C’est reparti pour l’Ecole de l’Oralité !

Pour la seconde année consécutive, l’École de l’Oralité s’installe au collège Saint Michel de Belmont. Initié par le Centre culturel de rencontre et animé par trois artistes pédagogues reconnus, ce projet d’éducation artistique et culturelle propose une exploration de l’Occitanie en tant que terre d’accueil et de rencontres, en lien avec la thématique du dialogue des cultures si chère à l’Abbaye de Sylvanès.

 

Lors des premières interventions qui se sont déroulées en classe les 14, 15 et 16 février 2022, 40 élèves de 6e ont expérimenté tour à tour les trois disciplines artistiques qu’ils continueront à approfondir jusqu’au mois de juin :

Avec Emmanuel Bardon, directeur artistique et chanteur, les élèves ont commencé à apprendre deux chants séfarades et une chanson grecque. D’autres répertoires musicaux, issus de multiples influences, sont à venir.

Avec Ismaïl Mesbahi, percussionniste, les élèves ont pu s’exercer à la darbouka, au daf et aux karkabous, trois instruments traditionnels utilisés principalement au Maghreb et au Moyen Orient. Par la suite, ils fabriqueront une sorte de tambour en terre cuite appelée taârija, si possible en terre locale, bien sûr !

Avec Virginie Barjonnet, danseuse et chorégraphe, les élèves ont expérimenté divers rythmes et mouvements, accompagnés par les percussions jouées par leurs camarades. Par son approche originale, Virginie invite les élèves à utiliser leur corps dans l’espace avec leur personnalité, sans leur imposer de résultat final.

L’aboutissement de ce projet est une création artistique collective, qui sera présentée à l’Abbaye de Sylvanès le vendredi 17 juin 2022. Emmanuel Bardon insiste cependant sur le fait que dans ce type de projet, le plus important n’est pas la création en elle-même, mais le chemin qu’élèves et artistes parcourent ensemble, permettant d’apprendre à mieux se connaître et respecter au-delà des divers préjugés, stéréotypes et clivages.

En chaque enfant sommeille une graine de créativité artistique. Emmanuel, Virginie et Ismaïl sont là pour les arroser et leur permettre de grandir !

 

Merci à l’équipe enseignante du collège Saint Michel de Belmont-sur-Rance pour sa confiance et aux élèves pour leur spontanéité, leur énergie et leur joie !

En savoir plus sur l’École de l’Oralité 

La Belle et le Loup, opéra pop inédit !

Après le succès rencontré en 2018 et 2019 par le conte musical jeune public « La vie rêvée d’Alice », le Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès est à nouveau investi dans une aventure artistique et pédagogique inédite ! Le projet « La Belle et le Loup » co-produit avec  l’association  » Les Oreilles en éventail «  verra le jour en mai 2022.

Librement inspiré du conte traditionnel La Belle et la Bête, cet opéra pop composée par Cécile Veyrat sur un texte original de Marie-Chloé Pujol-Mohatta mettra en scène un chœur d’enfants aux côtés de 6 acteurs-chanteurs et 4 musiciens professionnels.

Véritables allégories de l’Homme (la Belle) et de la Nature (la Bête), les personnages de cette fable écologique nous invitent à nous questionner sur notre rapport à la nature, aux animaux et plus largement au vivant, afin de réinventer notre rapport au monde.

Dans l’Aveyron, deux classes de cycle 3 et 4 de Rodez (École élémentaire Cardaillac et Collège Jean Moulin) ont donc été associés au processus de création artistique et musicale.

Depuis novembre dernier, cette cinquantaine d’élèves bénéficient dans leurs établissements d’ ateliers de pratique vocale sous la direction de Cécile Veyrat. Jouant un rôle à part entière dans le spectacle, ce chœur vivant, mouvant, représentent tour à tour les rats de la ville ou les animaux de la forêt.

Le 8 février prochain, avec leurs enseignantes, ils rejoindront Sylvanès pour rencontrer toute l’équipe artistique en résidence dans les murs. L’occasion pour eux de répéter en live aux côtés des artistes professionnels les chansons apprises en classe et de travailler la mise en scène du spectacle avec la chorégraphe Silva Ricard.

Parmi les acteurs-chanteurs, on retrouve  :  Aimée de la Salle (la louve conteuse), Cécile Veyrat (la Belle), Delphine Mégret (la sœur cadette), Domitille Maillet (la sœur ainée), Michel Wolkowitsky (Le Loup), Stéphane Roux (le Père).

Et les musiciens Veronika Soboljevski (violoncelle, thérémine), Stéphane Dano (saxophone, flûte traversière), Yves Dupuis (piano), Bernard Jean (percussions).

Une représentation scolaire et une représentation publique clôtureront ce beau projet le mardi 10 mai 2022 à la Baleine à Onet-le-Château.

 

Commande de l’Abbaye de Sylvanès, ce projet est co-produit avec Les Oreilles en Eventail en partenariat avec Aveyron Culture dans le cadre de ses itinéraires d’éducation artistique. Il reçoit le soutien de l’Education Nationale et de la DRAC Occitanie. Ce projet est aussi mené en parallèle dans le Gard en co-production avec Paloma/SMAC de Nîmes Métropole et un chœur d’enfants de Nîmes et Quissac. Représentations scolaire et publique prévues le 10 juin 2022. 

Rencontre avec Christopher Gibert, compositeur

Originaire de Rocamadour, ce jeune organiste, chef de chœur et compositeur s’est produit l’été dernier dans le cadre du festival avec son chœur de chambre Dulci Jubilo. Il reviendra lors de la saison 2022 pour une commande du 45e Festival.

A 28 ans, votre vie musicale est déjà bien remplie. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Organiste à l’origine, j’ai étudié au conservatoire et à l’université en parallèle, aboutissant à un Master, un Diplôme d’Etat de professeur de musique, une licence d’interprète (DNSPM), un Prix d’analyse et un Prix de direction. J’ai eu la chance de croiser durant mes études des pédagogues inspirants qui m’ont construit et donné le goût du beau, la curiosité d’aller chercher une interprétation profonde et vraie. Je pense à Régine Théodoresco, Agnès Brosset, Gildas Pungier, Naji Hakim, Michel Bouvard, Rolandas Muleïka et tant d’autres professeurs bienveillants et passionnants.
J’ai fondé durant mes études le chœur Dulci Jubilo, devenu quelques années après un chœur de chambre professionnel. Mais je continue ce projet avec la même idée initiale : des artistes qui offrent leur talent à la musique, qui ont plaisir à partager leur passion du métier, et plaisir à se retrouver. Je porte une particulière attention à associer les voix de chacun en cohérence avec le répertoire abordé.

Christopher Gibert, Sylvanès 2021, © Marie Lamour

Comment êtes-vous arrivés à la composition ?
Par curiosité, envie d’expérimentation et par besoin de dire des choses grâce à la musique. Je n’ai pas suivi d’études supérieures en composition. J’ai en revanche fait mes classes d’écriture et de styles. Ma soif intarissable de découverte de répertoire, sans cesse à étudier, digérer, analyser, et les conseils amicaux de Naji Hakim, Patrick Burgan ou Thierry Escaich ont fait le reste.
En fait, je me conforme assez peu au modèle français du compositeur, qui dans la plupart des cas réalise des études spécialisées pour en faire son métier. Pour chercher une filiation, je me sens plus proche -par ma spécificité pour la composition chorale- de la lignée des organistes et chefs de chœurs anglais qui parallèlement à cela sont souvent des compositeurs très prolifiques.

A quand remonte votre première venue à Sylvanès ?
J’y suis venu, il y a quelques années chanter un Te Deum de Charpentier avec Antiphona, dirigé par Rolandas Muleïka. J’avais été séduit par ce lieu, assez isolé mais si vivant. Plus récemment, j’ai pu y passer quelques jours lors d’une résidence et j’ai été profondément touché par l’atmosphère positive et le calme de l’abbaye. C’est un lieu idéal pour s’épanouir artistiquement.

Comment avez-vous vécu votre concert donné cet été au festival ?
Un grand moment d’émotion, de communion avec les chanteurs, Thomas (l’organiste) et le public. Sylvanès est un lieu où l’on nous donne le temps de travailler, où l’accueil est serein et bienveillant. Toute l’équipe était ravie de ce moment, très intense ! Avec Thomas Ospital, nous avons aussi savouré ce moment en ayant le temps de travailler ensemble la veille, les choix de registrations de l’orgue.

Concert « Reflets croisés », août 2021, Festival de l’Abbaye de Sylvanès

Cela joue sur la subtilité du rapport entre l’instrument et le choeur. Souvent dans les festivals, les répétitions sont au lance pierre et ce temps là est très réduit voire inexistant. Nous nous faisons confiance, mais le travail est moins abouti avec autant de sérénité et d’assurance dans les équilibres.

Quelques mots sur votre projet de composition « Ode à l’Enfant Lumière » qui sera créé au festival le 7 août 2022 ?
Tout d’abord, je tiens à remercier Michel Wolkowitsky pour la confiance qu’il m’accorde dans la commande de cette oeuvre. « Ode à l’enfant lumière » est une cantate spirituelle dont le fil conducteur sont les textes lumineux de la messe de requiem. Ils sont mis en regard avec des poèmes, des textes hébreux et orthodoxes.
Mon idée est de construire à partir de cette source littéraire très riche un discours musical qui parle d’abord au coeur et à l’âme. Le choeur sera soutenu par l’orgue, un percussionniste et une harpe. Il y aura deux solistes, une voix de femme (soprano) et une voix d’enfant, plus fragile, plus pure encore. Cette fresque aux nombreuses couleurs de lumière sera mise en regard avec le fameux Requiem de Fauré, magnifique « berceuse de la mort » aux si tendres lignes et harmonies. Malgré la thématique aux apprêts tristes, je gage que ce programme et cette création seront marqués par l’espoir, la quiétude, la confiance et l’espérance.

 

Premier colloque André Gouzes

Plusieurs fois reporté pour cause de crise sanitaire, le colloque « Autour de l’oeuvre d’André Gouzes » a pu finalement se tenir à Sylvanès pour la Toussaint du 29 octobre au 1er novembre.

Michel Wolkowitsky voulait marquer de la sorte 50 ans d’amitié avec notre frère André depuis leur rencontre en 1970 au couvent de Toulouse et s’associer quelques grands témoins pour évoquer les sources théologiques et musicales de la Liturgie chorale du peuple de Dieu : le frère Henry Donneaud qui, le premier, a exploré la genèse de la Liturgie Tolosane à partir des archives de la Province dominicaine ; le violoncelliste Marcel Bardon, présent dès les premières « Musiques d’été » (1976) ; le journaliste René Poujol avec qui fut écrit Sylvanès, histoire d’une passion (1991), le Père Philipe Baud, le musicologue Frédéric Tavernier-Vellas, l’écrivaine Anne Soupa, tous fidèles des rendez-vous liturgiques annuels de l’abbaye sans oublier Béatrice Gaussorgues qui fait un patient travail de transmission sur le terrain.

 

Si chacun y est allé de son anecdote, il ressort surtout de ce colloque que le frère André, au-delà de son travail de compositeur, fut un passeur, « un conservateur de l’avenir » (A. Soupa), porteur d’une « vision du monde » inspirée, dont la clef serait « la Beauté offerte au plus grand nombre » (R. Poujol).

Ce premier colloque, prélude à d’autres rencontres, s’est achevé par un superbe programme musical Bach-Pergolèse avec les chanteuses Emilie Boudeau et Sophie Hanne accompagnées sur les grandes orgues de l’abbatiale par Henri-Franck Beaupérin. Conférences, ateliers de chant, célébrations ont rythmé cette Toussaint, sans oublier la projection d’un court métrage « Sylvanès, la rayonnante » réalisé en 2005, montrant un André Gouzes à l’enthousiasme toujours communicatif.
Comme celui du poète Guillevic qu’il aimait à citer, son chant ne faiblit pas car

« Le chant Insinue toujours
Qu’il est là
Pour le salut de ceux
Auxquels il se donne »

Frère Joël Boudaroua, o.p

Un recueil des interventions du colloque sera édité et disponible au cours du premier trimestre 2022. 

Une note joyeuse pour clôturer le festival !

La 44e édition du Festival de l’Abbaye de Sylvanès s’est achevée le dimanche 29 août dernier sur une note joyeuse, qui laissera aux cinq cents spectateurs venus remplir l’église abbatiale un souvenir impérissable.
Les artistes du Spirit Gospel Academy, tout d’abord, ont transmis leur bonne humeur et des énergies positives pour commencer sereinement cette soirée festive. Des voix chaudes accompagnées au piano, des musiques rythmées, aux influences multiples ont ravi les tympans du public. Le partage de ces sonorités d’Outre-Atlantique s’est trouvé enrichi par les anecdotes racontées par le leader du groupe autour des histoires des chansons interprétées.

Parfois d’un ton léger, ces récits nous rappellent néanmoins les origines plus sombres du Gospel qui, au même titre que le Blues, se développe au sein du peuple exploité afro-américain, en quête d’un avenir meilleur à travers la spiritualité. L’optimisme qui se dégage de cette musique montre que, en dépit de la cruauté du monde et de la bêtise humaine, la tolérance, le respect et l’ouverture sur l’autre ou sur l’ailleurs peuvent être des moyens d’échapper à nos souffrances, même les plus terribles. Un message réconfortant qui sied à merveille à l’abbaye de Sylvanès.

 

Afin de ne rien gâcher, la soirée s’est poursuivie par un repas champêtre dans la prairie de l’abbaye. Des producteurs locaux sont venus proposer des produits savoureux et variés. Frites, brochettes d’agneaux, crêpes… sans oublier la bière de la brasserie saint-affricaine, l’Astrolabe, ont satisfait les papilles de l’assemblée, qui a pu profiter des derniers rayons du soleil, présent tout au long de cette belle journée.
Enfin, à la nuit tombée, La Talvera a clôturé le bal trad’occitan ! Les festivaliers ont alors été invités à dépenser leurs calories, accumulées précédemment, à l’occasion de danses enjouées du pays au son du fifre, violon, clarinette, accordéon et cornemuse le tout dans une ambiance bon enfant.

Ainsi se termine cette belle aventure estivale, qui a su maintenir son cap malgré les épreuves qui ont jonché cette année 2021. La prochaine édition promet déjà des évènements tout aussi délicieux !
Mais avant cela, le Centre culturel de rencontre donne rendez-vous à petits et grands pour la 10e édition de Forêt en fête qui se déroulera du 17 au 19 septembre prochains !

Guillaume Sisiak

Sylvanès : de Jérusalem à Buenos Aires !

Ce dimanche 22 août, La Tempête a apporté un vent de fraîcheur sur son répertoire de chants sacrés et a emporté avec elle le public jusque sur le parvis de l’abbatiale de Sylvanès, où le concert s’est conclu sous les applaudissements et les regards pleins d’émotion des spectateurs.

Les chanteurs de la compagnie sous la direction de Simon-Pierre Bestion, accompagnés d’instrumentistes équipés d’instruments à vent au son chaleureux et de percussions, ont formé un ensemble vocale dynamique, se mouvant dans l’espace de l’abbatiale, se scindant parfois en petits groupes pour occuper des parties distinctes de l’église et jouant ainsi avec son acoustique. Le public s’est alors trouvé au milieu d’une scène inédite dessinée par les artistes et leurs nombreux déplacements.

Milena Jeliazkova et Georges Camil Abdallah, tous deux solistes en chants traditionnels, sont revenus, après s’être représentés l’avant-veille avec l’ensemble Balkanes, se joindre à la production. Les dix-huit artistes ont interprété des chants venus d’époques diverses, étalées du XIIe siècle à nos jours, dans des langues qui l’étaient tout autant, mettant en avant l’interculturalité de la ville sainte ici mise à l’honneur : Jérusalem.

Le gospel, joué en guise de bis, est venu rappeler la grande variété des genres qui gravitent autour de la musique sacrée. Un concert hors des sentiers battus qui nous prouve que cette musique a encore de beaux jours devant elle.

 

C’est un beau voyage vers l’Amérique du Sud et le tango nuevo qui nous a été proposé par le quatuor Caliente ce dimanche soir. Les quatre musiciens virtuoses – Michel Berrier au violon, Eric Chalan à la contrebasse, Lysandre Donoso au bandonéon, Cédric Lorel au piano – nous ont emmené par delà l’océan en installant une ambiance sensuelle et en nous emportant dans une vague de nostalgie, émotion caractéristique du tango.

Ces artistes passionnés ont bénéficié, afin d’ajouter encore davantage de charme à ce tableau artistique, de la présence des danseurs Céline Ruiz et Jérémy Braitbart, formant un couple de tanguero à l’élégance rare.

Les multiples rappels ont étiré le concert sur près de deux heures, le public ne semblait d’ailleurs pas vouloir partir, comme hypnotisé par la beauté de la prestation. Un plaisir pour les oreilles comme pour les yeux !

Guillaume Sisiak

 

Des Héroïnes à Combret

Le 44 e Festival de l’abbaye de Sylvanès a exporté le temps d’un soir, le mercredi 18 août dernier, quelques-uns de ses talentueux artistes vers l’église de Combret-sur-Rance. Ou peut être devrions nous dire quelques-unes, puisque, même si l’on retrouvait Eric Laur au clavecin, dont le talent n’est plus à prouver, ce sont ces dames qui ont été mises à l’honneur au travers du répertoire interprété.

Les sœurs Delphine et Shani Mégret, respectivement chanteuse et violoncelliste, s’en sont données à cœur joie pour nous dresser musicalement les portraits de personnages féminins, issues de conditions sociales diverses mais aux histoires et aux tempéraments toujours exceptionnelles, présents dans les opéras de Haendel et de Mozart. D’Alcina à Susanna, de Ginevra à Despina, la jeune soprano a magnifiquement incarné ces héroïnes, un vrai délice !

L’église de Combret, même si plus modeste que l’abbatiale de Sylvanès, a offert un cadre très charmant à un trio qui l’était tout autant. Nul doute que cette prestation de qualité restera dans les mémoires du public et que la collaboration avec la municipalité de cette petite cité de caractère et la dynamique Association musicale qui y est implanté sera reconduite !

Guillaume Sisiak

Le Festival marqué de l’empreinte « Al-Bașmá » !

Canticum Novum est venu apporter une ambiance chaleureuse, en cette fraîche soirée du 8 août, en nous transportant dans l’Espagne médiévale qui, du VIIIe au XVe siècle, fut un espace de brassage important entre les cultures chrétiennes, juives et arabo-musulmane.
Le répertoire interprété ce soir là, basé sur des chants et des poèmes de l’époque, nous rappelle cette interculturalité qui, encore aujourd’hui, résonne dans notre esprit lorsqu’on pense aux musiques hispaniques.

Les quinze musiciens, munies d’instruments traditionnels variés, sont pour la plupart des habitués de l’abbaye de Sylvanès. Le chanteur et directeur musicale du groupe, Emmanuel Bardon, y vient depuis son plus jeune âge. Il lui tenait donc à cœur, au cours de quelques apartés présentant son travail au public, de nous raconter ses aventures d’enfance au côté de son père Marcel Bardon, d’André Gouzes et de Michel Wolkowitsky, qui ont influencé son parcours de musicien.
Al-Basma, l’empreinte, trouve alors tout son sens à être jouer dans un centre culturel de rencontre comme notre abbaye !

Guillaume Sisiak

Marc Loopuyt, explorateur et créateur en musiques traditionnelles

Marc Loopuyt, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
On rougit toujours quand on doit se présenter soi-même ! (rires…) C’ est un peu difficile de trouver les mots pour résumer une saga musicale et humaine qui dure depuis plus de 50 ans ! En fait, j’ai toujours eu la chance d’avoir des éléments qui m’ont mis sur le chemin des musiques traditionnelles : instruments, voyages, séjours… et même tranches de vie.
Le premier élément mis sur ma route a été le flamenco, grâce à des immigrés andalous connus à Strasbourg et avec qui j’ai commencé la guitare. J’ai fait de multiples séjours en Andalousie pendant plus de 5 ans puis j’ai franchi le détroit de Gibraltar et j’ai passé 9 ans au Maroc : d’abord dans les montagnes chez les berbères, et ensuite à Fès, berceau de la musique arabo-andalouse.
Après le Maroc, je suis reparti en Turquie, où j’ai retrouvé la trace d’un grand maitre de luth oriental. J’y ai passé plusieurs années jusqu’à ce qu’il décède. Ensuite, je suis retourné en Orient, en Syrie et en Azerbaïdjan, dans le Caucase, pour travailler avec les gens dont la musique est la plus proche du chant des oiseaux.
Après tout ça, j’ai eu un poste de musique traditionnelle au conservatoire de Villeurbanne et j’ai continué parallèlement tous mes voyages et mes concerts. Désormais en retraite de ce poste de conservatoire, je suis dans un autre aspect de la musique universelle, dont les caractères correspondent d’ailleurs à la musique orientale : c’est le chant des oiseaux.
Ce qu’il faut souligner, c’est que tous les enseignements que j’ai reçus, en Espagne, au Maroc, en Turquie, en Azerbaïdjan etc se sont faits dans l’oralité ; c’est le passage direct de la musique, de celui qui connait à celui qui ne connait pas. Et donc tout ce que j’essaie de restituer passe également par l’oralité.

 

Le stage que vous animez du 10 au 13 août s’intitule « Chants de la Méditerranée : Danser et rythmer le chant », en quoi consiste-t-il ?
Il s’agit de faire fonctionner cette concomitance entre le chant et le rythme, qui manque souvent aux musiciens occidentaux qui sont passés par les conservatoires et donc essentiellement par l’écriture. Ils ont une conception du rythme pointilliste et géométrique, alors que pour les orientaux, le rythme est en phase avec la respiration profonde.
Pour apprendre les musiques de la Méditerranée, on doit apprendre le rythme en passant par la danse, par la respiration, par le corps… C’est cette conjonction-là entre le rythme profond qui soutient le chant que j’enseigne. Ça concerne des pièces du flamenco léger, les musiques de l’Afrique du Nord, de Turquie, certaines musiques arabes du Proche-Orient, de l’Azerbaïdjan, etc… et chaque fois c’est le même principe.


En plus, il y a un autre aspect qui est important dans le stage, c’est le fait que c’est un enseignement collectif : cela donne une force et une incrustation dans la mémoire qui est très particulière. On travaille toujours en cercle, parce qu’il y a quelque chose de magique dans la transmission. Dans ce cercle on est tour à tour assis, en train de chanter, debout, en train de danser et de chanter. Il y a aussi l’enseignement du tambourin et tout cet apprentissage débouche sur l’improvisation.
En résumé, le contenu du stage c’est : oralité collective, rythme et improvisation. C’est l’idée de renforcer l’équilibre rythmique dans la pratique des chanteurs.

Quel est le profil des stagiaires ?
Dans les profils, il y a des gens qui ont fait de la musique en conservatoire, des gens qui n’en ont pas fait, des gens qui chantonnent comme un oiseau sur leur branche, ou des gens qui ont une technique instrumentale.
Les points communs des stagiaires, c’est leur détermination et leur recherche de retour au naturel.
La détermination existe chez des personnes qui ont des profils très différents. J’ai des élèves qui viennent de l’académie, des conservatoires et qui manquent quelquefois de continuité, de souffle et de fluidité. Dans mon stage, on n’utilise pas l’écriture, ni la lecture du solfège : la musique traditionnelle s’enseigne comme vous-même avez appris à parler le français. Quand vous étiez bébé, on ne vous a pas assommé avec l’alphabet écrit, vous avez appris à parler par imprégnation. Cette idée fait partie de l’enseignement des musiques traditionnelles et ça concerne tout le monde. Il y a un aspect d’enfance. L’enfant a une réceptivité et quand il est heureux il danse, il a un sens rythmique. Donc le second point du profil, c’est un retour au naturel.

Quel est l’âge des stagiaires que vous avez déjà eu à Sylvanès ?
On a déjà eu des personnes de 20 à 75 ans ! Cela m’est déjà arrivé de faire travailler des générations différentes en même temps et ça ne pose aucun problème. Parce que quelque part, par exemple pour de jeunes enfants ou adolescents, on peut faire ressurgir une spontanéité qui rafraîchit complètement la psychologie d’un groupe.

Plus de renseignements sur ce stage du 10 au 13 août à Sylvanès.

 

Un mot sur ce lieu  : l’abbaye de Sylvanès que vous connaissez bien ?

Il y a 2 endroits qui sont déterminants pour moi :
• le scriptorium, quand je peux y travailler, on est tellement bien que les élèves ne veulent pas le quitter le soir ; on fait des fois 6-7h de musique dans la journée alors qu’il y en avait 5 d’annoncées ! Dans l’architecture du scriptorium, il y a vraiment quelque chose de merveilleux !
l’église abbatiale où j’ai fait plusieurs concerts avec des formules variées, qui vont de 1 à 8 ou 9 musiciens. Un spectacle qui a beaucoup compté pour moi, c’était il y a quelques années déjà, « Les deux Andalousies », sur les musiques des deux rives du détroit de Gibraltar, puisque j’ai vécu des deux côtés.

Les deux Andalousies , juillet 2017, Festival de l’Abbaye de Sylvanès © Orlane Fougeroux

 

Interview réalisé par Chloé Avoiron, stagiaire au service communication

Une ovation pour les Curious Bards !

« C’est comme les Marvel, il faut rester jusqu’au bout » remarque le jeune Enzo alors que les Curious Bard remontent une troisième fois sur scène sous les applaudissements d’un public, conquis par leur prestation et qui en redemande…

Cette deuxième soirée musicale, de la 44e édition du festival de l’abbaye de Sylvanès, s’est achevée dimanche 18 juillet après une longue ovation des Curious Bards qui ont, grâce à leur passion et leur soif de transmettre, su remporter l’adhésion du public.
La complicité entre artistes et spectateurs s’est installée dès la fin du premier morceau, une suite de trois airs irlandais. Pour ce faire, le violoniste du groupe, Alix Boivert, par des interventions ponctuelles lors du concert, a fait preuve de pédagogie pour expliquer le travail du groupe, qui interprète un répertoire issu de la musique gaélique du XVIIIe siècle, et conter les petites histoires autour des musiques d’Irlande et d’Écosse.

Dans un soucis de respect de l’époque d’origine des airs et chansons de ce répertoire, auxquelles s’est jointe à certaines occasions la voix de la pétillante Ilektra Platiopoulou, des instruments atypiques sont utilisés. Ainsi, harpe triple, viole de gambe, flûte traversière en bois, « penny whistle » et cistre se répondent et s’accordent en parfaite harmonie, en profitant de l’acoustique exceptionnelle de l’église abbatiale.
Dans un contexte sanitaire qui tend à nous replier sur nous-même, il est rafraîchissant d’entendre ces musiques d’ailleurs qui nous permettent de nous évader un instant et nous transportent dans le temps et le monde.

Guillaume Sisiak