttons depuis des années est anéanti ou risque de l’être. Mes amis, musiciens Syriens avec qui nous avons créé Bab Assalam ont du fuir leur pays, face à la dictature, au péril de leur vie et sont venus me retrouver en France espérant des jours meilleurs. Aujourd’hui, nous sommes encore loin de l’état syrien, mais le bruit des bottes se rapproche dangereusement, nos libertés sont bafouées chaque jour un peu plus et la culture est dans le viseur de l’état. Nous nous plions aux directives sanitaires, au couvre feu, aux confinements, à l’arrêt total de nos professions, bien sûr nous avons l’année blanche et l’activité partielle…
Jusqu’où pourrons nous tenir?
Penser et imaginer une nouvelle création… comment, pourquoi, pour qui?

[…] 

Des reports, des agendas rocambolesques, nous venons même de bloquer 3 dates pour un concert sur 3 mois différents… pour être sûr, au cas où…
Alors oui, cela suffit !
Nous ne ferons pas de nouvelle création pour le moment.


Notre Derviche n’a pas suffisamment « tourné », il est d’actualité,  il est sensible jusqu’à la folie, alors oui nous avons l’audace de croire qu’il pourra continuer son chemin de Derviche errant, comme Chams de Tabriz emmena Al Rûmî dans son rêve.

Ô soleil de Tabriz ! J’étais neige, à tes rayons je fondis, la terre me but.
Brouillard d’esprit, je remonte vers le soleil.
Al Rûmî

 

Thierry Huillet

Après avoir vécu le premier confinement comme une expérience intéressante, proche de l’exil volontaire et introspectif sur une île déserte ou sur les hauteurs himalayennes, je dois avouer que j’accueille le deuxième comme une redite un peu lancinante et assez lassante. Ma crainte est que cette accoutumance à une forme de déshumanisation ne devienne la norme et que nous finissions par ne plus être gênés de ne voir que la moitié des expressions de nos interlocuteurs. Je me dis également que les privations de nos libertés et de nos envies sont tout de même modérées en comparaison de situations de guerres ou de longues dictatures et que la patience aura raison des désagréments actuels. Bref, ne nous habituons pas, n’acceptons pas, mais ne dramatisons pas!

Clara Cernat 

Je suis partagée. Je pense qu’arrêter toute une ville culturelle est brutal et avec des répercussions sur le moral des gens qui ne peuvent pas vivre sans culture en live (Théâtre, Concerts…). Actuellement tout se discute en chiffres, jamais en qualité de vie que le monde abandonne de façon forcée.  Je me soumets de façon disciplinée à ces décisions que je n’approuve pas.

 

Diana Baroni

Ce nouveau confinement me désole. Je vois notre société engloutie par la panique et la terreur; la répression dans les rues me rappelle la dictature de mon enfance chez moi, à Rosario, en Argentine. Ma plus grande désolation c’est l’ignorance et la confusion à laquelle cette pandémie nous condamne. Le pire des risques dans une société c’est l’anéantissement et la perte de perspective dans un regard large. Je ne supporte plus les mensonges et la manipulation dans laquelle nous nous trouvons actuellement.

 

Jean Tubéry, pour l’ensemble La Fenice

Ce nouveau confinement est bien sûr la pire des rechutes pour nous, face à ce virus contagieux qu’est l’angoisse devant la pandémie… L’art n’est pas une « première nécessité » dans notre société : nous le savions déjà ! Les livres et les fleurs non plus… et c’est tout aussi grave sinon davantage, pour les artistes et les poètes que nous sommes, et que chacun d’entre nous recèle en soi.

Face à cette dictature de la raison sur la passion, notre seul recours est de créer, ou de re-créer : entre musiciens, danseurs, gens de théâtre… artistes de tous horizons, loin hélas de notre public qui reste notre raison d’être d’êtres vivants, qui communiquons auprès de notre prochain.

C’est pourquoi nous venons d’enregistrer à la cité de la voix de Vézelay notre programme des Misteri Gloriosi (musique du Rosaire dans l’Italie baroque), avec les jeunes musiciens de notre nouvel ensemble La Fenice aVenire.

Deuxième confinement : du point de vue des artistes…

La crise sanitaire en cours affecte en profondeur le milieu culturel et le spectacle vivant en particulier. Nous avons demandé à nos artistes comment ils vivaient ce nouveau confinement… Milena Jeliazkova, François Lazarevich, Lydia Mayo, Pascal Caumont, Delphine Mégret se sont confiés.

Milena Jeliazkova

Malgré les incertitudes et le stress, je refuse de perdre l’espoir et d’imaginer ne serait-ce qu’un instant qu’un monde d’humains sans culture – fêtes, musiques, danses, cirques, théâtre, expositions d’objets d’art – puisse exister. Donc, optimiste invétérée je suis, mais avec des moments de découragement tout de même.

François Lazarevich 
Ce deuxième confinement, malgré sa relative « souplesse » par rapport au premier, a un goût bien plus amer. L’effet qu’il produit sur le psychisme du pays, d’une part et son économie (notamment celle de nos structures culturelles si fragiles) d’autre part est bien plus palpable.
Bien sûr je suis très soucieux de notre avenir ; celui de la pratique artistique professionnelle et amateur, de mes élèves, de notre société… Les séquelles risquent d’être profondes, malheureusement. Je prie pour que nous retrouvions la confiance, le sourire, la joie de se réunir (nous avons besoin de cette énergie du groupe), la liberté de bouger et d’entreprendre !

 

Lydia Mayo

A t- on le choix ? non… alors la meilleure manière de le vivre est déjà de l’accepter et de traverser cette période bien étrange et sans précédent. Pour ma part, j’étais en production à l’opéra d’Avignon pour une création « Le Messie du peuple chauve d’Augustin Billetdoux », alors encore une chance de pouvoir chanter sur scène malgré la salle vide : la direction a décidé de l’enregistrer via You tube et le spectacle a été diffusé en direct le 20 novembre.
Pour la suite, je ne sais pas encore mais j’espère que cela va vite évoluer dans une direction optimiste. Que nous puissions à nouveau gouter à notre liberté d’aller où bon nous semble !

 

Pascal Caumont : c’est un vrai coup dur tant pour les stages que pour les concerts : Vox Bigerri a dû annuler ses concerts à Paris, Toulouse, Bordeaux, prévus pour le lancement de notre 7° disque, « Jorn ».

« Jorn » annonce un jour nouveau, une période plus solidaire et coopérative, respectueuse des liens entre l’homme et la nature. Il faudra être patients…

 

Delphine Mégret
Je l’accepte beaucoup moins bien que la première fois avec un sentiment d’injustice. Je sais que la culture va souffrir terriblement de tout ce qui se passe actuellement et que nos métiers sont en périls.
Cependant, ce bouleversement peut être un mal pour un bien avec une remise au point de toute notre société, comme une renaissance.
J’essaie alors d’être positive et de me dire que l’on ne baissera pas les bras, que l’homme est plein de ressource !
Rester positive : mantra du deuxième confinement !

 

D’autres témoignages d’artistes à lire sur le LIEN : Confinement#2 , la parole aux artistes 

 

Des artistes heureux d’être en résidence artistique !

Malgré la crise sanitaire et ses lourdes conséquences dans le secteur du spectacle vivant, l’Abbaye de Sylvanès est heureuse et fière d’avoir pu offrir à de nombreux artistes l’occasion de créer ensemble, de se produire en public, d’enregistrer leur répertoire ou encore de concrétiser de nouveaux projets artistiques … Ils sont 56 à avoir été invités à résider dans les murs de juillet à novembre 2020 !

Retour en images sur la résidence de création artistique des ensembles Scandicus et Mora Vocis qui ont travaillé sur des extraits de leur création commune 2021 :  La Messe Pascale  « Et Ecce Terra Motus » à 12 voix mixtes d’Antoine Brunel.   Cette œuvre constitue une véritable révolution dans l’histoire de la musique, si bien qu’elle sera copiée des décennies plus tard par d’autres compositeurs !

Neuf artistes de la compagnie la Tempête sous la direction de Simon-Pierre Bestion ont également résidé du 14 au 19 juillet dernier. A l’abbaye, ils ont peaufiné leur programme de musique méditerranéenne « Antiphonos ».

Puis à l’automne, ce sont les ensembles Canticum Novum sous la direction d’Emmanuel Bardon et l’ensemble de musique contemporaine Dedalus associé au GMEA d’Albi qui ont investi les murs ! Les premiers pour produire leur prochain album consacré au programme musical  Al-Basma « l’Espagne des 3 cultures »  et les second pour enregistrer des œuvres de Brian Eno, compositeur et producteur britannique né en 1948.

Les résidences artistiques se poursuivront en 2021 et le centre culturel de rencontre continuera plus que jamais à soutenir le travail de recherche et de création d’artistes, instrumentistes, compositeurs ou interprètes  !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le projet chorale à l’école s’adapte au contexte sanitaire !

C’est avec joie que nous avons appris que les ateliers de chant pouvaient se poursuivre en classe, évitant ainsi de suspendre une seconde fois le projet « Chorale à l’école » !

En effet, le projet a redémarré dès septembre pour sa deuxième année avec une classe de plus, soit 9 écoles sur les 14 que compte notre territoire intercommunal à savoir :  les écoles publiques de Belmont-sur-Rance, Brusque, Murasson, Montagnol, Fayet, Montlaur, Saint-Sever-du-Moustier, Saint-Sernin-sur-Rance et l’école privée Saint-Michel de Camarès. Dans le contexte actuel, la reprise de la pratique vocale et instrumentale dans les établissements scolaires reste possible dans la condition où les intervenants extérieurs respectent le protocole sanitaire en vigueur. Cependant, il faut bien reconnaître que le port du masque imposé à tous les enfants dès 6 ans rend la pratique du chant choral extrêmement difficile, en limitant notamment les capacités respiratoires, indispensables pour chanter dans de bonnes conditions.

Séance du 22 septembre à l’école publique de Saint-Sever-du-Moustier

Marine Desola, musicienne intervenante dans les écoles du sud Aveyron dans le cadre de ce projet, a rapidement réadapté ses séances et voici pour exemple le programme de celle à venir :

1- Jeu d’écoute et de rythme « la machine musicale » : les enfants répartis en demis groupes se mettent en ligne et le ou la premier(e) élève propose un rythme corporel qu’il doit faire incessamment, pendant que le suivant créé un autre rythme par-dessus, et ainsi de suite jusqu’au dernier. Ensuite, le second groupe propose une autre « machine ».

2- Chant « Hello Goodbye » (Les Beatles, 1967) : apprentissage de la seconde partie de la chanson avec des gestes, sans chanter, à la façon d’un mime.

3- Jeu de placement « Stop Statue » : les enfants marchent dans la pièce, au son du piano, puis au *stop*, ils s’arrêtent sur place en imitant une statue muette et immobile. Variation : au *stop*, les enfants doivent se placer en position « chorale », à pas de loup, sans bruit ni chahut.

4- Culture musicale : découverte des jeux vocaux pratiqués par les femmes Inuit d’Alaska, à travers un court reportage de France Musique.

Nous souhaitons une bonne continuation de l’année scolaire à tous les enfants et les enseignantes… en espérant rapidement des jours meilleurs !

Pour mémoire, ce projet initié par l’Abbaye de Sylvanès et la Communauté des Communes Monts Rance et Rougiers, s’inscrit dans la ligne du Plan Chorale national. Il est porté en partenariat étroit avec le Conservatoire à Rayonnement Départemental de l’Aveyron, l’Education Nationale, Aveyron Culture et la DRAC Occitanie.

Fauré sur les grandes orgues de Sylvanès

Nous avons le plaisir de vous dévoiler la version intégrale de l’interprétation de la Pavane opus 50 de Gabriel Fauré par Henri-Franck Beaupérin : une version adaptée pour orgue par le titulaire des grandes orgues de Sylvanès.

Réalisé en septembre 2020 à l’Abbaye de Sylvanès par Quentin Lagny de la société de production Les Voix célestes  !

Rendez-vous le 25 novembre pour une autre vidéo !

 


 

 

Des fouilles à l’abbaye

Du 5 au 21 octobre  des équipes du service d’archéologie du Département de l’Aveyron ont investi le site de l’abbaye pour y entreprendre des fouilles sur une parcelle de 1800 m2.  C’est une étape précieuse et indispensable du projet de réaménagement du Centre culturel de rencontre dont la maitrise d’ouvrage est à présent confiée à la Communauté de Communes Monts, Rance et Rougier. Interprétations des excavations, levée topographique permettront de pouvoir envisager le lancement des travaux du nouveau bâtiment programmé en mars 2022. Ce nouveau module sera construit parallèlement à l’aile entre la prairie et l’actuel parking. Il devrait abriter un hall d’accueil pour les visiteurs et les stagiaires, un espace boutique, une salle dédiée aux conférences et expositions temporaires, des bureaux administratifs … Cette implantation aux abords de ces bâtiments, classés Monuments Historiques depuis 1862, a motivé cette prescription par les Services de l’État, Conservation Régionale de l’Archéologie d’Occitanie, de ce  diagnostic d’archéologie préventive visant à préciser la présence et l’état de conservation d’éventuels vestiges.

De multiples structures maçonnées ont été mises au jour. Bien qu’arasées, ces maçonneries traduisent la présence d’anciens bâtiments sur l’ensemble de cette parcelle localisée à l’ouest de l’abbaye et du cloître. Il s’agit d’un secteur traditionnellement destiné à l’implantation des bâtiments consacrés aux frères convers et aux activités de support logistique de la communauté dans une abbaye cistercienne. Il est encore trop prématuré pour proposer un plan général de ces vestiges et donc d’émettre des hypothèses sur l’organisation spatiale de cet espace.

Entre temps, un appel à candidature de maîtrise d’œuvre a été lancé : à ce jour, une quarantaine de bureaux d’études d’architectes ont déjà candidatés  et quatre devraient être choisis dans le courant du premier semestre 2021  afin de présenter leur projet  !

Cet ambitieux projet de développement territorial ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire contemporaine de l’Abbaye.  Il reçoit le soutien de nombreux acteurs institutionnels et professionnels des bâtiments historiques qui, autour du maire du village et directeur de l’abbaye Michel Wolkowitsky se mobilisent activement pour façonner l’abbaye de demain  !

 

Bach sur les grandes orgues de Sylvanès

Comme prévu, ce vendredi 25 septembre, nous avons le plaisir de vous dévoiler la version intégrale de l’interprétation de Sinfonia Cantate BWV 146 « Wir müssen durch viel Trübsal in das Reich Gottes eingehen » de Johann- Sebastian Bach  par Henri-Franck Beaupérin : une version adaptée pour orgue par le titulaire des grandes orgues de Sylvanès.

Réalisé en septembre 2020 à l’Abbaye de Sylvanès par Quentin Lagny de la société de production Les Voix célestes  !

D’autres vidéos suivront prochainement ! rendez-vous les 25 octobre et 25 novembre !

 

Retour en images sur le 43e festival

Une quinzaine de concerts, 5000 spectateurs…  c’est certes, mesures sanitaires oblige  la moitié de la fréquentation d’un festival habituel (amputé cette année des 2/3 de sa programmation) mais surtout une grande satisfaction : celle d’avoir pu tout mettre en œuvre pour maintenir cette édition revisitée et allégée du 43ème Festival pour la vie de notre abbaye, de notre territoire, en solidarité avec tous nos amis artistes et avec le soutien de nos partenaires institutionnels.

Devant  un public ravi d’assister enfin à un concert et des artistes tellement reconnaissants de pouvoir se produire sur scène, le directeur artistique Michel Wolkowitsky et sa dynamique équipe se félicitent d’avoir, malgré le contexte, pu offrir tout au long de l’été de superbes instants d’harmonie, de beauté et d’espoir !  Un grand merci à tous : festivaliers, artistes, partenaires, stagiaires et bénévoles qui ont fait de ce festival un moment unique !

Pour ceux qui n’ont pas pu se déplacer, voici quelques extraits vidéos à partager  !

Zoom sur les projets EAC 2020/21

Une chorale à l’école pour grandir en musique !

Le projet Chorale à l’école redémarre dès la rentrée pour 10 classes du territoire intercommunal Monts, Rance et Rougier, soit environ 165 élèves âgés de 6 à 11 ans. De septembre 2020 à juin 2021, pour la seconde année consécutive, ceux-ci bénéficieront d’un atelier de chant tous les 15 jours et c’est Marine Desola – musicienne intervenante diplômée – qui les emmènera cette année à la découverte des chants et des cultures du monde ! Si le contexte le permet, 2 rassemblements inter-écoles seront organisés à l’Abbaye de Sylvanès au printemps 2021, afin de permettre aux enfants de rencontrer des artistes professionnels en résidence et d’expérimenter la puissance du chant choral et l’exceptionnelle acoustique de l’église abbatiale.

Rassemblement Plan chorale à l’école – Abbaye de Sylvanès – Février 2020

Une restitution publique clôturera l’année, permettant aux jeunes chanteurs de révéler leurs apprentissages et de partager leur plaisir de chanter.

Pour mémoire, ce projet initié par le Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès s’inscrit dans la droite ligne du Plan Chorale national et voit le jour sur notre territoire grâce à une concertation étroite et un précieux partenariat avec la Communauté des Communes Monts, Rance et Rougier, le Conservatoire à Rayonnement Départemental de l’Aveyron, l’Education Nationale, Aveyron Culture et la DRAC Occitanie.

 

L’École de l’Oralité© : un laboratoire de partage des cultures et des patrimoines musicaux !

Née sur le territoire stéphanois, riche de 10 années d’expériences, d’ateliers et d’innovations pédagogiques, l’École de l’Oralité© arrive cette année en sud Aveyron avec pour ambition de faire de la pratique artistique une base d’échanges et de dialogue, spontanée et accessible à tous. L’oralité, aussi différente soit-elle selon ses origines, sa culture ou son âge, exprime et transmet une mémoire, une expérience… une culture.

Pour ce projet, le Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès et l’École de l’Oralité© ont souhaité s’appuyer sur les spécificités du territoire afin de mettre en lumière ses multiples facettes culturelles. Un trio d’artistes – un chanteur, une danseuse et un percussionniste – animera dès février 2021 une douzaine d’ateliers pour 2 classes de 6e sur la thématique des chemins. Chemin de pèlerinage, d’exil, de conquêtes, d’explorateurs, de commerce ou de troubadours… ces lieux de rencontre et d’échanges, qu’ils soient culturels ou commerciaux, sont aussi l’occasion d’explorer les thématiques du refuge et de la terre d’accueil. Artistiquement, en outre, le chemin ouvre l’imaginaire et invite au voyage. Dans un processus de création, il offre de nombreuses pistes et permet de nombreuses exploitations pédagogiques pour les équipes enseignantes.

A l’issue des 12 ateliers de pratique artistique, une création collective verra le jour au mois de juin 2021, au cours de laquelle les élèves se produiront sur scène aux côtés d’artistes professionnels issus de l’ Ensemble Canticum Novum.

Le Petit Prince : un spectacle musical pour violon et piano !

Chef d’œuvre de la littérature, livre français le plus lu au monde, Le Petit Prince nous éclaire sur le sens de la vie en nous projetant dans l’univers infiniment grand et infiniment petit. Compositeur toulousain, Thierry Huillet a relevé le défi de mettre ce récit en musique et nous propose d’en redécouvrir les épisodes les plus marquants à travers un recueil de petites pièces en duo piano/violon, où les styles musicaux les plus variés (jazz, tango…) témoignent de son imagination musicale. Le Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès, Aveyron Culture, Clara Cernat au violon et Thierry Huillet au piano et à la composition se sont unis pour construire un itinéraire d’Education Artistique et Culturelle© inédit à destination des écoles et collèges. Celui-ci sera constitué d’un atelier de découverte musicale et artistique en classe, au cours duquel les élèves découvriront le métier de musicien et de compositeur, le piano et le violon, et effectueront un travail sur la perception des sons et du lien avec le texte de l’œuvre Le Petit Prince. Les élèves assisteront ensuite à une représentation du spectacle dans l’église abbatiale de Sylvanès, permettant au passage d’en expérimenter l’exceptionnelle acoustique.

A noter que chaque extrait musical sera présenté par les artistes et que le spectacle donne lieu à un échange avec les élèves et enseignants. Rendez-vous pour cela le lundi 8 juin 2021 ! Et d’ici là, les enseignants peuvent préparer leur projet en piochant dans le Fonds Documentaire mis à disposition par Aveyron Culture.

Mais aussi… toute l’année sur réservation :   visites pédagogiques / ateliers de pratique artistique / Des pieds et des mains pour la forêt. En savoir plus sur ce lien 

Rencontre avec Pascal Caumont

Après avoir grandi dans une famille de musiciens populaires, Pascal Caumont obtient le Certificat d’Aptitude à l’enseignement des musiques traditionnelles. Son travail s’axe majoritairement autour des polyphonies pyrénéennes mais ils s’intéressent également aux styles et techniques vocales d’Italie du Nord, de Sardaigne et d’Espagne. Professeur au conservatoire et à l’IFMI-Université de Toulouse Jean-Jaurès, il est régulièrement invité au conservatoire supérieur de Barcelone et dans d’autres structures d’enseignement supérieur (Cefedem, Universités, CFMI…) pour partager sa recherche sur le son de la polyphonie, ses styles et sa fonction sociale. Directeur musical de Vox Bigerri, il donne de nombreux concerts en Europe.

Pour la 3e année consécutive il est à Sylvanès du 18 au 20 août pour partager sa vocation : transmettre les polyphonies pyrénéennes à différents publics, chanteurs amateurs ou professionnels.
Nous l’avons rencontré :

« Depuis quelques années je me rends tous les ans à Sylvanès. C’est un lieu qui m’est cher de par son acoustique exceptionnelle et sa situation géographique, comme isolée du monde. Quel cadre formidable pour la transmission ! La réverbération du son permet un travail de la voix inédit, elle peut s’ouvrir, se développer, elle est comme portée dans l’air, sans parasitage sonore ! »

Ses élèves sont conquis et s’enchantent à la fois de la sonorité de l’église et du répertoire choisi, alternant chants sacrés et chants profanes. La pédagogie originale de Pascal Caumont, sans partition est axée sur la mémoire corporelle : « Travailler avec son corps comme un instrument de musique. »

« Le travail sans partition est motivé par l’objet d’études, les polyphonies traditionnelles ont toujours été transmises par le moyen de l’oralité. Contrairement au chant avec partition, différentes voix sont possibles, j’incite mes élèves à développer la souplesse de leur voix, à chercher dans leur corps différentes zones de résonnance, de vibration. La posture corporelle est fondamentale, elle permet d’optimiser le rayonnement de la voix. »

« Capter la mémoire vive, la sauvegarder, la transmettre et ouvrir sur des créations », tel est l’objectif de Pascal Caumont. « En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Ce célèbre proverbe attribué à l’écrivain, diplomate et ethnologue Peuhl, Ahmadou Hampaté Bâ, lors de son discours du 22 septembre 1960 à l’UNESCO à l’occasion de l’indépendance du Mali, entre en résonance avec le travail de collectage du chanteur.

Il définit son activité comme le fait de voyager avec un enregistreur pour rencontrer des chanteurs porteurs de chants inconnus. Il s’agit pour lui, non seulement de moissonner des chansons inconnues, mais aussi d’écouter comment chaque personne parvient à faire vibrer sa voix. Chaque individu a sa propre identité vocale et cette dernière transmet toujours un message.

« Mon travail consiste aussi à aller chercher le sens que les gens donnent à la musique. Dans le monde, sa fonction n’est pas toujours exclusivement esthétique, elle crée aussi un espace et des liens invisibles entre les personnes. Pour les Pygmées par exemple, le fait de chanter ensemble soude la communauté.
Je me sers beaucoup de mes recherches pour le chant collectif… l’objectif du groupe est de construire un tissu sonore, de réaliser un son collectif. Les chants traditionnels s’habillent chaque jour de nouvelles voix, malgré l’ancienneté de notre répertoire, du XVeau XXe siècle, nous sommes tous des chanteurs contemporains. »

 

Pascal Caumont et ses 20 élèves stagiaires ouvriront une fenêtre sur leur travail lors d’une restitution publique ce jeudi 20 août à 16 h en l’abbatiale.

Ce dimanche 23 août à 17 h  en l’abbatiale, avec ses collègues chanteurs de Vox Bigerri, il partagera la scène avec l’Ensemble Marani dans le cadre du 43 e Festival pour une rencontre polyphonique inédite ! Réservez vos places ICI !