L’ensemble Myrtho en résidence de création à l’abbaye

Dans le cadre des résidences de création et de diffusion, l’ensemble Myrtho sera à l’abbaye de Sylvanès du 6 au 10 avril 2025, pour travailler sur un programme fascinant « EPOS, Musique et poésie méditerranéennes entre tradition et renouveau » inspiré de l’univers des narrations épiques et chantées.

Ce programme explorera un nouveau répertoire autour de la notion grecque « d’épos », narration épique, narration chantée et psalmodiée, en tissant un lien comparatiste, thématique et poétique entre différentes cultures d’Europe méditerranéenne (de l’Espagne aux Balkans en passant par la France, l’Occitanie, la Corse, l’Italie et la Grèce).

La restitution de cette résidence aboutira à une création inédite le 24 juillet 2025 à 21h, dans le cadre du 48e Festival. Un instant spectaculaire à ne pas manquer !

Lors de leur séjour à l’abbaye Sylvanès, le quatuor rencontrera le mercredi 9 avril à 14h30, les enfants des Centres de Loisirs de Camarès et de Belmont. Dans un moment de découverte, de partage et d’émerveillement, les jeunes auront l’occasion de s’immerger dans l’univers fascinant de la musique et des traditions méditerranéennes.
Un temps de médiation qui sera également ouvert à toutes personnes curieuses ou intéressées par ce projet musical.

L’Ensemble Myrtho : Un Quatuor d’Excellence

Porté par l’Ensemble Myrtho, ce projet rassemble quatre musiciens d’exception, spécialistes des instruments traditionnels et des sonorités méditerranéennes :

  • Pierre Blanchut : santour, percussions
  • Laetitia Marcangeli : chant, vielle à roue, cistre corse
  • Raphaël Sibertin-Blanc : violon, alto, kemençe
  • Timothée Tchang Tien Ling : percussions orientales

 

Le projet d’aménagement de l’abbaye : pose de la première pierre

Le mercredi 5 mars 2025 a marqué une étape clé dans l’histoire de l’Abbaye de Sylvanès : la cérémonie officielle de la pose de la première pierre du projet d’aménagement. Un événement symbolique qui concrétise un projet ambitieux destiné à préserver et moderniser ce joyau cistercien.

Une cérémonie symbolique et fédératrice

La pose de la première pierre s’est déroulée le 5 mars à 15 h, en présence des élus locaux et des partenaires institutionnels et financiers, les adhérents de l’Association de l’Abbaye de Sylvanès. Cet événement solennel a été également l’occasion de rappeler l’histoire du site et son importance pour le territoire.

« C’est un honneur et une joie réelle d’accueillir les partenaires qui nous accompagnent dans ce projet. Aujourd’hui marque une étape nouvelle dans la renaissance de cette abbaye. C’est une page d’histoire en gestation depuis 8 ans qui est en train de s’écrire. Cette ambition de restauration et d’équipement répond aux exigences d’un Centre culturel de rencontre et d’un Grand Site Occitanie.  La construction d’un bâtiment d’accueil s’inspirant des valeurs cisterciennes de discrétion et de sobriété permettra un meilleur accueil des publics«  a souligné Michel Wolkowitsky, maire de Sylvanès et directeur général de l’abbaye.

Pour Monique Aliès, Présidente de la communauté de communes Monts Rance et Rougier, ce projet est un atout majeur pour notre territoire : « Je me réjouis que ce projet réunisse de nombreux entrepreneurs de notre territoire. Cette restructuration est un atout majeur d’attractivité culturelle, touristique, éducative et doit être perçue comme une opportunité de développement de l’économie locale« . 

« Un projet qui permet de respecter l’esprit de l’abbaye et de se hisser à la hauteur de la qualité du site » ajoute Claire Chauffour-Rouillard, préfète de l’Aveyron qui se réjouit de « cette initiative collective et ambitieuse ». 

Ce projet de réaménagement sur plusieurs axes majeurs permettra à renforcer le rayonnement culturel et touristique de l’abbaye comme l’a souligné Claudie Faucon-Méjean, vice-présidentede la Région Occitanie en charge de la culture :  » Sylvanès, c’est bien plus qu’une abbaye : c’est un lieu où s’opère une fusion de la musique, de l’art, de la spiritualité, du patrimoine, de la culture et de la nature, un lieu où l’on apprend à travers un projet culturel à mieux se connaître, à partager des moments et à vivre ensemble. »    

 

Un nouveau bâtiment en harmonie avec son environnement qui comprend : 

  • La création d’un bâtiment d’accueil et administratif, pour offrir un meilleur service aux visiteurs et centraliser les activités liées à la gestion du site.
  • L’aménagement paysager des extérieurs, pour améliorer l’accessibilité et valoriser le cadre naturel exceptionnel de l’abbaye.

Ce projet de 900 m² a été pensé pour s’intégrer discrètement au paysage, l’édifice adoptera une silhouette sobre et peu élevée avec une large ouverture offrant une vue privilégiée sur le cloître de l’abbaye. « Avec ce bâtiment de 900 m2, nous recomposons un immense cloître, un espace clos ouvert sur le Cabot », explique l’architecte Pierre Dufour.

L’entrée principale donnera accès à une salle polyvalente, des bureaux, une librairie-boutique ainsi qu’un espace cafétéria. Entre ses deux pignons en « béton cyclopéen » – un mélange de pierre de Crassous et de béton – les façades seront largement vitrées et soutenues par une imposante charpente en bois massif. À l’intérieur, l’épicéa massif dominera, tandis que l’extérieur sera habillé de chêne brut. Non traité, ce dernier se patinera naturellement avec le temps, jusqu’à adopter une teinte rappelant celle des pierres de l’abbaye. « Nous avons choisi de rendre visibles les éléments que l’on dissimule habituellement », précise Romain Orth du Cabinet Antoine-Dufour.

Il faut également noter que 90 % des matériaux utilisés sont naturels et proviennent de filières courtes afin de réduire l’empreinte carbone liée au transport et de dynamiser l’économie locale. Un ancrage territorial que souligne également Arnaud Viala, président du Conseil départemental : « Ce n’est pas une construction banale, mais un projet enraciné dans son territoire, porté par ses matériaux et ses savoir-faire. »

« Pour nous, c’est une première de nous approvisionner en matériaux à seulement 10 km du chantier », se réjouit l’architecte Pierre Dufour.

À l’issue de la cérémonie, Monique Aliès et Michel Wolkowitski ont salué une avancée significative pour la valorisation du site et de son héritage.

Pour rappel, les travaux de terrassements ont débuté le 18 novembre 2024 et ont marqué le lancement d’un long chantier jusqu’au printemps 2026, avec une inauguration espérée du futur bâtiment pour le 49e Festival !

 

Un ambitieux projet, un enjeu collectif

Cet ambitieux projet de territoire est porté par la Communauté de Communes Monts, Rance et Rougiers qui assure la maîtrise d’ouvrage en collaboration étroite avec la petite commune de Sylvanès, propriétaire des lieux, les conseils et le soutien des services de la DRAC et des Monuments historiques d’Occitanie au Ministère de la Culture, le Département de l’Aveyron, du Conseil Régional Occitanie-Sud de France, de l’Europe et du Parc Naturel régional des grands Causses.

Projet réaménagement Abbaye de Sylvanès ©Cabinet Antoine Dufour

Un appel aux dons des particuliers, fondations et entreprises 

Pour que nous apportions notre part aux côtés des pouvoirs publics à cet ambitieux projet, nous avons créé le Fonds Abbaye de Sylvanès au sein du Fonds de Dotation Transatlantique. Le Fonds de l’Abbaye de Sylvanès a pour vocation de financer les investissements à long terme qui façonneront l’Abbaye de Sylvanès de demain grâce au soutien des particuliers, des fondations et des entreprises. Le Fonds vous offre l’opportunité de vous associer durablement à l’histoire de l’Abbaye de Sylvanès, de nous aider à apporter notre pierre à l’édifice et de bénéficier de réductions d’impôts.

EN SAVOIR PLUS SUR LA CAMPAGNE D’APPEL AUX DONS 

C’est une nouvelle page de l’histoire de l’abbaye qui se prépare, alors construisons ensemble l’avenir qui vient  ! 

EN SAVOIR PLUS SUR LE PROJET ARCHITECTURAL

Elène Golgevit : la musique comme une évidence

Elène Golgevit enseigne actuellement le chant au CNSMD de Paris. Elle-même chanteuse, elle a été et demeure la coach vocal de quelques stars du lyrique d’aujourd’hui et de demain. Sollicitée partout en France comme à l’étranger, elle encadre depuis 2010 à Sylvanès des classes de maître à destination de chanteurs professionnels. Rencontre…

De quand date votre passion pour la musique ?
Je suis tombée dedans petite. D’abord avec mes parents (une mère pianiste et un père violoniste – tous deux chefs de chœurs) mais aussi mes grands-parents paternels chez qui la musique populaire et savante était très présente. Ils aimaient le chant au même titre que la poésie, la littérature, le théâtre, cela faisait partie de leur quotidien. À plusieurs moments, j’ai voulu prendre pleins d’autres directions professionnelles et j’ai toujours été rattrapée par la musique : elle s’est imposée à moi comme une évidence. C’était vital, comme inscrit dans mes gènes.

Où vous êtes-vous formée ?
Au conservatoire de Montpellier en premier lieu, puis je suis partie en Italie me perfectionner auprès du maestro Roberto Caverni. Ce fut une rencontre décisive pour moi : j’ai découvert ce lien fort à la culture opératique. Là-bas, l’image du maçon qui chante les airs d’opéras, ce n’est pas une légende. Je l’ai vécu… l’opéra c’est dans leur ADN. J’ai réalisé alors que ce n’était pas un monde inaccessible et j’ai choisi d’y faire mon parcours de vie, épaulée par Roberto puis d’autres pédagogues. J’ai bénéficié du soutien majeur du phoniatre Benoît Amy de la Bretèque qui m’a permis d’allier à la fois un savoir de la tradition et de la science.

Quelle est pour vous la principale qualité pour être un bon coach vocal ?
Être à l’écoute de l’artiste et de tous les écueils qu’il peut rencontrer, guider avec exigence et humilité.

La promotion « Sylvanès 2024 » de la classe de maître

Nombreux sont les jeunes talents que vous avez coachés… Quel est votre regard sur leurs carrières, les suivez-vous toujours?
C’est très gentil à vous, je les suis toujours en effet, de plus ou moins près selon leurs demandes. Je suis très admirative des singularités de leurs parcours, des sacrifices qu’ils font pour faire ce métier impitoyable. J’ai un grand respect et une grande tendresse pour eux.

Quel rapport avez-vous avec Sylvanès ?
Il est unique. C’est un lieu calme et puissant qui permet de s’immerger totalement, se ressourcer avec le lieu et la nature, être ainsi dans un cocon de travail bienveillant pour aller au plus loin de son exigence. Les chanteurs aiment venir ici, c’est une bulle d’oxygène au milieu de leurs carrières tellement mouvementées par nature. Ces stages sont une occasion de faire le point sur l’évolution de leur instrument-voix et expérimenter de nouveaux rôles. Le lieu épouse totalement cette intimité tout en étant ouvert sur la nature, comme l’artiste l’est sur scène.

Elène Golgevit et sa pianiste Charlotte Bonneu lors du récital « Verdi, Puccini & Intermezzi » du 26 juillet 2024 au Festival

Quel est votre répertoire d’opéra de prédilection ?
Il est vrai que j’ai une sensibilité pour le répertoire d’opéra italien du XIXe siècle comme vous l’avez entendu cet été dans le récital que nous avons donné avec Charlotte Bonneu dans le cadre du festival de l’abbaye. Mais je suis très sensible à George Benjamin, Kaija Saariaho tout comme à Strauss, Massenet… Au delà de l’opéra, je suis gourmande de musique de manière générale sous de nombreuses formes musicales, vocales ou non, de Bach à Mahler, Britten… et nous avons la grande chance en ce moment de découvrir tant de compositrices méconnues.

 

Interview réalisé avec la collaboration de Rachel Gonzales, bénévole au service communication du Festival 2024

 

 

En savoir plus sur la classe de maître 2025 à Sylvanès

 


CE QU’ELLES DISENT DE LEUR PROFESSEUR… 

Elène est un soleil : elle réchauffe les cœurs et permet de faire rayonner notre voix et notre corps tout entier, elle sait mettre en lumière nos voix et nos personnalités artistiques. Elle nous guide dans le chemin de la carrière, elle sait être aussi la tête froide quand le cœur est trop chaud… Sans elle, mon parcours aurait été complètement différent.
Je suis pleine de gratitude pour elle.
Marine Chagnon

Cela fait 13 ans que je travaille avec Elène et je continue toujours d’apprendre à ses côtés. Elle est à l’écoute de chacun de ses élèves et sait s’y adapter. Parce qu’elle a une boîte à outils sans fond pour régler chaque problème qui pourrait se poser, je l’ai longtemps appelée « ma baguette magique ».
C’est aussi une immense pédagogue, une musicienne et une personne incroyable, d’une curiosité et d’une générosité sans limite qui évolue dans sa pratique et dans sa pédagogie encore et toujours. Pour toutes ces raisons, je me suis rendue compte qu’elle était en fait « ma fée » !

Eva Zaïcik

Elène Golgevit est un modèle de bienveillance, d’écoute et de pédagogie. Toujours disponible, dans le respect de l’artiste et de l’élève, elle parvient à instaurer une relation de confiance et à créer un environnement de travail unique pour des résultats toujours concrets. C’est une professeur rare et exceptionnelle.
Anthea Pichanick

Parmi les élèves de la classe de maître 2023 : Marine Chagnon, Eva Zaïcik et Anthea Pichanick

16e Rencontre entre Musique et Cinéma

Voilà déjà 16 ans que, pour marquer la fin de sa saison culturelle, le Centre culturel de rencontre choisit de mettre en lumière la musique dans le 7e art.
Comédies musicales d’hier et d’aujourdhui, films musicaux en tous genres, adaptations d’opéra, c’est près de 120 œuvres cinématographiques qui ont été projetées ces dernières années au Cinéma le Temple de Camarès rassemblant près de 4000 spectateurs.

Ces rencontres du film musical permettent au public cinéphile ou au simple amateur de découvrir ou redécouvrir sur grand écran les films musicaux les plus singuliers et les plus représentatifs du genre ! Et les ressources semblent inépuisables, comme en atteste la sélection concoctée cette année encore par le directeur de l’abbaye Michel Wolkowitski.

Sur trois jours, du 9 au 11 novembre 2024, près de 200 personnes ont investi la salle du Cinéma le Temple à Camarès.

C’est le fiévreux « Coco Chanel & Igor Stravinsky » de Jan Kounen qui a ouvert les festivités ! Dans ce film de 2009, le réalisateur français illustre avec délicatesse et sensualité la liaison orageuse et passionnée entre les deux génies, incarnés par Anne Mouglalis et Mads Mikkelsen, totalement habités par leurs rôles.

Autre film français évoquant la destinée d’un incroyable artiste : le magnifique film « Django » qui a remporté la meilleure jauge public de ces rencontres  ! Les spectateurs sont venus découvrir cet épisode méconnu de la vie du plus célèbre guitariste jazz de l’histoire de la Musique. Plus qu’un biopic, ce film d’ Étienne Comar dont l’action se déroule en 1943 est l’histoire d’une prise de conscience avec des scènes musicales complètement galvanisantes et un Reda Kateb stupéfiant de justesse.

Autre film biographique au programme et qui a séduit le public : le beau et poignant « Il Boemo » de Petr Václav. Le réalisateur tchèque y dresse le portrait élégant et savoureux de Josef Myslivecek, un compositeur de génie oublié, que le jeune Mozart admirait. Un grand film musical avec une bande originale exceptionnelle, des scènes d’opéras grandioses, le tout dans de flamboyants décors, costumes et paysages restituant à merveille la Venise du XVIIIe siècle.

Des histoires poignantes de rêves brisés, d’amour malheureux, de passion, d’ambition, de désir, de sacrifice : il en était aussi question dans l’étincelant film chinois « Perhaps Love » de Peter Ho-Sun Chan, une réalisation haute en couleurs, avec violons, chansons et costumes chamarrés racontant une sublime histoire d’amour sur trois décennies. Beaucoup d’émotions aussi dans le public à l’issue de la projection de la grandiose adaptation du chef-d’œuvre de Victor Hugo et de la comédie musicale éponyme : « Les Misérables » de Tom Hooper avec sa musique magnifique et ses images spectaculaires !

Le film « Sparkle » de Salim Akil où la jeune chanteuse Jordin Sparks partage la vedette avec Whitney Houston complétait cette sélection. Ce remake d’un film culte pour la communauté afro-américaine est surtout un hommage puissant à la musique soul et à l’héritage de la Motown : un drame à grand spectacle à l’énergie et l’enthousiasme communicatif qui a remporté l’adhésion du public.

Le public familial n’a pas boudé non plus son plaisir pour découvrir ou redécouvrir « Mary Poppins » de Robert Stevenson. Ce grand classique musical de 1964 qui raconte les péripéties d’une nounou pas comme les autres sous les traits de la pétillante Julie Andrews demeure un véritable hymne à la bonne humeur ! Soixante ans après sa sortie, il conserve toute sa splendeur et son pouvoir de toucher les cœurs.

Un merci particulier à la Communauté de communes Monts, Rance et Rougier pour son soutien et rendez-vous l’année prochaine pour une 17e édition de ces rencontres du film musical !

Pons de Léras, un convers pas comme les autres…

On l’a vu précédemment, Pons de Léras, après s’être repenti de ses actes de violence, se tourne vers une carrière de religieux en ce début de XIIe siècle. En 1132, partant de son ermitage de Sainte Marie du Théron, dans l’actuelle vallée de Sylvanès, sur la rive Sud du Cabot, il s’en va vers l’abbaye cistercienne de Mazan située à plusieurs jours de marche au Nord-Est. Là-bas, il va se former à une vie monastique exigeante et très réglementée, mais qui laisse la place à des profils très divers. Cette place au sein de l’ordre de Cîteaux, Pons la trouve parmi les frères convers.

Mais… C’est quoi un frère convers !?
Le statut de frère convers n’est pas une invention cistercienne. Avant le XIIe siècle, dans d’autres ordres religieux, chez les clunisiens par exemple, les convers sont des adultes choisissant de prononcer leurs vœux monastiques et de se mettre au service d’une communauté religieuse. Ils ont connu une vie de laïc qui leur confère, en général, une certaine appétence pour les travaux physiques, dont les moines prieurs sont assez peu friands. Entre autres, ils défrichent, labourent et cultivent des domaines monastiques encore relativement restreints. Souvent, ces convers sont issus de la classe laborieuse, subordonnée au clergé et à la noblesse durant l’époque médiévale. En prenant l’habit religieux, ils espèrent trouver une vie plus paisible au sein d’un monastère, sans pour autant s’élever socialement. Cependant, les places sont rares. Cîteaux change la donne.

Essai de reconstitution des vêtements monastiques : à droite, les moines tonsurés portent une tunique et un scapulaire; à gauche, les convers, hirsutes et barbus, sont vêtus d’une tunique avec scapulaire et capuchon.
Illustration © Denis Poughon, extrait du livre “Vivre dans une abbaye” de Jean-Baptiste Lefèvre

Quoi de neuf pour les convers cisterciens ?
Alors que les cisterciens commencent à essaimer, en fondant de nouvelles abbayes, Étienne Harding, abbé de Cîteaux, commence en 1119 la rédaction de la Charte de charité. Ce document, constitutif de l’Ordre, apporte, entre autres, des précisions sur l’organisation économique cistercienne. On y apprend que les moines doivent exploiter directement l’entièreté de leurs domaines, en refusant le système de la tenure qui fragilise les possessions monastiques.  Or, les domaines cisterciens sont vastes, et les moines doivent se consacrer en priorité à la prière. Les convers, main-d’œuvre gratuite, deviennent alors essentiels. Pour preuve, au XIIe siècle, ils constituent les deux tiers de la population des abbayes affiliées à Cîteaux. On trouve parmi eux des hommes et des femmes issus d’origines sociales variées (ce qui est exceptionnel pour cette époque), soucieux du Salut de leur âme et, pour certains, convaincus par les mots de Bernard de Clairvaux : « Travailler, c’est prier ». Les granges monastiques, parfois éloignées des monastères, font partie de leurs lieux de vie. C’est depuis ces granges qu’ils se chargent du commerce des éventuels excédents de production.

Légende, les frères convers (à gauche) s’occupent du travail manuel tandis que les moines (à droite) prient. Source: enluminure extraite du Commentaire sur l’Apocalypse avec Interpolations d’Alexandre de Brême (fin XIIIe siècle)

 

Et Pons de l’Héras dans tout ça ?
On pourrait voir ces convers comme des religieux « de seconde zone », ne portant même pas le nom de moine, si des cas comme Pons de Léras n’existaient pas. Loin d’être devenu un humble laboureur au service de la communauté monastique, l’ancien chevalier est cité comme témoin dans plusieurs actes de donations faites à l’abbaye de Sylvanès. Il semble donc rester à la manœuvre dans l’accroissement du domaine monastique même après la transformation de son ermitage en monastère cistercien en 1136, dont il n’est théoriquement plus le chef. Ces éléments peuvent créer un doute sur son statut de convers, ou au moins sur le laps de temps durant lequel il le fut. Mettons cela sur le compte d’une période où l’organisation cistercienne est encore balbutiante, en particulier à Sylvanès, au tournant des années 1140. A ce moment, les convers paraissent bénéficier de davantage de responsabilités, pour le bonheur d’anciens seigneurs comme Pons de Léras. En 1188, l’Ordre cistercien finit par interdire au membre de la noblesse de devenir convers, cantonnant pour de bon ces frères à une place inférieure.

 

 

Thomas Pouget en résidence à Sylvanès

Cinq questions à Thomas Pouget, artiste en résidence à l’Abbaye de Sylvanès

Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Je m’appelle Thomas Pouget, je suis metteur en scène et comédien. Je dirige en Lozère une compagnie professionnelle de théâtre qui s’appelle La Joie Errante. Nous créons des spectacles sur des thématiques variées (agriculture, passage de l’enfance à l’adolescence, classes moyennes, …) et d’autre part, nous menons des actions de territoire (résidences, stages, lectures, création de festival) avec un objectif commun : s’émouvoir et réfléchir ensemble autour de questions universelles. 

En janvier 2024, tu as débuté une résidence de territoire à l’abbaye de Sylvanès, en quoi consiste-t-elle ?
Cette résidence, c’est l’occasion de rencontrer les habitants qui font le paysage local, en partant du principe que tout le monde a une histoire à raconter et qu’il y a systématiquement de la complexité dans chacune. Au fur et à mesure de ces rencontres, il y a un puzzle qui se complète, un tableau qui se dessine sur ce qu’est le territoire, et sur les gens qui y habitent. Des thématiques se dégagent, des perceptions tantôt semblables, tantôt contradictoires et l’objectif final étant que les gens du pays s’emparent de ces témoignages qui m’ont été confiés afin de révéler un portrait de leur village.
En somme, on crée une matière théâtrale à partir de témoignages, interviews, anecdotes, tout comme on a l’habitude de le faire pour nos spectacles. Mais que les futurs participants se rassurent, pas forcément besoin d’apprendre du texte ou d’avoir fait du théâtre pour faire partie de la restitution finale.

 

Le 17 mars prochain, tu invites le public local à une lecture publique à l’abbaye. Peux-tu nous en dire plus sur cette rencontre?
Les lectures, elles sont à mon sens indispensables dans une démarche de résidence territoriale. Souvent considérées comme le parent pauvre du théâtre, elles sont plus qu’une simple lecture. Elles sont vivantes. C’est l’occasion de découvrir des auteurs sur des thématiques, et notamment pour cet événement du 17, des auteurs qui ont écrit sur la campagne. Celle d’hier et celle d’aujourd’hui.
Aussi, les spectateurs pourront entendre par exemple du Daudet avec Les lettres de mon Moulin, des Fables de la Fontaine et d’autres surprises. C’est partir à la rencontre d’écritures différentes, mais autour d’un sujet commun.

Ta compagnie de théâtre s’appelle la Joie Errante : pourquoi ce nom et qu’est-ce qu’il symbolise pour toi ?
C’est toujours assez délicat de choisir le nom d’une compagnie et ça serait intéressant de savoir ce que ce nom évoque chez les spectateurs. Pour ma part, ce nom est à la fois un mantra, et une conviction. Ne jamais oublier la Joie qui nous anime, qui nous pousse à savourer ce que nous faisons, et faire en sorte qu’elle puisse être partout.

La lecture de ta pièce « Vacarmes » est elle toujours prévue au prochain Salon de l’agriculture ? Si oui, avec quel état d’esprit vas tu t’y rendre ?
Elle l’est toujours. Le 25 et 26 février, à 11 h, sur le stand d’Eliance et celui du département de la Lozère. Avec tout ce qui se passe actuellement, ça va être très intéressant d’y être. Cela fait un moment qu’à l’issue des représentations, on entend des spectateurs nous dire  » vous devriez aller le jouer au salon votre spectacle « , cette fois, c’est pour de bon  !
J’ai envie de penser que ça n’est que le début, que d’y aller n’est qu’un prémisse à quelque chose de plus grand. Donc oui, j’y vais avec une envie certaine d’en démordre et la certitude que ce texte doit être entendu, par tous et toutes, sur ce que c’est que d’être paysan. 

 

Thomas Pouget reviendra en résidence à Sylvanès du 28 avril au 3 mai et en novembre 2024.

Lecture publique le 17 mars à 16h dans le scriptorium de l’abbaye – participation libre 

 

 

Des hommages à Gabriel Fauré en 2024 !

Gabriel Fauré (1845-1924) s’est éteint il y a un tout juste siècle et notre attachement à sa musique est intact. L’occasion est donc belle pour le Centre culturel de rencontre de commémorer le compositeur français lors de deux ateliers choral-production pour choristes amateurs confirmés. Ces deux stages donneront lieu à la production de concerts dans le cadre du 47e Festival de Musiques Sacrées- Musiques du monde les 21 juillet et 15 août 2024.

Bernard Tétu ouvrira les festivités avec son Atelier choral-production qui se déroulera du 15 au 21 juillet à l’abbaye de Sylvanès.
Au programme, une suite de musiques françaises en hommage à Gabriel Fauré : un programme original, ambitieux et varié ! Parmi les œuvres de Gabriel Fauré au répertoire de ce stage, on y trouvera : sa Pavane  au thème inoubliable ou encore Les Djinns œuvre spectaculaire qui reprend la construction « en losange » du poème de Victor Hugo sans oublier l’intense Cantique de Jean Racine.


Des œuvres plus rares et inclassables d’autres compositeurs français seront aussi au programme de l’Atelier choral comme le grand Chœur d’ombres d’Hector Berlioz, une œuvre extrêmement impressionnante et émouvante, un extrait des 7 paroles du Christ en croix de César Franck en particulier un choeur de foule au refrain puissant et provocateur !

Francis Poulenc sera mis aussi à l’honneur avec des extraits du Gloria et un chœur de sa cantate très peu connue intitulée Sécheresses : le village abandonné.

C’est avec deux œuvres majeures du répertoire de musique sacrée que Michel Piquemal, à la tête de sa 35e Académie de choeurs, rendra aussi hommage au génie de Gabriel Fauré. Le stage se déroulera du 7 au 15 août 2024 à Saint-Affrique où près de 80 choristes sont attendus pour travailler l’émouvant Requiem de Fauré et la Messe des pêcheurs de Villerville, écrite avec André Messager.

Gabriel Fauré, également organiste et maître de chapelle à l’église de la Madeleine, explore tout en douceur la richesse chorale héritée des formes liturgiques anciennes, tout en insufflant dans son Requiem un style singulier, qui évite les effusions dramatiques alors en vigueur. Dans un esprit similaire, la Messe des pêcheurs de Villerville, écrite avec André Messager alors que les deux hommes se reposaient sur la côte normande, se distingue par sa modestie et sa délica­tesse. Peu jouée, cette messe pour chœur de femmes per­mettra de ressaisir toute la subtilité du style français, que Fauré a fait entrer avec succès dans le répertoire religieux.

Plus de détails sur ces deux ateliers et demande d’inscription sur  : https://sylvanes.com/stages/formation-vocale/

 

De la clarté sur nos ombres et notre histoire

A l’issue d’une semaine de travail chaleureuse et fraternelle, sous la direction de velours de Bernard Tétu accompagné par Florence Vettes, les participants à l’atelier choral 2023 ont fait briller l’abside de l’abbatiale en interprétant le très rare Requiem de Donizetti dans une version pour solistes, chœur, piano 4 mains et timbales. Cette œuvre, pourtant écrite pour la mort de Bellini, fait la part belle aux bel canto masculins et aux chœurs rayonnants empreints d’ouverture harmonique et spirituelle. Lors du final, le public debout comme pour toucher les arcades de la voûte, acclamait les envolées lyriques des quatre solistes emportées par les roulements de timbales et l’explosion chorale tonitruante, suspendue dans la douceur d’un decrescendo peu commun pour terminer ce type d’œuvre.

À la tombée du jour, les musiciens, danseur et conteur de l’Emidy Project (création du compositeur anglo-nigérien Tunde Jegede) ont illuminé aux couleurs du monde la prairie de l’ancien cloître de l’abbaye. Embarquement immédiat tragico poétique, relatant l’odyssée forcée du violoniste métisse virtuose Joseph Antonio Emidy, contemporain de Haydn oublié par l’Histoire de la musique, qui fut esclave avant de devenir chef d’orchestre et premier compositeur issu de la Diaspora africaine. Au travers de la traversée de trois continents où se mêlent musiques baroques, brésiliennes, canciones sud américaines et transes africaines, ce voyage musical nous fit emprunter les routes de l’esclavagisme et les chemins d’une perpétuelle quête de liberté, dans un monde où les différences étaient synonymes de sombres destinées.
Un spectacle essentiel où l’individuel rejoint le collectif, et témoigne du passé pour comprendre notre présent, dans l’espoir de nous inciter peut être à ne pas reproduire l’histoire…

Vixenzo G.

 

 

 

Restitution du projet « Chorale à l’école »

Ce mardi 27 juin 2023 à 14h30 à l’Abbaye de Sylvanès a eu lieu la restitution publique du projet « Chorale à l’école », au cours duquel ils ont appris le chant dans différentes langues et développé leur culture musicale. 175 élèves, dirigés par Marine De Sola, ont pu proposer un voyage sur les rives de la mer Méditerranée et une merveilleuse ouverture au dialogue des cultures dans l’acoustique exceptionnelle de l’église abbatiale !

Devant un public nombreux composé de familles, amis et curieux, les élèves ont présenté le fruit de leur travail impliquant 10 écoles primaires du territoire intercommunal : Cénomes, Brusque, Fayet, Murasson, Saint-Sever-du-Moustier, Montlaur, Camarès, Camarès Saint-Michel, Belmont et Saint-Sernin.

Ils ont retrouvé pour la dernière fois la Compagnie Rassegna, dirigée par Bruno Allary, chanteur, guitariste, mais aussi les voix et instruments de Sylvie Paz, Carine Lotta et Fouad Didi, qu’ils ont rencontré le mois dernier à l’abbaye de Sylvanès lors du concert pédagogique « l’Arc de Cercle ».

Réécoutez un extrait du spectacle avec la chanson Milo Mou Kokkino, interprétée en choeur par la Compagnie Rassegna et les élèves :

 

Merci aux enseignantes, à Marine De Sola, à la Compagnie Rassegna et un grand bravo aux élèves qui ont su livrer une belle prestation dans l’acoustique exceptionnelle de l’église abbatiale !

Ce Projet « Chorale à l’Ecole » est initié par le Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès et co-construit en partenariat avec le Conservatoire à Rayonnement Départemental de l’Aveyron, le Département de l’Aveyron, avec le soutien de la Communauté des Communes Monts, Rance et Rougier, de l’Education Nationale et la DRAC Occitanie.

Le Jeune Orchestre baroque européen (Jobe) en résidence à l’abbaye

L’Abbaye de Sylvanès est fière de compter le Jeune Orchestre baroque européen (JOBE) parmi ses résidents artistiques.

Du 1er au 5 mai, la promotion 2023 du JOBE (Jeune Orchestre baroque européen) s’est réunie pour une première session de formation au CCR (Centre Culturel de Rencontre) de l’abbaye de Sylvanès, en compagnie de la directrice musicale Margaux Blanchard, assistée par Sylvain Sartre et Brice Sailly, et accompagnés de 5 chanteur talentueux: Heleen BONGENAAR (soprano), Eunice AGUIAR (soprano), Gaël LEFEVRE (alto), Paul BELMONTE (ténor), Jorge MARTINEZ ESCUTIA (baryton), et Lucien MOISSONNIER-BENERT (basse).

Le projet musical de cette résidence de formation professionnelle vise à produire un concert le 28 juillet à l’abbaye ainsi qu’une petite tournée. Les stagiaires travaillent sur l’opéra sacré « La Suzanna » d’Alessandro Stradella, un oratorio du XVIIe siècle qui requiert dynamisme et théâtralité dans l’interprétation. La dramaturgie est donc un élément important du travail, ainsi que la diction lyrique italienne, pour laquelle l’experte Floriana Pezzolo intervient. La Suzanna est l’histoire biblique d’une femme mariée qui refuse les avances de deux juges, qui décident alors de la juger en mentant. Heureusement, un justicier rétablit la vérité et prouve son innocence. Cette histoire riche en émotions permet aux stagiaires de développer leur interprétation musicale et théâtrale.

La particularité du JOBE est d’être la seule académie menée par un ensemble. Cela permet aux jeunes diplômés de bénéficier de l’expérience pratique de professionnels confirmés et de se confronter à la réalité du métier. La résidence de formation professionnelle est une initiative de l’ensemble Les Ombres, créée après la période du Covid pour aider les jeunes diplômés à accéder à un projet professionnel. La nouveauté cette année est que la promotion inclut des chanteurs, ce qui a tout de suite correspondu avec le CCR de Sylvanès, qui a une longue tradition de mise en valeur du chant.

Fondé en 1985 par le célèbre chef d’orchestre et claveciniste français, Jean-Christophe Frisch, le JOBE est un ensemble de musique baroque composé de jeunes musiciens professionnels européens âgés de 18 à 30 ans, sélectionnés parmi les meilleures écoles de musique du continent.

Le répertoire du JOBE est riche et varié, allant des œuvres les plus connues de compositeurs tels que Bach et Vivaldi aux pièces moins connues de compositeurs moins célèbres. Les membres du JOBE bénéficient d’une formation approfondie en musique baroque, travaillant avec des experts de renommée mondiale dans le domaine pour développer leurs compétences et leur technique. En plus de ses concerts à l’Abbaye de Sylvanès, le JOBE se produit dans des salles de concert et des festivals dans toute l’Europe.

Retrouvez le reportage en intégralité sur Youtube ici:

La deuxième session de formation se tiendra du 17 au 22 juillet et réunira l’ensemble de l’effectif (chanteurs et instrumentistes) à Uzès (Gard-France).

Hâte de les retrouver pour un concert le 28 juillet à l’abbaye, réservez vos billets dès maintenant !

Avec le soutien de la Fondation Orange