Clap de fin de saison avec le film musical !

Pour marquer la fin de la saison artistique du Centre culturel de rencontre de l’abbaye, le directeur artistique Michel Wolkowitsky avait concocté une très belle sélection de films musicaux lors des rencontres organisées au Cinéma le Temple de Camarès du 10 au 13 novembre. Cette 14 e édition a retrouvé un public local de cinéphiles et mélomanes avec une fréquentation doublée par rapport à l’édition précédente.

Cette rencontre du film musical s’est ouverte avec légèreté sur la magnifique musique de George Gershwin et la grâce de Gene Kelly dans « Un Américain à Paris » de Vincente Minelli, chef d’œuvre du musical hollywoodien au palmarès  juste incroyable  : pas moins de six oscars dont celui du meilleur film!

Ce fut aussi pour quelques nostalgiques du couple mythique John Travolta & Olivia Newton-John l’occasion de revoir « Grease » la comédie la plus célèbre des 70’s touchante de naïveté mais au dynamisme très communicatif  !

« Billy Elliot », non pas le film mais la comédie musicale live fut une belle surprise de la programmation. L’histoire qui transporte le public dans le quotidien d’un fils de mineur se rêvant danseur étoile est un spectacle émouvant porté par la musique captivante d’Elton John et une troupe d’enfants danseurs exceptionnelle.

Trois biopics retraçant des vies d’artistes hors du commun étaient aussi à l’affiche.
Le sombre et à la fois lumineux « Shine » qui retrace l’histoire vraie et poignante du célèbre pianiste australien David Helfgott, enfant prodige qui a passé plus d’une décennie dans des institutions psychiatriques. Cette histoire poignante, véritable concert d’émotions a révélé l’acteur Geoffrey Rush, bouleversant de vérité dans son incarnation de David adulte.
Quant au film  « Rachmaninov » de Pavel Lounguine,  il s’inspire de l’itinéraire tumultueux et baigné de mélancolie du légendaire pianiste compositeur Serguei Rachmaninov, de son enfance dans la Russie du début du 20e siècle à ses derniers jours en Californie. Une vie mouvementée faite d’exils, de passions et de tourments !

Mais sans conteste, c’est le film « Respect » qui a eu le plus de succès auprès du public ; ce premier film de Liesl Tommy suit l’ascension de la carrière de la Reine de la soul, Aretha Franklin, de ses débuts d’enfant de chœur dans l’église de son père à sa renommée internationale. Un très beau film porté par une Jennifer Hudson à la voix puissante et émouvante, au sommet de son art.

Des histoires de résilience et d’espoir, il en était aussi bien sûr question dans le merveilleux film « Un Violon sur le Toit » de Norman Jewison qui dépasse le style alerte de la comédie musicale pour atteindre la pure tragédie. Tout au long du film , on se régale de la bande originale de John Williams dont le légendaire « Ah si j’étais riche ! » et du violon d’Isaac Stern. « Le miracle de ce film c’est la vie. Elle palpite partout, à chaque instant et à fleur d’écran. Elle vous emporte. Elle vous transporte. Elle vous étourdit »  écrivait Michel Lengliney dans le Télérama du 19 décembre 1971. Un vrai chef d’œuvre et le public, venu nombreux à la séance n’a pas regretté le déplacement !

Enfin, cette 14e rencontre s’est achevée en beauté avec un spectacle hors-norme filmé au Stade de France à Paris : l’opéra « Turandot », dernier chef-d’œuvre de Puccini sublimé par la mise en scène du maître du cinéma fantastique chinois Zhang Yimou et servi par par une distribution internationale, des costumes, une scénographie et des chorégraphies exceptionnels. Un opéra spectacle grandiose !

Un merci particulier à la Communauté de communes Monts, Rance et Rougier pour son soutien et rendez-vous l’année prochaine pour une 15e édition de ces rencontres du film musical  !

 

 

Un nouveau chœur d’enfants pour La Belle et le Loup !

Si vous suivez de près l’actualité de l’Abbaye de Sylvanès, vous ne pouvez pas ne pas avoir entendu parler de La Belle et le Loup ! Inédite, cette œuvre musicale composée pour le jeune public par Cécile Veyrat sur un texte de Marie-Chloé Pujol-Mohatta a été créée en mai 2022 à Onet-le-Château avec un chœur de 45 élèves puis en juin à Paloma, SMAC Nîmes Métropole avec d’autres enfants. Fort du succès partagé par les participants, les publics et les partenaires, le projet est reconduit en 2022/23 en Aveyron et aussi dans le Gard avec de nouveaux élèves qui auront la chance d’expérimenter le processus de création artistique de A à Z !

Représentation à Paloma, SMAC Nîmes Métropole, 10 juin 2022 © Stéphane Mathieu

Librement inspiré du conte traditionnel La Belle et la Bête, La Belle et le Loup est un « opéra pop » construit sous la forme d’une fable écologique qui vient questionner notre rapport à la nature, aux animaux et plus largement au vivant. Les allégories de l’Homme (La Belle) et de la Nature (Le Loup) invitent les spectateurs (les Humains) à reconsidérer leur rapport au monde. L’œuvre est caractérisée par une musique actuelle aux accents d’opéra où les sonorités classiques – piano, violoncelle, flûte traversière – se mêlent à d’autres plus contemporaines – saxophone, synthétiseur, vibraphone.

La reconduction d’un partenariat avec le Département de l’Aveyron permet la mise en place d’actions de médiation pour les scolaires… et ce sont 65 élèves de Cm1/Cm2 de l’école Blanchard (Saint-Affrique) qui s’apprêtent à plonger dans cette grande aventure péda et musicale aux côtés de Cécile Veyrat – compositrice de l’œuvre musicale et interprète de la Belle. C’est elle qui assurera la formation des choristes en herbe tout au long de l’année scolaire.

Une quarantaine d’heures d’ateliers de chant sont prévues dans les classes pour former le « chœur de la forêt » qui montera sur scène aux côtés des 10 chanteurs et instrumentistes professionnels. A la fois témoin et acteur de l’intrigue, celui-ci est véritablement impliqué dans le spectacle par l’intermédiaire de nombreux dialogues chantés avec les protagonistes de l’histoire.

Représentation à Paloma, SMAC Nîmes Métropole, 10 juin 2022 © Stéphane Mathieu

Ne ratez pas l’aboutissement de ce travail qui sera présenté le mardi 20 juin 2023 à la Salle des Fêtes de Saint-Affrique !

Dans le Gard, les représentations auront lieu les 15 et 16 mai à Nîmes.

La Belle et le Loup s’inscrit dans la continuité des projets artistiques et pédagogiques portés par l’Abbaye de Sylvanès qui permettent la formation et l’implication d’un chœur d’enfants dans des productions musicales. Initié par l’Abbaye de Sylvanès, le projet est co-produit avec Les Oreilles en Eventail (30) en partenariat avec le Département de l’Aveyron dans le cadre de ses itinéraires d’éducation artistique et culturelle 2022/23. Il reçoit le soutien de l’Education Nationale, de la DRAC Occitanie et de la Ville de Saint-Affrique.

Ode aux femmes compositrices

La dernière résidence d’artistes de l’année s’est déroulée du 18 au 20 octobre à l’Abbaye de Sylvanès avec deux femmes musiciennes de grand talent réunies par le directeur de l’abbaye Michel Wolkowitsky : la pianiste espagnole Carmen Martínez-Pierret et la soprano d’origine aveyronnaise Delphine Mégret.  
Au programme :  trois journées de travail autour de leur projet musical « l’Heure rose » qui sera créé au Teatro de la Maestranza, Opéra de Séville le 19 décembre 2022.

Aux côtés du violoncelliste Israel Fausto avec qui elle partage la direction artistique, la pianiste a initié le cycle « Rasgando el silencio » au Teatro de la Maestranza de Séville pour faire découvrir au public l’œuvre de 60 femmes compositrices de 1750 à 1980.
Ce cycle sur 3 ans qui comprend 12 événements a débuté la saison dernière avec 4 premiers concerts.
« Cela fait longtemps que je fais des recherches sur le répertoire le plus secret et le plus oublié de l’Histoire de la Musique : celui des compositrices. Le canon de l’histoire de la musique n’a pas pris en compte les femmes, il les a complètement oubliées, c’est un choix très injuste et je veux les rendre visibles », précise Carmen Martínez-Pierret.

Les répertoires sont de différentes époques, les formes musicales variées (musique de chambre, solo, duos, etc…) mais tous mettent en lumière le pouvoir musical de ces femmes créatrices.
«  On veut réveiller la curiosité, l’envie de découvrir ce répertoire qui n’a rien à envier aux compositeurs masculins de la même période. On veut démontrer que les créations de ces femmes ont souvent la même valeur que celles des compositeurs hommes. Souvent, le public mais aussi les interprètes sont surpris de la qualité de ce répertoire. »

La pianiste Carmen Martínez-Pierret et la soprano Delphine Mégret autour de Michel Wolkowitsky

Pour ces précédents concerts, Carmen Martínez-Pierret a déjà collaboré avec la violoniste Clara Cernat (album « Sérénade » sorti en 2021 au label Thelxínoe Music) ou encore le pianiste- compositeur Thierry Huillet.

Pour cette création « l’Heure rose » du 19 décembre à Séville, elle sera aux côtés de la soprano Delphine Mégret pour un programme de lieders, songs et mélodies de quinze compositrices de différentes nationalités du 19e et 20e siècles.
Parmi elles, certaines, en raison du nom de famille de leur mari, leur frère sont plus connues, comme Alma Mahler, Clara Schumann ou Fanny Mendelssohn. Les autres s’appellent Pauline Viardot, Amy Beach, Irène Poldowski, Rebecca Clarke, Augusta Holmes… et sont toutes aussi brillantes les unes que les autres !

Une face cachée de l’histoire de la musique qui s’avère une fascinante plongée dans le pouvoir musical des femmes à découvrir à Séville (Teatro de la Maestranza) le 19 décembre à 20 h et repris à Sylvanès dans le cadre du 46e Festival le dimanche 20 août à 21h en l’abbatiale.
Un enregistrement de ce programme est également prévue à Sylvanès courant 2023.

 

Marine De Sola, la passion du chant

Originaire d’Albi, Marine De Sola est chanteuse et aussi enseignante artistique. Depuis quelques années, elle s’est installée à la Cresse en Aveyron où elle poursuit sa mission d’intervenante musicale pour le Conservatoire à Rayonnement Départemental de l’Aveyron. Pour la troisième année consécutive, elle anime des ateliers dans les écoles du territoire intercommunal « Monts, Rance et Rougier »  dans le cadre du projet « Chorale à l’École » initié par l’Abbaye de Sylvanès. Rencontre avec cette passionnée du chant et de la transmission.

 

Comment devient-on chanteuse  ?
C’est mon père, chanteur lui aussi qui  m’a appris à devenir chanteuse « professionnelle ». J’ai également commencé le piano dès l’âge de 6 ans sans jamais vraiment m’arrêter au fil de mes prestations musicales. Le chant fait partie de ma vie au quotidien et je suis très heureuse de pouvoir partager ma passion auprès de publics très divers.

J’ai eu la chance de baigner dans la musique depuis ma naissance et faire des rencontres essentielles à mon parcours de chanteuse : Elène Golgevit, professeure de technique vocale de renommée internationale et bien connue à Sylvanès, m’a inculquée de solides bases de technique vocale. Christiane Legrand (la soeur de Michel Legrand) m’a fait découvrir le jazz vocal et Boris Vian. Emmanuelle Trinquesse et Amandine Le Laurent « Chant, voix, corps » m’ont apporté de précieux outils sur la pédagogie de la voix. Ma formation en cycle professionnel au JAM de Montpellier m’a appris les bases de Jazz… Catherine Boulanger m’a formée à la scène…

 

Depuis quand enseignez-vous le chant ?
En 2005, j’ai été sollicité par un groupe scolaire montpelliérain pour diriger la chorale des élèves de l’école. J’y ai découvert mon goût pour la transmission, l’échange et la direction de choeur que je ne soupçonnais pas.
J’ai également eu d’autres expériences en colonies de vacances artistiques à l’Abbaye de St Maur en Anjou. En alternance avec ma vie d’artiste, j’ai répondu à un appel d’offre pour diriger des chorales scolaires à l’école de Baillargues dans l’Hérault. J’y suis restée de 2009 à 2019 et suis intervenue auprès de 17 classes…

A présent que je suis salariée à temps plein pour le CRDA, j’interviens toujours en milieu scolaire depuis la toute petite section jusqu’au CM2. Mais aussi à l’antenne du conservatoire de Millau pour des jeunes enfants en éveil musical, pour de grands enfants et ados en chant choral. Et la nouveauté cette année,  j’encadre des ateliers de chant de musiques actuelles pour tous les publics. A côté de cela, j’anime aussi une chorale de personnes âgées.

Séance de rentrée à l’école St Michel de Camarès

Quel est le rythme de vos interventions dans les écoles du territoire intercommunal Monts, Rance et Rougier ?

Depuis le 1er septembre 2020, j’y viens toutes les semaines. Je vois 6 écoles en semaine A (Montlaur, Camarès (privée et publique), Brusque, Fayet et Cénomes)  et 4 écoles en semaine B (Saint-Sever, Belmont-sur-Rance, Murasson et Saint-Sernin) pour des séances variant de 30 à 45 minutes/classe.

 

Que souhaitez-vous transmettre à tous ces enfants ?
Je voudrais leur transmettre le plaisir et l’exigence que demande le chant, les sensibiliser à l’expression artistique, leur faire ressentir également le plaisir de se préparer pour se produire en concert, le dépassement de soi dans les chants difficiles…
Ce qui est très important pour moi, c’est le partage de cette aventure avec les copains de classes et des autres écoles, à la manière d’une équipe sportive qui doit rester soudée coûte que coûte mais qui vivra des moments intenses !

En tant que chanteuse, quel est votre répertoire de prédilection et quel artiste vous a le plus inspiré ?
L’artiste qui m’a le plus inspiré est Boris Vian : je trouve ses textes et ses musiques d’une finesse inouïe, entre humour et émotion… un régal!
Ensuite, je suis fan de la voix d’Ella Fitzgerald, suave et pétillante et j’aime beaucoup le jazz en général !

 

 

Quand chant rime avec occitan !

Pascal Caumont encadrera du 26 au 28 octobre prochains un stage de chants occitans à l’abbaye.
Les participants pourront profiter à la fois du cadre apaisant de l’abbaye, de la merveilleuse sonorité de l’église et du répertoire choisi alternant entre répertoires anciens ou récents ! C’est aussi une belle occasion de bénéficier d’une pédagogie originale sans partition et axée sur la mémoire corporelle ! Le cantaire Pascal Caumont a accepté de répondre à quelques questions au sujet de ce stage :

A qui s’adresse ce stage de fin octobre ?
Il s’adresse à toute personne résident en Occitanie mais aussi bien au-delà ! notre pratique vocale est très inclusive. Il s’agit seulement d’avoir un minimum de pratique du chant, mais absolument pas d’arriver en étant déjà spécialisé ou après avoir fait des années de chant traditionnel. Nous utilisons une technique accessible à chacun, et dans laquelle les personnes expérimentées peuvent aussi évoluer et progresser. En somme c’est ouvert à toute personne motivée qui a envie de progresser ou de découvrir.

Quel est le répertoire abordé au cours de ces 3 jours ?
Pour ce stage nous partagerons ensemble plusieurs styles de chants d’Occitanie : des chants festifs, des chants narratifs, des polyphonies sacrées, des chants pour la danse…

Quelle méthode privilégies-tu ?
Surtout la transmission orale des différentes voix; les textes sont donnés, dès le départ, mais pas les partitions, afin de créer les conditions d’une réalisation immédiate d’un son collectif vibrant, coloré, fusionnel. Un son qui « fait du bien », sans forçage vocal ou sonore, mais qui permet aux voix de se déployer, d’ouvrir leur spectre sonore.

Sylvanès : un cadre idéal de transmission pour toi ?
Oui vraiment. Les maîtres bâtisseurs possédaient la connaissance et la maîtrise de l’architecture en rapport avec le son, c’est réellement impressionnant dans le cas de Sylvanès. Et c’est une grande joie que de chanter dans l’abbatiale, j’en profite pour remercier les équipes qui font vivre ce lieu, cet endroit qui est un magnifique réceptacle pour les personnes motivées par le chant aujourd’hui !

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES ET FORMULAIRE D’INSCRIPTION

INTERVIEW DE PASCAL CAUMONT SUR RADIO OCCITANIA

Elie Choufani, comédien libanais en résidence

Elie Choufani est un acteur libanais qui a travaillé sur plusieurs séries télévisées, pièces de théâtre, films et courts métrages primés. Elie a suivi sa formation d’acteur à l’Actors Workshop Beirut (AWB) sous la direction de Jacques Maroun et a participé à plusieurs ateliers de théâtre, à Beyrouth et à Los Angeles, notamment avec la metteure en scène et voix primée Susan Worsfold et le réalisateur et professeur de théâtre David Strasberg.
Il a été accueilli à l’Abbaye de Sylvanès du 15 au 22 août dans le cadre d’une résidence artistique au travers du programme NAFAS coordonné par l’ACCR ( mis en place afin de répondre à la crise culturelle qui frappe le Liban).

 

Qu’est-ce qui vous a amené à Sylvanès ?
Lorsque j’ai postulé au programme NAFAS de l’ACCR en 2021, c’était presque un coup d’épée dans l’eau ; je n’avais aucune attente quant à l’expérience, les centres d’accueil ou si je serais accepté…. Tout ce que je savais, c’est que je voulais apprendre et travailler ma voix.

Avec un objectif bien précis donc ?

En effet, lors de mon parcours de formation d’acteur, j’ai été amené à découvrir des écoles de travail de la voix (notamment auprès de Tarek Annish puis de Nadine George).
Ces ateliers m’ont appris que la source de la voix est le corps entier et pas seulement les cordes vocales, la gorge ou la poitrine ; La voix est une énergie reliée à la respiration. J’ai appris à libérer mon souffle et ma voix et cela m’a été très utile dans ma carrière d’acteur, car cette nouvelle voix libre m’a aidé à atteindre des nuances émotionnelles intéressantes et uniques.
L’objectif de cette résidence à l’Abbaye de Sylvanès était donc d’approfondir ces recherches sur la voix et de développer une méthodologie utile à la préparation et à la performance de l’acteur.

 

Quel était votre le programme vocal à l’abbaye?
Michel Wolkowitski, le directeur du centre culturel et du festival, également pédagogue de la voix a dirigé ma formation tout au long de mon séjour et a été un hôte formidable.
J’ai travaillé avec Michel quotidiennement, en me concentrant le déroulé d’une séquence complète à effectuer avant tout entraînement ou représentation vocale ou théâtrale. Michel m’a expliqué les bases de la technique Alexander (étirements, respiration et compréhension des cinq « charnières » du corps) puis des techniques d’échauffement respiratoire. Ce que j’ai appris, c’est que l’état de relaxation atteint après l’échauffement et la respiration doit être associé à une posture forte et « soutenue » afin de libérer la voix.

Cette séance était généralement suivie d’un travail vocal guidé au piano et d’une pratique du chant ou du monologue. Le travail sur le ton de la voix m’a également fasciné.

De nouvelles notions qui ont mûri au cours de votre résidence ?
Oui, tout à fait. J’ai senti que je progressais dans ce domaine de la voix. J’ai par exemple appris de mon travail sur le ton de la voix qu’il y a quelque chose de très intéressant pour un acteur d’atteindre les tons précis du chant ; cela crée en quelque sorte un sentiment de fraîcheur et de légèreté. J’ai également été étonné de voir l’effet de ce travail vocal sur mon articulation qui ne me satisfaisait pas toujours. Après ces exercices, mon articulation semblait être plus claire et plus vivante.

 

Avez-vous pu également profiter des concerts du festival ?
Oui, j’ai eu la chance d’assister à plusieurs concerts dans le cadre du 45e Festival de l’Abbaye de Sylvanès. J’ai été témoin de la beauté et de la puissance de la voix de différents styles musicaux. En assistant aux concerts et en écoutant les voix des chanteurs, du chœur, le son des instruments et en regardant les visages des spectateurs, j’ai réalisé que la beauté de la voix humaine est capable de créer une sensibilité chez son public. Et pendant toute la durée de la résidence, le mot qui n’a pas quitté ma tête était « sensibilité ».

Une « sensibilité » qui vous a touché ?
En effet, à Sylvanès, elle est présente partout : j’ai commencé à la remarquer dans la voix des artistes, dans leurs expressions faciales, dans le comportement des personnes, dans la nature environnante, dans les murs et les pièces de l’Abbaye.
Et je me suis dit que c’était ce dont mon pays avait besoin, plus de sensibilité. Avec tous les problèmes politiques et économiques auxquels le Liban est actuellement confronté, je m’inquiète personnellement de la perte de l’esprit sensible des Libanais. Je pense que plus le pays est confronté à des difficultés, moins les gens ont envie d’assister à des concerts, à des pièces de théâtre … et moins ils sont sensibles.

 

Un dernier mot sur votre séjour à Sylvanès ?
Le séjour à Sylvanès a été en soi une expérience inspirante. L’architecture de l’abbaye, et la beauté de la nature environnante ont un effet calmant et relaxant qui aide l’artiste à mieux se ressourcer intérieurement.
Les personnes fréquentant Sylvanès, y compris l’équipe, les professeurs, les artistes, les invités et les étudiants ont été très accueillants et d’un grand soutien. Michel Wolkowitski a partagé avec moi de nombreuses informations sur son parcours de vie avec la voix et le théâtre, l’histoire de l’Abbaye et son festival et a eu la gentillesse de me montrer un aperçu de quelques autres sites patrimoniaux de l’Aveyron.
Personnellement, je lui suis très reconnaissant pour cette magnifique expérience et garde en mémoire ses précieux conseils : pour rester sensible, toujours écouter et chercher l’énergie de la voix de l’intérieur.

Michel Wolkowitsky et Elie Choufani

 

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PULAK HALDER

SAJAN SANKARAN 

ELIYA FRANCIS  

Un émouvant concert de clôture

« Nous vivons un moment très difficile. Mais nous voulons continuer à chanter pour la paix » déclarait dimanche 28 août, à l’issue du concert de clôture du Festival, Yulia Khutoretskaya, les yeux embués de larmes. La jeune chef de chœur russe et son ensemble Khutoretskaya Vocal Consort se produisaient avec deux solistes ukrainiens et aux côtés du chœur d’hommes basques Anaiki. Pendant près de deux heures, ils ont partagé la scène avec une belle complicité et un équilibre parfait livrant de magnifiques et émouvants chants, issus du répertoire sacré et traditionnel de Russie, d’Ukraine et du Pays basque.

Cette rencontre polyphonique inédite, empreinte d’une intense émotion, restera un moment fort de cette édition :  le témoin d’un respect mutuel entre ces différentes cultures musicales mais aussi d’une fidèle et fraternelle amitié entre Jean-Marie Guezala, les chanteurs russes, ukrainiens et Michel Wolkowitsky.

Pour notre directeur artistique « les artistes ne doivent être les otages de la guerre »… Le public du festival ne s’y est pas trompé et les 600 personnes présentes dans l’abbatiale pour cet ultime rendez-vous musical de l’été ont offert aux trente artistes réunis sur scène une longue standing ovation !

Encore une fois, le Festival de l’Abbaye de Sylvanès a offert des espaces de liberté, d’émotions partagées et a permis, à travers la musique, de nourrir les esprits et d’apaiser les cœurs !

Vivement l’année prochaine pour une nouvelle édition !

Sajan Sankaran, entre pratique et partage !

Après plusieurs reports de sa résidence à l’abbaye de Sylvanès (depuis 2020), l’artiste indien Sajan Sankaran a enfin pu se poser en terre aveyronnaise, du 25 juillet au 6 août 2022 dans le cadre du dispositif « Odyssée » initié par l’ACCR.

Il s’agissait pour Sajan de sa première résidence en Europe avec pour objectif d’aller à la rencontre des personnes et d’explorer plusieurs milieux artistiques. Des souhaits qui ont été très largement concrétisés lors de sa résidence artistique à l’abbaye placée sous le signe du partage et des échanges.

 

DES ÉCHANGES PASSIONNANTS ET FRUCTUEUX

Lors de son séjour, l’activité artistique des stages et du 45e Festival était à son apogée à Sylvanès. Pas moins de quatre stages et masterclasses se déroulaient dans les murs du Centre culturel de rencontre ainsi que des concerts du festival de musiques sacrées-musiques du Monde.

La première semaine de sa résidence, la classe de maître encadrée par Élène Golgevit & Charlotte Bonneu cohabitait avec un atelier de chant sacrés d’orient et d’occident animé par Frédéric Tavernier-Vellas.
« L’énergie des chanteurs professionnels participant à la classe de maître de chant lyrique était très inspirante et m’a rappelé l’énergie de mon propre Gurukul [1]  où tous les enseignants sont eux-mêmes des musiciens professionnels et délivrent une formation individuelle intense pour chaque élève.
J’ai aussi apprécié d’expérimenter des chants sacrés européens : j’ai retrouvé de nombreuses similitudes dans l’approche de la voix avec la musique indienne.
Dans tous les cas, j’ai apprécié l’intérêt des enseignants et des participants pour la musique indienne et les nombreuses discussions sur la musique en général, la création musicale, l’approche et la philosophie de la voix ».

Lors de sa deuxième semaine, Sajan a eu l’occasion de rencontrer Johanni Curtet qui animait dans les murs une initiation au chant diphonique mongol. « Les chants de gorge sont une approche très particulière de l’utilisation de la voix. J’ai eu la chance de pouvoir longuement échanger avec Johanni – qui est aussi ethnomusicologue – sur de nombreux aspects de la musique, de la technique vocale dans les différentes formes d’art. J’ai appris beaucoup de choses sur la culture et l’art mongol et j’ai hâte de les découvrir davantage ».

L’Atelier de chant médiéval avec Els Janssens-Vanmunster et Caroline Marçot se déroulait sur la même période et a été le terrain de dialogues et de partages enrichissants : « La merveilleuse connexion avec les formatrices et participants de cet atelier nous a permis de réaliser une présentation collaborative à l’issue de celui-ci, intégrant mes improvisations à l’une des pièces d’Hildegarde chantée par les stagiaires. Permettre la confluence de ces deux traditions de chant et expérimenter leur coexistence était une puissante expérience. J’ai découvert de nombreuses possibilités de collaboration entre la musique dhrupad et la musique médiévale d’Europe».

Concernant les concerts du 45e Festival auquel Sajan a assisté (Musique baroque, Flamenco, Nuit à l’Opéra, Trompette et Orgue … ) ce fut aussi pour lui une riche découverte : « Même si j’avais déjà écouté certaines de ces formes musicales auparavant, ce n’était que par le biais d’enregistrements. Aussi, pouvoir assister à ces concerts, observer les attitudes des artistes et leur approche de la musique avant de pouvoir échanger de vive voix avec eux était une expérience formidablement enrichissante».

 

ENTRE MUSIQUE DHRUPAD ET PHILOSOPHIE DU YOGA

En dehors de la collaboration avec l’atelier de chant médiéval, Sajan a pu effectuer dans l’église abbatiale deux présentations de Dhrupad qui ont été très bien accueillis par le public, généralement peu familier avec la musique indienne.

Pour la petite histoire, c’est pendant ses études à Bombay que Sajan se découvre un intérêt pour la musique classique indienne. Il fut introduit dans ce milieu par Shri Harshal Pulekar et le professeur Milind Malshe. Suite à sa découverte du dhrupad, cette autre forme de musique classique indienne, il décide de s’y consacrer et eut la chance d’être accepté comme élève par les frères Padma Shri Gundecha – les musiciens les plus en vue du dhrupad aujourd’hui.

Sajan enseigne aussi le Yoga et le Pranayama. Il a profité de son séjour à Sylvanès pour proposer quelques séances d’enseignement et s’adonner également à un travail de recherche autour de la convergence qui existe entre la musique Dhrupad et philosophie du yoga.

« Ce fut une très bonne expérience d’être à Sylvanès. Je me réjouis de poursuivre les amitiés et les interactions avec toutes les personnes merveilleuses que j’y ai rencontrées !
Ce fut formidable et inspirant d’interagir avec le directeur Michel Wolkowitsky qui a régulièrement pris le temps de découvrir ma pratique, de me parler de la sienne et d’échanger quelques points de vue sur la musique en général. Tout cela a constitué de belles conversations humaines et musicales.
Une résidence très productive qui donnera lieu, je l’espère à de nombreuses autres interactions et échanges enrichissants».

Nous n’en doutons pas et souhaitons à Sajan de belles nouvelles aventures et une bonne continuation dans tous ses projets  !

Sajan Sankaran et Michel Wolkowitsky

 

[1] Un gurukul est une école traditionnelle en Inde où les élèves (shishya) vivent près de leur gourou (enseignant), souvent dans le même logement, comme une sorte de famille.

 

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ELIE CHOUFANI

ELIYA FRANCIS  

Revisitez l’épopée cistercienne avec le « Moinopoly » !

Pour la fin des vacances d’été et l’après-saison, un nouveau support de visite est disponible à l’abbaye de Sylvanès. Que vous soyez en famille ou entre amis, pour les petits et grands enfants, de 7 à 77 ans, nous vous proposons de prendre le temps de découvrir l’histoire de l’ordre de Cîteaux par le biais d’un jeu de société, très librement inspiré du Monopoly.


Ce « Moinopoly », comme nous l’appelons, met les joueurs dans la peau de moines cisterciens qui cherchent à étendre leur influence sur la société à la suite de la mort de Bernard de Clairvaux, le cistercien le plus influent du XIIe siècle. Le but est donc, dans un premier temps, d’acquérir une ou plusieurs abbayes cisterciennes présentes sur le plateau de jeu, puis de les faire prospérer tout en s’adaptant aux coups du sort qui vont s’inviter en cours de partie, par le biais de cartes « fléaux » et « miracles ». Parmi ces cartes se trouve l’évènement « Révolution » qui marque la fin de la partie, au moment de la nationalisation des biens du clergé, en 1791. Le joueur qui, à ce moment, aura le plus de « points d’influence », la monnaie du jeu, gagne la partie.

De manière amusante, ce jeu permet d’en apprendre un peu plus sur tout ce qui fait la particularité de l’ordre cistercien, en restant très accessible. C’est dans cette optique que nos deux stagiaires en médiation culturelle, Blandine et Chloé, l’ont conçu.

En espérant vous voir nombreux pour essayer cette première édition !

Blandine et Chloé, stagiaires en médiation culturelle et conceptrices du « Moinopoly »

 

Carnet de résidence d’Eliya Francis

Nous avons eu l’immense plaisir d’accueillir l’artiste libanais Eliya Francis à l’Abbaye de Sylvanès du 5 au 25 juillet 2022 dans le cadre d’une résidence artistique organisée dans le cadre du programme NAFAS mis en place par l’Association des Centres culturels de rencontre.

L’objectif de ce programme NAFAS est de répondre à la crise qui frappe la scène culturelle libanaise et de permettre à des artistes libanais de résider dans un Centre culturel de rencontre afin d’expérimenter, créer et enrichir leur pratique.

Eliya Francis est un ténor libanais. Il a étudié la musicologie et le chant d’opéra classique à l’Université Saint-Esprit de Kaslik et a participé à plusieurs masterclasses internationales en France, en Italie, en Russie et en Allemagne. En 2012, il a remporté le prix Murex D’or du meilleur chanteur d’opéra du Moyen-Orient.

Eliya devant l’abbatiale de Sylvanès

Eliya a beaucoup apprécié son séjour parmi nous et a eu la gentillesse de rédiger quelques lignes sur son ressenti et son vécu de résidence. Nous avons l’immense plaisir de partager ci-dessous son chaleureux témoignage :

« J’écris cette lettre assis sur la rive de la timide rivière qui s’assèche presque et les brises du vent d’été soufflent de temps en temps. J’écris sur la fin de ma résidence à l’Abbaye de Sylvanès.
Que puis-je dire de cet endroit merveilleux ? Comment décrire la beauté et le charme de cette abbaye entourée d’arbres, d’eau, d’oiseaux, d’air frais et surtout de belles personnes.
Ici, on oublie les soucis de la vie, nous revenons aux racines où ni la télévision ni les réseaux sociaux ne nous détournent de la beauté de la nature.

Cette Abbaye, labellisée Centre culturel de rencontre reçoit des artistes du monde entier et les rassemble au nom de l’art, de la culture et de l’échange d’expériences. À chaque fois que je rencontre quelqu’un, il me dit que ce n’est pas la première fois qu’il participe à des stages dans ce lieu. Bien sûr, je connais très bien la raison de tous ceux qui viennent ici plus d’une fois, c’est Sylvanès le village charmant qui nous fascine sans qu’on s’en rende compte, alors on ressent le besoin de revenir une deuxième, une troisième… puis une dixième fois.

Je viens du Liban, le pays de la paix, de l’amour et de la beauté, du «SETTEDDONIA» la dame du monde BEIRUT, qui par jalousie de sa beauté, voulait qu’elle soit détruite. Ce fut la troisième plus grande explosion au monde qui a secoué toute l’humanité. Mais ils ont oublié que le Liban et les libanais sont du pays du phénix, qui se consume et renait de ses cendres. Alors je suis venu ici pour retrouver ma vie musicale.

L’atmosphère que procure cette abbaye convient très bien à quiconque veut se concentrer pour créer et produire de l’art. J’ai commencé à travailler sur un projet de fusionnement de la musique arabe orientale et occidentale, je me voyais participer à la masterclass de chant lyrique dirigées par Frédéric Gindraux, comme au stage « Chanter en Famille » dirigé par Béatrice Gaussorgues. Et avec mon grand amour pour ces familles qui viennent de toute la France louer Dieu avec leurs voix merveilleuses, j’ai eu l’occasion de leur apprendre un hymne en langue libanaise, et la grande surprise qu’ils l’ont chantée dans la messe du dimanche.

Aussi j’ai eu la chance de faire connaissance avec Bernard Tétu, chef de chœur modeste, très bon et au sourire affectueux. J’ai partagé beaucoup de discussions avec lui et les membres de l’Atelier-Choral qu’il encadrait durant une semaine à Sylvanès.  J’ai senti leur intérêt et la conscience de tout ce qui se passe au Liban, et à quel point ils sont solidaires avec les libanais.

À tout le personnel de l’Abbaye de Sylvanès, administrateurs, cuisiniers, agents d’entretien, techniciens et stagiaires, je vous remercie du fond du cœur pour votre travail, votre passion et votre esprit de famille, qui se reflètent sur nous. Alors on se sent chez soi.

Enfin, je fais comme aux noces de Cana de Galilée, je laisse le bon vin pour la fin, pour parler d’un leader, pédagogue, père, frère, ami… L’évocation de toutes ces qualités ne me suffit pas pour remercier Michel WOLKOWITSKY, pour son attention et sa présence dans les moindres détails lors de ma résidence à l’Abbaye.

Eliya et Michel Wolkowitsky, juillet 2022, Abbaye de Sylvanès

  •  Merci de m’avoir accordé de ton temps pour travailler sur ma voix.
  • Merci pour tout le temps de qualité qu’on a passé ensemble à Sylvanès et aux alentours
  • Merci de m’avoir donné l’opportunité de rencontrer des artistes du monde entier et de découvrir cette belle région
  • Merci de m’avoir offert la chance d’assister aux concerts du 45e Festival prévus durant ma résidence.
  • Merci pour le cadeau que tu m’as offert le jour de ma fête.

Comme j’aurais aimé que cette résidence dure plus longtemps.
Mais, je finis comme j’ai commencé : tout a une fin, je n’oublierai jamais les moments précieux et la chance que j’ai eue d’être ici, je remercie Dieu pour la fin de cette heureuse histoire.

Eliya FRANCIS, Sylvanès, 24 juillet 2022

 

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